les jolis parterres de fleurs

un. Daphnis Lazarus n'existe que depuis cinq ans. Avant il n'était rien, il n'était personne, et son existence ne faisait ni chaud ni froid à la population. il n'était ni Daphnis, ni Lazarus. Il était juste un gamin des rues, que l'on essaye de contenir dans une pièce dont les murs se fissurent, avec les odeurs de cuisine et d'humidité. De cette ancienne vie, il ne veut plus en voir la trace, nulle part. Il est autre, comme sorti de nulle part, tout droit descendu d'un lieu inconnu. Evidemment, sa connaissance prodigieuse des rues de Florence met la puce à l'oreille sur ses origines, le gamin n'a bien du connaître que cette ville. deux. Daphnis Lazarus joue sur deux plans avec complaisance. Il se fait le gamin sérieux, avec des études, des habitudes normales et des amis normaux. Le jour, il est ce que tout le monde attend d'un jeune homme de vingt-deux ans. Mais il ment. Il ne va pas en cours, il traine la journée, et s'il lit, ce n'est jamais pour les cours, auquels il n'a jamais assisté. Sa vraie vie se passe la nuit, celle sur laquelle il ne ment pas. Cette vie où il s'offre de personne en personne, avec amour et plaisir. Cette vie où son joli minois fait fureur et où son air polisson fait languir. trois. Daphnis Lazarus semble s'y connaître très bien en trafique de drogue et en plaisir charnel, mais à vrai dire, il ment beaucoup. Ce n'est que du bluff, que de la poudre aux yeux, et une grosse dose d'impertinence. Il sait que par le discours on peut faire croire ce que l'on veut, même que l'on est un très bon petit mafieux en herbe, alors que c'est assez faux. Parce que sans ses discours et ses fréquentations, c'est un gosse comme un autre, avec des idéaux et des petites vulnérabilités indélébiles. C'est un gros innocent naïf en puissance qui se frotte avec insouciance à plus grand que lui, le sourire aux lèvres. quatre. Daphnis Lazarus a un train de vie de petit prince depuis quelques temps, comme s'il gagnait des pépites. Elles sortent de nulle part toutes ses pièces qu'il fait scintiller et qu'il dépense sans compter. Elles sortent de nulle part et lui font perdre la tête lentement mais sûrement. Parce qu'il n'a pas l'habitude de tout ce faste, parce qu'il ne connait pas les limites de l'opulence une fois qu'il y a pris goût, et que le retour à la normale risque d'être peu sympathique. cinq. Daphnis Lazarus connait les rues, mais ce qu'il y connait le plus, ce sont les gens. Il est toujours assez incroyable de se promener à ses côtés, on a l'impression qu'il salue tout le monde et que tout le monde le salue. C'est seulement quand on y regarde de plus près qu'on remarque la diversité des personnes qu'il connait, et là, on ne comprend plus rien. Que ce soit la grand mère du bout de la rue, ou le gars étrange du sixième étage, il a le même sourire pour tout le monde. Et c'est seulement en le connaissant très bien que l'on peut faire la distinction entre les personnes qu'il apprécie vraiment et les gens qui sont sujet à son hypocrisie bien dosée. Et monsieur s'avère plutôt exigeant. six. Daphnis Lazarus ment même sur son attitude. Il prend des airs de grand prince décomplexé, sans aucun problème avec le sexe, la drogue, la débauche, la violence, le plaisir. Et au fond, c'est peut-être vrai que ça lui passe totalement par dessus la tête, les concepts de vertu et de bienséance. Mais par contre, il n'est pas si désinvolte qu'il veut bien le faire croire. C'est un angoissé, un gosse perdu qui ne sait pas ce qu'il fait et qui s'en inquiète à chaque fois, au fond de son lit, entre quatre et six heures du matin. Il a des sueurs froides sous sa douche et des montées d'adrénaline quand le soleil se couche. Il angoisse toujours, à chaque instant et parfois il s'oublie, mais c'est plutôt rare. Il angoisse et il sourit encore, pour donner le change, parce que sa vie c'est ça maintenant, et que bizarrement, il se persuade qu'il l'a choisi. sept. Daphnis Lazarus ne pourrait probablement pas faire autre chose que ce qu'il fait déjà pour la simple et très bonne raison que ce n'est pas un vrai dégourdi comme on les connait. Il ne s'est rien faire de ses dix doigts, est un fainéant fini pour nombre de tâches pourtant aisées pour les autres, et surtout il vit dans une indifférence assez affligeante pour la vie en général. Et c'est peut-être la faute à sa vie dans la rue, même si c'est paradoxale, ou c'est peut-être parce qu'il a trouvé la chose la plus facile à lui pour se faire une place dans la société. Et c'est peut-être dégradant pour les autres, mais lui il s'en fout. huit.On ne sait pas trop si personne ne connait Daphnis depuis longtemps, ou si la plupart des gens font comme si il était venu de nulle part en jouant son jeu. Ou alors il a réellement changé de milieu. Personne ne sait, et peut-être que tout est faux. neuf. La seule chose qui semble rester de sa vie d'avant c'est un malheureux chat, grand mais rachitique, que Daphnis chérit de façon un tant soi peu compulsive. On le voit toujours dans les pâtes de son maître, ou alors à l'attendre en face de l'immeuble de son maître, un endroit miteux, bizarrement. dix. Et peut-être que Daphnis c'est vraiment lui, qu'il n'y a pas de mensonge.

La musique remplit l'appartement. Il écoute trop fort et se fout bien de ce que son voisin peut penser du fond sonore. C'est trash et c'est grésillant, c'est même mauvais comme son. Il le sait et pourtant il écoute encore, juste parce que ça fait du bien de s'agresser les tympans de temps en temps. Ou alors il n'a pas de goût, allez savoir, le petit est un mystère même pour lui. Il est nu, évidemment, il se préfère nu, c'est comme ça. Il ne se trouve beau que comme ça, et encore, il se trouve beau plutôt le matin, au réveil, les traits figés, les yeux brillant et la moue endormie. Il voit là le vrai soi dans toute sa splendeur, et il s'aime comme ça, paradoxalement. Mais là c'est la nuit, et il ne cherche plus à savoir s'il est beau ou non. Le client, ou la cliente, qu'importe, vient de partir, laissant en souvenir un fort parfum de corps. Il n'ira pas se doucher tout de suite, parfois il ne sait plus trop à quoi sert l'hygiène alors qu'il sait très bien que le lendemain à nouveau son corps sera transpirant et sale.

Et comme pour le sortir de cette décadence délectable, son chat vient s'asseoir fièrement sur son ventre, le regardant de ses deux yeux, comme dénonçant tout ce qu'il y a à dénoncer. Un bouge tes fesses très poli. Daphnis pouffe, ça le fait rire les manières de ce chat. Mais il se lève quand même et consent à prendre sa douche, juste pour ne pas froisser la bête. Ce soir il ne partira pas encore à la chasse, il a eu une proie, et c'était bien. Ca suffit pour ses envies et pour son porte-monnaie. Sous l'eau, il sifflote. Il ne pense plus aux lendemains, si au jour présent. Daphnis ne pense plus passer une certaine heure, quand il fait nuit et qu'il est cet insolent. Mais ce Daphnis là ne connaît personne. Ce Daphnis là n'a que son chat. Il sort de la douche et se balade toujours dans le plus simple appareil. Même la voisine d'en face ne le regarde plus, ne le dévore plus du regard, elle a trop l'habitude de ses formes. Elle se permet même de dire qu'il a maigri, à travers la fenêtre, sans même un sourire coquin.

Il se glisse dans son lit. Il ferme les yeux et son chat vient se coller à sa joue, l'étouffant à moitié. « T'es bête. Un jour tu vas me tuer et tu seras alors tout seul. » Et inversement. Parce que Daphnis le seul auquel il ne ment pas c'est son chat. Et c'est triste, et c'est ridicule. Mais il est trop fatigué, trop apaisé pour penser à ses angoisses diurnes à cet instant. Alors il se laisse aller à la chaleur, à la douceur. Il ferme les yeux, il respire lentement, cale son rythme cardiaque sur la basse du tube qui continue à passer trop fort, trop grésillant. Il s'endort et demain sera presque pareil.

Je confirme, j'affirme que j'aime ce personnage, ces nuances que tu as su lui donner . Le prince des rues, de leurs draps, mignon qui se croit supérieur pour ses mensonges déversés. Un jour, on risque de lui couper la langue à trop dire de bétises  . J'aime le double traitement, l'assurance d'un côté, et le garçon abandonné de l'autre, là, qui vit seul avec son chat, bestiole qui encaisse ses confidences .

Félicitations, tu es validé(e). Avant de franchir les portes de Florence, voici quelques conseils qui pourront t'aider à survivre. D'abord, il te faut VÉRIFIER TON AVATAR DANS LE BOTTIN pour avoir la certitude qu'aucun double, maléfique ou bénéfique, ne vienne te voler ton visage. Ensuite, tu peux aller CRÉER TA FICHE DE LIENS ET DE RPS afin de ne pas terminer en âme noire et solitaire. Pour ce faire, tu peux aussi CRÉER UN SCÉNARIO et peut-être retrouver un visage de ton histoire, une personne avec qui survivre et mourir dans ce chaos. Enfin, si tu veux te détendre et oublier les sombres mémoires du passé, tu peux aller FLOODER avec les autres florentins. Mais n'oublie pas, il faut toujours se méfier de son voisin, ici. Alors, bon courage et bon jeu.