(f/libre) CHLOE MORETZ

MADS HENSTRIDGE - Cette femme, grande, élancée, les cheveux aux tons châtains et parfois dorés, elle l'a rencontré longtemps après sa naissance, quand le père Henstridge trépassa et qu'elle fut invitée à l'enterrement, il y a six ans. Elle se souvient, de cette carrure, de cette silhouette dont elle avait parfois entendu parler entre deux critiques de son paternel, lorsqu'il disait qu'il aurait peut-être mieux fait de rester en Angleterre avec son ancienne épouse et cette fameuse Mads. Cette dernière ne lui avait lancé qu'un simple regard alors qu'elle se trouvait dans la foule d'invités, elle n'avait pas daigné la rejoindre, lui parler. Peut-être qu'à cet instant, Mads ne savait pas qu'elle observait d'un œil farouche une demi-soeur dont elle ne connaissait rien. Ce n'est que plus tard dans la soirée qu'elle la rejoignit. Mads, l'asociale, Mads, qui utilise les mots pour blesser et non pour réconforter. Elle fit de son mieux pour Beth. Et vous savez ce que cette enfant lui a répondu, alors qu'elle cherchait les termes adéquats pour la soutenir ? « De toute façon, ce n'était qu'un figurant dans cette famille. Il n'a jamais été là. » Mads, qui longtemps avait envié la famille que son père avait rejoint en Italie, se retrouvait là, comme avec un poids en moins. Comme si elle était soulagée du fait que son paternel n'ait pas été là pour ces deux autres enfants. Depuis lors, c'est une relation des plus étranges qui anime le contact entre Beth et Mads. Si l'aînée n'a jamais cherché à s'introduire dans la vie de sa demi-sœur, depuis un an, elle peut voir le comportement de Beth changer du tout au tout. Alors qu'auparavant elle ne se parlait qu'occasionnellement, Mads avait désormais l'habitude de voir passer cette poupée au seuil de sa porte. Plusieurs fois même, Beth lui demanda de se présenter dans son établissement scolaire comme étant sa représentante légale, notamment lors de réunions ou de rendez-vous avec les professeurs pour expliquer le nombre important d'absence. Mads, ça l'amuse plus qu'autre chose et lorsqu'elle demande ce qu'il se passe, car elle voit très bien qu'il y a quelque chose dans le décor qui cloche, ce ne sont que des esquives aux interrogations qui lui sont données.

TERENZIO HENSTRIDGE (scénario) - Ils n'ont jamais été proche et l'un comme l'autre, ils ne savent pas pourquoi. Alors que Beth se trouve aujourd'hui dans un pétrin qui lui arrive jusqu'au cou, elle n'ose pas lui demander une quelconque aide. Pourquoi ? Parce qu'il est déjà celui qui paie les frais d'hospitalisation de la génitrice et qu'elle ne peut pas, ne veut pas être un fardeau pour lui. Elle ne veut pas qu'il la haïsse alors que leur relation n'a jamais été l'une des plus joyeuses, des plus florissantes. Ils ne savent pas pourquoi, mais ils ne se sont jamais réellement parlés. Les deux blâment cet écart d'âge de dix ans, le fait qu'ils n'aient pas le même sexe, qu'ils n'aient apparemment rien en commun si ce n'est les mêmes parents. Pourtant, sous ces airs indifférents, Terenzio essaie de veiller sur sa jeune sœur. Il a du mal à passer du temps avec elle, il a du mal mais il essaie vainement entre ses heures de boulots. Il se prive parfois de ses heures de sommeil pour lui rendre visite dans ce logement miteux et souvent, il ne la croise pas, ne voit pas cette silhouette qu'il veut pourtant protéger. Intérieurement, il se dit qu'elle doit être de sortie, avec des amis, qu'elle profite de sa jeunesse et qu'elle ne voudrait sûrement pas l'avoir coller aux basques. Et la réalité est si différente, si blessante et horrifiante. Quand elle n'est pas là, c'est qu'elle est au bordel. A travailler, à exercer. Lui, il n'est pas conscient de cette histoire, il ne sait pas qu'elle est fauché, qu'elle doit de l'argent à tellement de monde et notamment aux dealers.