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| l'éclatant désastre (iride) | |
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| Sujet: l'éclatant désastre (iride) Sam 5 Sep - 22:56 | |
| L'ECLATANT DESASTRE Je suis dans un de ces jours où je n'ai jamais eu d'avenir. Il n'y a qu'un présent immobile entouré d'un mur d'angoisse.
Ténèbres enveloppantes, drapé élégant d'obscurité pâteuse. Elle est partout la douce nuit, et la lune elle-même a préféré s'en cacher. Le laissant seul, l'infortuné, avec les démons et les relents fétides de quelque survivance du passé. Noyé dans l'ombre, prêt à en crever, il ne pense plus qu'à l'ange qu'il aimerait convoquer. Réquisitionner. Primo débarrasse d'une pichenette mentale les soucis d'antan, visages qu'il préfère voir anéantis d'oubli qu'imposés ainsi à son souvenir sans défense. Songe à la propriété qui dort, belle et toute auréolée de grâce, quelque part dans une des chambres du palais. Sommeil, Palais. C'est la même chose, Prison dorée dont il va la tirer, là maintenant. Les dernières pluies d'été pleurent la fin des chaleurs affligeantes, chantent leur chute dans un clapotis régulier et. Rassurant.Rien n'a jamais calmé Primo comme la pluie. Rien, avant que ne se pointe ce défi ô combien alléchant, celui d'entrer de force dans le cœur de cette enfant fuyarde. Et tant pis si, pour ce faire, le masque du mensonge et de la manipulation est nécessaire. -Halte, votre carte s'il vous plaît.Primo s'exécute, dégaine le pass et le dévoile au regard du gardien. Hochement de tête, laisser-passer. C'est qu'ils se connaissent bien sûr, simple formalité qui ne peut que ravir un esprit aussi organisé et pragmatique que le sien. Les portes passées, les couloirs délassés et avalées à grandes enjambées, la porte se dresse finalement devant lui. Obstacle infime entre lui et elle qu'il néglige et zappe d'un geste, sans prendre la peine de frapper, ni de s'annoncer. Il est simplement là, maintenant, devant les filles qui se redressent brusquement. Comme interloquées elle le matent, mais de surprise, nulle n'apparaît sur leurs faciès poupins. Les deux se ressemblent curieusement, la petite et la grande, et leurs grands cils de biche qui battent les paupières, chassant le sommeil installé quelques heures plus tôt. Regard à peine accordé à Saskia, qu'il blesse d'un vague sourire aussi vite envolé alors qu'il se tourne vers Iride. Sa chose, son ange, sa rédemption.Fais de ma nuit quelque chose de beau. Fais de ma vie quelque chose de supportable. -Iride, debout. On s'en va.L'ordre cingle l'air et brise le silence cotonneux qui régnait dans la chambre, viole le calme des ténèbres ensorcelantes. Les ténèbres le rendront fou à lier, lui qui valse à chaque coucher de soleil avec sa solitude si grande, si dévorante. Il a besoin d'elle.Primo décampe, laisse à l'enfant le temps d'enfiler rien de plus qu'une paire de chaussures. Allons Primo, un peu de douceur. Un peu de délicatesse, il faut de l'art pour manier l'attachement d'une gosse mal (re)conditionnée. Le bruissement doux d'Iride fait suite au sien, assuré, déterminé. Mais trop rapide pour la réticence criante qui émane d'elle. Il s'arrête, tend une main en sa direction, conciliant, presque aimable. -Viens, ne t'inquiètes pas. Je n'ai rien de désagréable à te faire faire même si, je sais que peu de choses te rebutent.Simple constatation partagée entre l'appréciation pure et simple, et l'étonnement teinté d'effroi. Effroi brimé, ignoré. -On sort, ce soir. Ça ne t'ennuie pas ? Demande-t-il obligeamment à l'enfant, saluant du chef un gardien passant par la. Le regard du curieux s'attarde un instant sur le duo, puis se dissout lorsque la silhouette s'évanouit au détour d'un couloir. Il baisse les yeux, enfin. Se laissant aller à l'observation de la belle, glaciale et inexpressive. Au loin se dessinent déjà les arches du paradis perdu, promesse d'une liberté amoindrie et surveillée. Au delà de ces portes Iride, tu verras le monde tel que je vais te le montrer, loin des exécutions et du sang des damnés. C'est une brèche vers l'exil, oublies l'ennui du Palais et des âmes meurtries, saccagées. |
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Iride Vajna
| Sujet: Re: l'éclatant désastre (iride) Dim 6 Sep - 17:24 | |
| L'ECLATANT DESASTRE Le monde n'est beau qu'à cinq heures du matin. Les couleurs de la nuit se mêlent aux armes de l'aube.
Figée, en l'air, sur le point de reprendre sa course. La main d'Iride, dont les doigts suivaient la cambrure de la tasse en porcelaine, n'étaient plus que les jouets d'une pause dans le temps, dés l'instant où la porte de la chambre fût ouverte. Le liquide ambré ne reflétait plus aucun sourire, et ses yeux avait quitté ceux de son amie assise en face d'elle pour se tourner vers l'homme qui venait de faire intrusion en ces lieux. Elle ne s'attendait pas à cela. Saskia non plus. Les deux âmes alliées étaient toutes deux heureuses de partager un moment ensemble, loin des balles. Un simple tête-à-tête gorgé de thé et de gâteaux à la cannelle. Infusions, à défaut d'effusions. Primo représentait ce monde qui la rattachait à la réalité. Le thé et les biscuits, les rires et les caresses, tout ça, ce n'était bon que pour l'oubli. L'ailleurs, le calme. Le rêve. Lui, c'était un autre aspect de la vie de la jeune femme. Plus concret. Moins abstrait. Beaucoup plus dur. « Iride, débout. On s'en va. »Pourquoi le dire ? Son ton de voix ne souffrait pas à la discussion, et aussi simplement que l'on brise un mug, il venait de faire cesser la route du rêve enfoui. Iride jeta un dernier regard à sa petite sœur, petite enfant de cœur abîmé, avant de se lever et de le suivre. Sur la table ne restait qu'un gâteau à moitié mangé et une demi-tasse d'Earl Grey refroidissant. Seuls. Dans l'ombre du dos de son Fratello, Iride se laissait aller au silence. Elle avait tenté de comprendre, elle, l'ange que l'on sacrifie lorsque les tirs demandent à se plonger entre des les plis de peau, mais c'était peine perdue. Sa peine, perdue. Romano subsistait. Avant lui, avant l'heure, elle n'était que poupée de paille au front désarmé. Et aujourd'hui, elle n'est qu'aux prises d'une valse d'un fantôme, dont elle ignore les tenants et les aboutissants. Mais dont elle se grise. Forte.Timidement, son regard se leva vers celui de Primo, qui lui intima avec une certaine douceur qu'elle serait privée de choses horribles pour cette nuit-là. Ce qui, quelque part, ne la rassurait pas plus que ça. Avec Primo, elle n'avait partagé qu'une intimité relative, liée aux assassinats et aux ordres nébuleux de missions contre la gente criminelle. Entre eux, ce n'était qu'un pacte de sang, de maître à élève, conclu au-dessus du premier cadavre qu'elle créa pour lui quelques mois plus tôt. Ce n'était pas normal qu'il veuille autre chose. Elle n'était pas prête. Impossible pour la jeune enfant d'avoir un nouveau Frère, un nouvel accueil aussi doux que fût celui de Romano. Lui qui lui montrait ces jeux, ces tableaux, ces images d'un monde qu'elle ne soupçonnait plus... Le sang, à eux deux, faisait parti d'un tout. Aux côtés du nouvel homme, elle avait l'impression qu'il s'agissait davantage d'un univers hostile. Froide. Calculé. Pourrait-elle y arriver ? A s'accorder ? Produire une mélodie semblable à celle qui animait ses jours d'antan ? Ses interrogations furent à nouveau chamboulées lorsque la voix de nouveau partenaire résonna à son encontre, la poussant à fuir ses pensées dans un léger bruit de surprise, une petite voix étranglée de surprise. Mais, bientôt, cette innocence spontanée quitta son visage pour venir céder sa place à une expression plus dure. Elle n'osait pas. Afficher devant Primo une palette de sentiments semblable à celle qu'elle pouvait donner à ses congénères du Palais était un exercice trop difficile. Pour l'instant. « Je... vous obéis. Si vous dites que nous sortons, nous sortons... Je n'ai pas mon mot à dire. »Et pourtant. Malgré toute la logique implacable et l'aspect mécanique de sa réponse, on pouvait y déceler une sorte d'insolence. Comme une échappatoire. Iride sait qu'elle est condamnée à servir, mais si elle ne peut être quelqu'un d'autre, alors ses mots seraient ses messagers. Ils trahiraient ses émotions profondes sans pour autant la trahir elle, car, avide de vide et de liberté, l'hirondelle se brisera les ailes sans ménagement. Qu'importe les paroles inaudibles, rancunières, qui couleront le long de ses lèvres. Le portail se libère alors. L'air change, plus frais, plus humide. Plus dru et violent que le cocon dont elle a l'habitude. Au dehors, les lumières des réverbères et des phares de voitures piquèrent ses rétines, la poussant à fermer les yeux si fort qu'elle s'en fit plus mal encore. Mais, l'instant la fit réaliser qu'il s'agissait de sa première sortie anodine depuis un bon moment. Peut-être même depuis la disparition de Romano, elle ne savait plus. Cette pensée causa un battement de cœur plus fort que les autres, et ses joues se rosirent à l'idée que, cette nuit, elle ne serait pas une tueuse. Tout au plus qu'une gamine en guenilles déguisée en agneau. Aux côtés du loup, duo de braise, de fadaises et de mensonges. Sa voix se dénoue alors, prompt à la curiosité. A ce que Primo attend d'elle et ce qu'il peut lui montrer. « Où va-t-on alors, monsieur ? »La distance est conservée dans cette appelation, rejet inconscient. Elle reste plus jeune, impressionnée, incapable de le rendre tangible. De le nommer. De le rendre vivant, au sein de ses univers confrontés. |
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Invité
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| Sujet: Re: l'éclatant désastre (iride) Sam 31 Oct - 17:49 | |
| L'ECLATANT DESASTRE Je suis dans un de ces jours où je n'ai jamais eu d'avenir. Il n'y a qu'un présent immobile entouré d'un mur d'angoisse.
Ou va-t-on, oui, ou vas-tu Primo, dans quel désastre t'embourbes-tu, traînant à ta suite cette innocente que tu mets tant d'acharnement à briser ? A briser. A aimer.C'est du pareil au même, lorsqu'il s'agit des armes humaines. -Je t'emmène dans le quartier de la Seigneurie. Tu connais j'en suis sûr.Sans doute pas plus que de nom, que de loin, le regard brillant apposé sur des bâtiments hors d'atteinte. Ces édifices, rien d'autre qu'une utopie, un rêve peut-être bien caché en son sein. Qu'en sait-il, lui. Il ne lui a jamais rien demandé, si ce n'était de tuer pour lui. Tu tueras pour moi.
Destin funeste d'une enfant brisée trop jeune. Tirée trop tôt du berceau, gamine faite femme, humaine faite arme, modelée selon ses sombres désirs, ses idéaux terribles. Primo claque du doigt ; hé toi là bas.Il quémande, impose qu'on lui ramène sa voiture. Vire le chauffeur d'un geste inquisiteur. Et il la couvre du regard, de nouveau. Cisaille des yeux les traits familiers, infâmie à en taillader le cœur, tant de beauté. À s'en damner. À en demander, presque, qu'elle le tue sur le champ, puisqu'il ne saurait vivre sans. Sans elle qui fuit, qui s'enfuit, qui le refuse, sans excuse. Il ne saurait l'accepter. Y survivre. Du pouce, il effleure le velours de sa joue. Dégage une mèche d'or de son visage. -Monte dans la voiture, Iride.C'est que Primo n'est pas habitué aux s'il te plaît. Il impose, jamais ne demande. C'est que les refus n'ont pas leur place. Lui-même prend place derrière le volant, glisse un billet au chauffer : il retrouvera son chemin seul, à pied, en taxi, qu'importe. Cette nuit la route est à lui. Sous les lumières crasses des lampadaires qui agressent, qui blessent la nuit d'encre, les larmes du ciel s'écrasant silencieusement sur l'habitacle feutré. Les respirations s'amplifient. Prennent leurs aises dans ce silence aguerri. Iride ne pipe jamais plus que nécessaire. Ça l'exaspère. -Et cesse de m'appeler Monsieur, Iride. Moi c'est Primo.Requête informulée ; appelle-moi Primo, Iride. Dans le fond, il sait pourquoi elle s'obstine à ne pas le nommer : il y a encore l'autre, Romao, ou son souvenir, qui la force à le repousser. La route défile. Rues désertées, quelques rares badauds délaissés eux aussi, à l'insomnie forcée. Et la fatigue l'oubliait, encore une fois. Des heures. Des jours. Des mois. Ponctués de rares épisodes somnolents, jamais plus. Désespérant.Et le silence les englobe une fois encore. Jusqu'à la toute fin, jusqu'à l'arrêt du véhicule. Devant les portes de chez lui. Chez lui. Deux mots qui ne trouvent plus aucune résonance particulière à ses oreilles. Les portières claquent, l'enfant frissonne sous la pluie et le vent. Il ne cherche plus son regard. De quoi as-tu peur d'y voir ? La peur elle-même, tapie dans l'ombre de ses iris clairs. La peur n'a pas sa place cette nuit, ma douce. Tu trouveras ton salut auprès de moi, laisse-moi te le promettre. Il la guide ; les quelques marches, le hall immense, le marbre que foulent leurs pieds. L'ascendeur qui les fait monter un peu plus haut, presque au sommet. Il sort les clefs. La porte s'ouvre sans un bruit. L'antre du monstre toute dévoilée aux yeux de sa propriété. -Je t'en prie, entre. Bienvenue chez toi. |
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