AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -45%
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go ...
Voir le deal
1099.99 €

Partagez
 

 (Nevaeh) I want to burn with you tonight…

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage


Invité

Invité


(Nevaeh) I want to burn with you tonight… Empty
MessageSujet: (Nevaeh) I want to burn with you tonight…   (Nevaeh) I want to burn with you tonight… EmptyVen 25 Sep - 23:48

Fire meet gasoline
Nevaeh & Valentina.
And we will fly like smoke darkening the skies. I'm Eve, I want to try, take a bite… ▬ Sia

C’est une façade omniprésente, oppressante, qu’elle ne peut se résoudre à abandonner. Elle l’a longtemps enlacée, elle est devenue une habitude, une sorte de certitude. Elle se trouverait presque dans la servitude. De ce masque qu’elle enfile chaque jour, sans détours. Elle en éprouve un dégoût incommensurable, pourtant elle sait que c’est la solution durable. C’est le seul moyen de vivre sans craintes et sans contraintes. Son cœur se déchire, la poupée en cire, menaçant de se briser à tout moment, prête à se casser à chaque instant. Elle a tellement d’amour en elle, mais aussi tellement de haine. Et cette contradiction qui bâtit les fondements-mêmes de son être l’étouffe dans une mélopée salée. Ce paradoxe sublime la plonge dans l’amertume et la consume. Abattue jusqu’à se retrouver sur le bitume, dans un hurlement de frustration qu’elle pousse au creux de l’oreiller de sa perdition.

Elle suffoque, la princesse aux mille et un caprices, aux infinis supplices. Elle voudrait tellement pouvoir s’échapper de sa prison dorée, mais les privilèges qui lui y sont accordés ne peuvent être ignorés. Elle ne survivrait jamais toute seule dans la jungle. Elle a besoin de sa maison et de sa raison. Elle ne peut s’accorder que quelques maigres échappatoires d’une occasion à l’autre, pour lui rappeler que malgré tout, elle subsiste. Et c’est ce à quoi elle a recours aujourd’hui, dans une tentative désespérée de se sentir en vie. Pas comme si on lui avait imposé une existence qu’elle exècre à tout prix.

Son sourire affiché sur son visage, elle descend les escaliers de sa cage. Ceux qui la rencontrent lui trouvent une expression amène, en contradiction avec les vents qui à l’intérieur se déchaînent. C’est à la maternelle qu’elle annonce son départ pour quelques heures, qui lui demande où elle va comme par politesse. En réalité, le choix ne lui est pas offert, elle doit lui dire ce qu’il en est. Elle ne sait pourtant pas encore où elle voudrait se rendre, quelle destination elle pourrait prendre. Alors, elle improvise, elle précipite sa réflexion. "Au Musée, Mère."  C’est un rictus satisfait qui vient orner les lèvres de sa génitrice, qui n’a aucun problème à soulever, rien à objecter. A-t-elle déjà eu des moments de doute? Non, pour ça, il ne faudrait pas qu’elle s’en foute.

Elle s’installe sur le siège confortable avant de pousser un soupir considérable. Soulagement se mêle au ressentiment qu’elle ne peut s’empêcher d’éprouver vis-à-vis de la supposée bien-aimée. Ses griffes s’enfoncent dans le tissu de sa robe, puis de sa voix assurée, elle se dérobe. "Le Musée des Offices, Antonio." Ses billes fixent la demeure de la famille. Comment peut-elle s’attacher à ça? D’illusion en illusion, elle offre l’impression d’une vraie maison. Mais au fond, ce n‘est qu’un taudis de foutaises, un tissu de fadaises. La vérité devrait être exposée, pour que plus personne n’y mette pied. Le goût de la bile indélébile lui monte à la bouche, les pensées négatives font mouche. Elle n’est déjà plus d’humeur, noyée dans sa rancœur, captive de son malheur.

Le rouge prédomine en une touche divine. Le tableau répand les beautés d’un art délaissé. Le macabre se prélasse, il attire les rapaces. Les mirettes s’écarquillent, mais jamais ne se lassent. Comment peut-on préférer des vulgarités esquissées dans un moment d’ennui à cet art tellement vivant, tellement poignant? Elle peut presque sentir la tristesse de l’auteur, l’étendue de ses peurs. Ce qu’il cherche à transmettre, elle le ressent jusqu’aux tréfonds de son être. Et ça compresse son palpitant dans une ritournelle perpétuelle, dans une danse cruelle. Elle aussi voudrait pouvoir être capable de partager son affliction, de faire diffuser son indignation. Elle veut toucher, communiquer, discuter avec le responsable de cette œuvre admirable. Elle voudrait apprendre à ses côtés comment peindre la somptuosité, comment faire preuve d’autant de générosité.

Elle la voit, sereine et souveraine. Dans une magnificence transcendante et alarmante. Son myocarde cogne, l’intermède résonne. Elle est différente, beaucoup moins souriante. Une aura lugubre l’entoure, on dirait qu’elle appelle au secours. Vos cicatrices se reconnaissent, dans un semblant d’ivresse. Elle a été touchée aussi. Elle se trouve également dans l’interdit. La défiance se confond en méfiance. Elle ne devrait pas être là, elle est en plein combat. Et ça la perturbe, Valentina. Elle n’aime pas ça du tout, que l’étoile perde sa fraîcheur, que sur les cieux elle ne dessine plus sa lueur. Elle la reconnaît malgré tous les changements, en dépit des marques du temps. Et même si elle ne l’a jamais vraiment connue, même si une seule fois elle l’a déjà aperçue, elle veut lui avouer qu’elle lui manque. Où est le vent de liberté qu’elle traînait derrière elle, qu’elle déchaînait comme une rebelle? Disparu, corrompu. Altéré par une raison qui lui est inconnue. Elle s’approche, toujours avec le même air fasciné, cette fois avec peut-être moins de humilité.

"Es-tu croyante?" La question fuse, elle refuse cette pudicité qui veut l’habiter. Elle ne veut pas à nouveau la laisser filer, sans savoir ce qui a lieu dans son esprit torturé. En apparence du moins, mais c’est le genre de chose qu’elle peut deviner. Quand on possède la même allure, on peut aisément anticiper les parures et les armures. "Sacrificio di Isacco. Une représentation biblique plutôt intéressante. C’est une violence adoucie, interrompue. Porteuse d’espoirs lorsqu’on sait ce qu’il va se produire, que le garçon ne sera au final pas sacrifié et que le mouton prendra sa place." Elle adresse un coup d’œil désapprobateur à la toile, avec une envie de la saccager, de la déchirer. Une bêtise qu’elle ne comprend pas, mais ce sont néanmoins des sentiments qu’elle garde enfouis. Son opinion reste sienne malgré tout, et elle a toujours décidé de ne jamais l’imposer. "Je n’ai jamais compris la religion. D’abord, Dieu lui demande de sacrifier son fils. Ensuite, il envoie un ange pour l’arrêter et lui confier qu’il peut égorger le mouton à la place du fruit de ses entrailles." C’est un froncement de sourcils qu’elle arbore et qui en dit long sur tout ce qu’elle abhorre. "Pourquoi ne pas tout simplement l’interrompre, si le but est de prouver la fidélité du prophète quant à son créateur? Pourquoi un animal doit-il y passer? Une autre histoire qui dénote l’éternel égocentrisme du genre humain, et sa prédisposition à penser qu’il est supérieur à tout le vivant qui l’entoure. Des fadaises qu’il raconte, affirmant qu’elles proviennent de l’au-delà alors qu’il est clair que c’est la patte des hommes qui en est responsable."


© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas


Invité

Invité


(Nevaeh) I want to burn with you tonight… Empty
MessageSujet: Re: (Nevaeh) I want to burn with you tonight…   (Nevaeh) I want to burn with you tonight… EmptySam 26 Sep - 17:34

Fly.
It is beautiful to discover our wings and learn how to fly; flight is a beautiful process. But then to rest on the wings of God as He flies: this is divine. Δ  C. JoyBell C.

Parfois, elle oublie son mentor. Jamais présent, aux abonnés absent, sa liberté est plus ample que celle de n'importe qui. Ce n'est plus de la fuite, l'enfant vit sa vie comme elle l'entend, sortant par les grandes portes comme si de rien n'était. Parfois, les gardes oublient qu'elle n'est qu'un des trophées du gouvernement, parfois elle doit argumenter des heures durant, réclamant l'aide de ses sœurs ou d'un mentor plus doux pour pouvoir sortir. Quand ils refusent fermement, les fenêtres sont ses portes du paradis, oiseau flottant au gré du vent de fenêtres en fenêtres, de toits en toits, un assassin bien entraîné. Si elle donne rarement la mort, elle est la plus assidue aux entraînements physiques, se transformant en ninja des temps modernes pour grimper de murs en murs, tout ça pour quelques grammes de liberté illusoire, quelques heures loin de sa prison. Aujourd'hui, ils l'ont laissé sortir sans poser de questions, certainement trop occupés à discuter d'un quelconque incident survenu quelques heures plus tôt. Dans une robe blanche couverte de sa cape verte, le visage dissimulé sous sa large capuche, elle n'attire l'attention que de par son accoutrement. Elle n'est plus une face connue pour eux, juste une femme un peu étrange venue pour une rencontre officielle. Rien d'autre. Certains surveillants sont plus bêtes que d'autres et lui offrent ce qu'elle demande sur un plateau d'argent sans même réfléchir. Quand elle sera recensée comme disparue, les maîtres hurleront. Mais pour le moment, elle s'en fiche, elle foule les pavés au gré de ses envies, emmitouflée dans sa cape des anciens temps.

Comment font-ils pour ne pas encore connaître ses refuges ? L'église, le musée, elle y passe ses heures d'aventures, rêvant à une vie passée ou qui n'a jamais existé. Aujourd'hui est un jour béni, les bancs sont couverts de moutons rêvant de devenir martyrs, alors elle se dirige ailleurs, prenant le chemin du musée sans plus réfléchir. Par chance, les ignares semblent fuir cette place. La poupée n'a que rarement eu l'opportunité de flâner au milieu des œuvres d'arts après sa fuite. Surveillés par les autorités lorsque la meute courait les rues, surveillée par ses supérieurs à présent, elle prend toute occasion pour s'abreuver de magie. Perdue dans ses méditations, elle ne se rend pas compte de cette intense présence. Des yeux qui observent cette chose étrange, cachée sous un velours vert. L'enfant ne prête jamais attention au monde qui l'entoure jusqu'à ce qu'on daigne lui parler, et elle ne prend pas encore la peine de se retourner. Préfère donner l'illusion de ne pas exister. Puis l'envie se fait pressante.

« Je l'ai été. » Avant cet anneau d'or autour de son cou se tenait une fine croix en or, signant ce contrat indiscutable entre elle et son appartenance à une force supérieure. Son nom même pue la religion, une tendre attention de ses parents qui ne voyaient en elle qu'un miracle à manipuler pour le mieux. Les dimanches étaient des jours d'espoir, où elle ne devait jamais aller chez ce fiancé au début anonyme puis monstrueux, les anciens s'en tenaient à cette idée de repos du septième jour, ces heures assise sur les bancs durs de la bâtisse lui permettait de s'évader au gré du flot interminable de prières et de menaces. L'Enfer, elle y était quand des mains rugueuses se refermaient autour d'elle au beau milieu de la nuit, quand il la portait dans un lit qui se devait d'être conjugal alors qu'elle hurlait et suppliait, qu'elle marchandait des heures supplémentaires pour pouvoir dormir et aller à l'école le lendemain, alors que pouvaient lui faire les menaces d'un homme d'église ? Par mégarde, ses doigts s'égarent contre sa gorge, frôlent la bague, avant de retomber lourdement à ses côtés. L'enfant s'échappe quelques secondes, remplacée par une figure adulte, confiante. « Jamais plus je ne le serais. » Elle ne sait pas vraiment où se trouve sa croix. Ce fardeau qu'elle a délaissé à l'autel, l'arrachant de sa nuque, se tatouant d'une brûlure éphémère sous la rage. Le claquement du métal contre le sol résonne avec faiblesse à ses oreilles, un vague souvenir, une impression fragile. Peut-être s'est-elle trouvé un cou plus digne, peut-être que ses parents la chérissent en souvenir de leur miracle disparu. Sûre d'elle, l'enfant avait décidée de ne plus jamais être une arme, quel échec. L'inconnue poursuit, et enfin Nevaeh s'arrache de son observation pour se tourner vers elle, un soupçon d'intérêt au fond des yeux. Pour les non-croyants, la religion n'a aucun sens. Pour les anciens croyants, tout ceci n'est qu'horreur, mensonge, monstruosité, une arme d'un peuple destiné à tuer. « Il n'y a aucun espoir là-dedans. » Poupée cassée, elle en a trop bouffé pour bien en parler. Ses phalanges se resserrent imperceptiblement contre sa cape, la ramenant devant elle. « Un artiste, un auteur voulant montrer la supériorité de ce qui n'existe pas. Pour eux, c'était comme dire, Dieu est bon si vous n'êtes que des petits soldats à ses pieds.  Ils en ont oublié le sens premier de la religion. Dégoûtant. » La rage se ressent-elle au fond de sa voix ? Elle n'est pas habituée. « Quand se rendront-ils compte que si Dieu existait, certaines choses n'auraient pas la lieu d'exister ? » Des parents ne vendraient pas leur enfant à un homme sans scrupules. Des enfants ne seraient pas transformées en armes en échange de leur vie. Comme invisible aux yeux des gardes, elle frôle la peinture, perdue dans sa contemplation. Mensonges. Des millénaires de mensonges, des guerres qui ne font sens, pour rien. « S'il existait, saurait-il à quel point je rêve d'arracher la toile de son socle ? » La violence se fait reine au fond de son corps, traître à son cœur. Une enfant qui refuse les fautes de ses parents, qui rêve de vengeance. Ce serait si facile. Une lame pour défaire un angle, une caresse de l'air pour déchirer le reste et le monstre de colère serait comblé pour quelques temps. Que devient-elle, à agir ainsi ? Comme brûlée, elle recule, fichant ses ongles au creux de sa paume. Douleur féroce, passagère, suffisante pour l'inciter au calme, pour faire disparaître la poupée des enfers au profit de l'enfant utilisée. La peine est brûlante, terrifiante, et pendant quelques secondes le pantin reste fixé à ses fils avant de regarder son interlocutrice. « Qui êtes-vous ? » La voix d'enfant, le regard d'enfant. Tout est revenu, enfant enfermée dans un corps d'adulte.  
© GASMASK
Revenir en haut Aller en bas


Invité

Invité


(Nevaeh) I want to burn with you tonight… Empty
MessageSujet: Re: (Nevaeh) I want to burn with you tonight…   (Nevaeh) I want to burn with you tonight… EmptyMar 6 Oct - 0:45

Fire meet gasoline
Nevaeh & Valentina.
And we will fly like smoke darkening the skies. I'm Eve, I want to try, take a bite… ▬ Sia

La fascination se meut en elle, se répandant de plus belle. De ses grands yeux trop curieux, elle observe chaque geste, chaque grimace qui s’entête. Il y a un semblant d’ignorance qui la bouscule, de la part de la petite lumière enfermée dans sa bulle. Celle-ci inconsciente de ce qui l’entoure, que Valentina lui tourne autour. Indifférente au fait qu’on lui adresse la parole. Pourtant, la Rosa ne lâche pas prise et la colle. Elle en a besoin de la brise, cette bouffée de liberté dont elle est éprise. Qu’elle arrête donc de la négliger, alors qu’elle est déjà toute affligée. Elle veut entendre sa voix, se perdre en émoi, exprimer son désarroi.

Et finalement, le glas tonne et sonne, alors qu’elle allait poursuivre vu que son premier effort n’a pas dû suffire. Le révolu qui perce à travers la carapace qu’elle s’est constituée. Puis elle énonce la sentence, durement et implacablement. Jamais plus elle ne le sera. Jamais plus elle ne croira. Et c’est tant mieux. L’éblouie garde le silence, elle profite de sa transparence. Spectatrice muette qui fixe avec insistance le chef-d’œuvre de magnificence. Pour un moment du moins, avant de donner son opinion sur le tableau qui leur fait face. Partagée ou infirmée? Une tirade qu’elle n’interrompt que pour accorder le temps nécessaire à l’interlocutrice de digérer ou de l’arrêter si ses paroles la gênent ou l’entraînent. Elle a confiance en son jugement, elle l’expose sans qu’on lui demande.

Elle engendre une réaction, qu’elle soit positive ou négative. Elle sent le poids d’un intérêt pas du tout modéré, qui la transperce de part et d’autre. Celui d’un regard furtif, d’égards hâtifs. Et son cœur bat violemment contre ses côtes. Des inflexions subtiles et fragiles viennent lui mettre le baume sur celui-ci, marqué aux cicatrices indélébiles. Un ton qui apaise sans le savoir, sans croire le pouvoir. Mais les mots sont durs, bien qu’ils soient purs. Le passé trouve le moyen de s’y immiscer, dans une dissonance insensée. Toutes les blessures sont exposées, toutes les impostures sont déposées sur le bout de sa langue qui exprime son dégoût et son courroux. Et Valentina s’y retrouve dans une maladresse assurée, dans une affliction démesurée. C’est une colère amère qui cloue au sol et qui rend folle. Elle plus que tout le monde connaît ce sentiment immonde. Cette acidité qui se fait intruse, et qui impitoyablement se diffuse. Et puis, elle qui était déjà attirée se trouve piégée par la maladie du magnétisme, ravagée par ce qui relève de l’illogisme. Une attraction sans bornes pour la petite princesse, souveraine sur ce royaume de bassesses. Déesse régnant sur cet attroupement de pécheurs et de pécheresses. Néanmoins, la colère ne lui sied guère, et cela vaut aussi pour l’air austère. L’innocence bat de l’aile, la souffrance est presque mortelle. Les boucliers se dressent, l’entourent sans paresse. Et dans le silence de la pièce, elle révèle la vérité traitresse. Dieu n’est pas là, il ne veille pas sur eux, c’est leur propre parcours fastidieux. L’humanité doit grandir, elle doit comprendre qu’elle est seule dans cet univers aveugle.

Ses billes la vrillent, subjuguées par tant de similarités. Et la respiration est retenue, contenue en son for intérieur lorsque les doigts caressent l’œuvre. Toutes les alarmes sonnent, lui somment de quitter les lieux avant que tout ne dégénère. Pourtant, elle reste immobile et inflexible. Encore. Elle veut connaître la suite. Elle veut être témoin des événements à venir. Qu’est-ce qu’elle attend? Qu’elle détruise cette horreur, la marquant de sa rancœur. Elle veut l’encourager, mais son souffle demeure prisonnier. Les syllabes restent coincées dans sa gorge, traîtresses qui l’agressent. Et la bravoure se dissipe, ses contours disparaissent. Un mélange de déception et de soulagement la prend inévitablement. Elle sort de sa transe juste à temps pour entendre la question, se confondant en incompréhensions. Qu’est ce qui lui arrive? Elle a l’impression de quitter la rive. Celle de sa raison, faisant acte de trahison.

"Amira." Comme une caresse, un prénom de princesse. Celui qu’on n’utilise jamais, mais pour qui elle porte un amour immodéré. Elle ne veut pas être appelée Valentina, ou encore Tina. Pas par elle en tous cas. Ce n’est pas un mensonge, ce n’est là que le produit de ses songes. "Hmm… On s’est déjà vues une fois, pendant que tu dansais dans la rue. Mais on ne s’était pas parlées. Et je… Je voulais y remédier." Elle se trouve piètre, à bégayer presque. Son assurance se craquèle comme neige au soleil. Nerveuse, elle se demande où est passée l’impérieuse. Se laissant dévorer par une agitation qu’elle n’arrive pas à expliquer avec précision. "Ce n’est pas étonnant que tu ne te rappelles pas de moi. Moi, je ne t’ai jamais oubliée."

L’aveu glisse, promet le supplice. Il défie les obstacles, et il les réduit en débâcle.  Son palpitant tambourine en écho à ses confessions les plus secrètes. Elle a souvent pensé à elle, imaginé des scénarios qui frôlaient le réel. Des parallèles où elle ose, où jamais elle ne se décompose. Maintenant qu’elle vit la chose, il vaut mieux en profiter, et surtout ne pas se désister. "Je sais que c’est… étrange. Mais je te trouve captivante. Beaucoup plus que tout ce que ce Musée renferme." Un art vivant, qui charme par tous ses mouvements.  Elle va la faire détaler, et ses peurs vont se concrétiser. Sa langue fourche, et elle ne peut plus tenir sa bouche. "Dieu n’existe pas. Ou plutôt l’image selon laquelle les êtres humains le représentent. Il n’aurait écrit ni des mots aussi dénués de sens, sans queue ni tête, ni des écritures aussi imparfaites." Elle la fixe, sans détourner ses prunelles, gardant son sang-froid et sa confiance en elle. Puis elle concentre son attention sur Isaac, sur son fils, sur le mouton. Avant de revenir à la vraie merveille, à l’aura vermeil. "Mais ce n’est plus de ça dont je veux parler maintenant." Elle se fait presque autoritaire, optant pour la perpétuation du sincère. Elle ne veut pas se leurrer, elle ne veut pas regretter. Elle était vent, elle peut le redevenir et l’abandonner brusquement. "Je t’ai dit mon prénom. Dis-moi le tien."



© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas


Invité

Invité


(Nevaeh) I want to burn with you tonight… Empty
MessageSujet: Re: (Nevaeh) I want to burn with you tonight…   (Nevaeh) I want to burn with you tonight… EmptySam 10 Oct - 23:21

Fly.
It is beautiful to discover our wings and learn how to fly; flight is a beautiful process. But then to rest on the wings of God as He flies: this is divine. Δ  C. JoyBell C.

Parfois, elle peignait. Dès l'enfance, l'instrument coincé entre ses mains peintes de rouge vif pour satisfaire l'homme promit voltigeait sur une toile au gré de ses envies. En transe, figée face à son art, et les parents qui se tenaient à l'arrière, jouant d'une fausse bienveillance. Qu'on ne la dérange pas, sous peine de voir l'enfant hurler, armée d'un pinceau sale. C'était la seule règle qu'elle avait réussi à imposer, une petite chose pour protéger sa liberté. Les œuvres se trouvaient clôturées dans le grenier ou la cave, jamais affichées avec fierté, bien trop sombre pour que quiconque puisse les envier. Des pendus, des femmes vendues, des enfants abandonnés, des arbres déracinés, elle n'avait que ça au bout des doigts. L'art morose. La mort teintait avec tendresse le moindre paysage, enveloppait les malheureux qui se tenaient dans les coins, les corps s'embrasaient et la faucheuse les embrassaient dans chaque dessin. Nevaeh ne les a jamais revu, et elle n'a jamais voulu finir une toile depuis ses treize ans. Les tentatives s'empilaient dans un coin de sa chambre, des toiles à peine touchées et sitôt abandonnées. Par la suite, l'enfant a voulu dessiner sur ses bras, sur son corps, des arabesques un peu trop rouges, mais très vite les parents menaçants ont décidé que c'en était trop. Alors, elle a tout simplement arrêté. Plus de pinceaux, plus de couteaux, rien que ses yeux pour voir le monde et ne plus le représenter, enfoncée dans ses pensées et sa mémoire, plongée dans le noir. Puis la meute est venue la sauver, et elle a reprit le goût du dessin, le henné léchant la peau de sa famille, puis une aiguillée ancrée pour les rendre éternels.

L'art doit représenter ce qu'on ressent. Pas une scène d'un livre stupide, ni un pauvre carré de peinture blanche accrochée au mur. Ces tentatives désespérée de se faire connaître, de se construire un empire, la débectent, elle pourrait les faire brûler sans ciller. Mais pire encore sont les œuvres religieuses, empruntes d'horreur montrée comme de l'amour. La voix de la brune, Amira, la détourne de ses pensées, réduit l’ébullition de sa colère à un ronronnement et elle se force à la regarder. Elle ressemble à une femme du monde. De celles qui ne connaissent rien des poupées, de la mafia, des guerres mortelles qui réduisent leurs rangs peu à peu.  « Déjà rencontrées ? » Un goût amer sur la langue, elle ne s'en rappelle pas. Elle ne se rappelle de rien, l'enfant. Aurait-elle oublié ce visage, alors qu'elle n'en oublie jamais aucun ? Gamine perdue, ses dents s'enfoncent dans sa lèvre inférieure quelques secondes avant de la libérer pour un sourire. « Je ne suis qu'un fantôme à oublier. » Un fantôme c'est mieux qu'une arme. C'est mieux qu'un passé barré. C'est mieux qu'une arme. Mieux que tout ce qu'elle est en réalité. Pourquoi quelqu'un voudrait-il se rappeler d'elle, comment le pourraient-ils ? « Un fantôme ne reste captivant que si on ne le voit pas vraiment. » Amira perdra de son attention pour elle, ou Nevaeh disparaîtra de sa vue pour ne jamais réapparaitre. Ne pas se faire remarquer, c'est une règle qu'ils apprennent aux poupées. Assassins discrètes. Son nom ? Il n'est pas si important, elle ne prend pas la peine de répondre à cette question. La colère gronde une nouvelle fois au fond de son cœur quand elle repose ses pupilles sur la peinture. Tout ceci est injuste.

Elle se décide, enfin. « Préparez-vous. » Sa voix est ferme et sûre d'elle, elle ne reculera devant rien. Une douce rage, une justice inutile qui ne fera qu'apporter des ennuis mais au diable le bon sens. Lobotomisée, modifiée, améliorée, mais elle a encore soif de liberté. Au fond de ses pensées, l'Esmeralda n'est pas si loin ; Rapide, bien trop fugace pour qu'on le discerne, le geste s'arrête à sa taille, les doigts autour d'une dague. Elle n'a que faire qu'on l'arrête, ils ne pourront rien contre elle, enfant du gouvernement, arme au pouvoir illimité. Dansante, la lame tranche le milieu du tableau, un pan s'éteint en lambeau. Méfait commit, la dague retrouve son antre et les doigts de Nevaeh se retrouve liés à ceux de l'inconnue qu'elle tire avec elle dans une course effrénée sous les hurlements des gardes. « J'espère que vous courrez vite. » Elle n'a pas pour habitude de s'insurger contre les plus grands, elle ne détruit jamais rien, tentant au mieux d'être invisible, au pire d'être silencieuse. A présent elle courre, une main accrochée à une autre, se faufilant entre les inconnus et les gardiens des plus anciens mystères de ce monde, un rire menaçant son cœur d'exploser. De punition elle se transforme en criminelle, heureuse de rendre ivre de rage et de colère, heureuse de renverser l'ordre établi par ceux qui sont là-haut. La porte se fracasse sous son poids, claque contre le mur et elle dévale les escaliers en une vague de velours vert suivie d'une brune qui n'a rien demandé. Des escaliers dissimulés, une porte dérobée qu'elle franchie dans sa course empressée, et les voilà à l'air libre sur un toit qui domine la ville entière, la brise frappant son visage, repoussant sa capuche. Un de ses refuges qu'elle offre sans se questionner à une inconnue à peine rencontrée. Des livres s'empilent dans un angle, à côté d'une vieille lampe à huile qu'elle a subtilisé un soir. Une peluche déglinguée, des fleurs fanées. Un sourire éclate contre ses lèvres et elle relâche l'inconnue, Amira, avant de la regarder, de la fixer comme pour en imprimer tous les traits. « Nevaeh. C'est mon nom. » Miraculée, enfant gâtée et abandonnée, Esmeralda sans contrée, tant de noms qui n'ont plus aucun sens. Nevaeh, la poupée armée. Avide de liberté, elle s'approche du rebord, elle se dresse au dessus du vide et juge la ville traînant sous ses pieds, tous enfermés, tous prisonniers. Ni plus, ni moins qu'elle. Enfant égoïste, elle prend peu à peu conscience que la jeune femme voulait sans doute visiter le musée qui leur est devenu interdit jusqu'à ce qu'ils oublient, qu'ils réparent. Un nouveau regard vers elle de la part de l'oiseau perchée à quelques millimètres du néant, un sourire suivi d'une voix douce. « Vous vouliez sûrement visiter le musée, j'en suis désolée. Comment puis-je me rattraper ? » Elle a tout le temps du monde devant elle, quitte à fuir autant que le voyage dure des heures, quoiqu'il en soit la punition sera la même. Les maîtres sont liés par leurs propres règles : on ne brise pas les poupées.  
© GASMASK
Revenir en haut Aller en bas


Contenu sponsorisé



(Nevaeh) I want to burn with you tonight… Empty
MessageSujet: Re: (Nevaeh) I want to burn with you tonight…   (Nevaeh) I want to burn with you tonight… Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
(Nevaeh) I want to burn with you tonight…
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» IF WE BURN, YOU BURN WITH US
» Pré-lien de Nevaeh, l'épée

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Les mains sales :: Les RPS-