(f/libre) JESSICA SIKOSEK

ALVARO MANTEGNA. Il était censé n'être qu'une mission. Trouver des preuves de ses commerces parallèles, lui faire avouer la vérité sur sa famille, l'envoyer en prison. C'était simple et Manoa pensait que ce serait vite fait. Elle a forcé le destin, est devenue son amie, sans doute la plus proche de toutes. Elle s'est insinuée dans sa vie, a cherché à le faire parler ... Mais s'est surtout prise à son propre jeu. Alvaro lui fait découvrir un monde qu'elle détestait mais qu'elle apprécie de plus en plus. Avec lui, elle n'a pas l'impression d'être juste la petite fille modèle et polie. Avec lui elle boit, fume, passe des soirées à écouter des petits concerts dans des bars mal fréquentés, regarde des films allongée dans son lit, le provoque, tente par tous les moyens de le rendre jaloux. Et il faut bien constater que la magie opère parfaitement, en sens inverse. Elle tombe lentement mais sûrement amoureuse, s'accroche à ce garçon qu'elle n'est plus sûre de vouloir envoyer en prison. Il s'évertue à lui prouver qu'il est quelqu'un de bien et même si elle a la ferme conviction du contraire, elle n'arrive plus à vouloir le descendre. Manoa ne s'est jamais sentie aussi vivante que depuis qu'elle l'a rencontré, méchante fille qui pourrait prendre un peu trop facilement goût aux ténèbres. Elle craint qu'il ne découvre la vérité et la chasse de sa vie à tout jamais; Alvaro n'a pas plus envie que Manoa découvre qu'il trafique des organes humains et dirige avec sa famille un réseau de prostitution. Relation vouée à l'échec, amour fleurissant et superbe dans l'horreur d'un monde terrible qui les dépasse complètement. Après tout, ils ne sont que des enfants.

LEONE DUCCIO. « Dégage » première rencontre. « Je me débrouille seul », seconde rencontre. « Tu m’aides ? », la troisième. Il git, carcasse abandonnée, perforée de trois balles. Elle observe, elle reconnaît l’arme, propre au gouvernement. Elle l’aide. Trois fois elle le croise, trois fois elle lui sauve la vie. Trois fois en une année. Ils ne se parlent qu’à ces moments là, lorsqu’il s'égare sur la route de la mort. Elle aurait pu donner un coup de pied et le laisser mourir, mais c’est la curiosité, et peut-être l’idée qu’il puisse être utile, lui le colosse maladroit. Un homme du gouvernement dans la poche, c’est ce qu’elle voit. Une dette qu’il lui doit. Une dette de vie qu’elle utilisera plus tard. Entente cordiale. Leone la protège lorsqu’elle tourne le dos.