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 starless night (r&m)

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MessageSujet: starless night (r&m)   starless night (r&m) EmptyMar 25 Aoû - 19:53

Ce que je sens, c'est un immense découragement, une sensation d'isolement insupportable, une peur perpétuelle d'un malheur vague, une défiance complète de mes forces, une absence totale de désirs, une impossibilité de trouver un amusement quelconque... Je me demande sans cesse : à quoi bon ceci ? à quoi bon cela ? C'est le véritable esprit du spleen. - BAUDELAIRE.

Retour des grands jours. Alessandro s'était habillé pour une fois. Il ne s'était pas contenté d'aller ici et de filer là-bas enveloppé du truc dans lequel il s'était endormi la veille, non, il avait sorti l'un de ses costumes saupoudrés de poussière et l'avait enfilé. Il avait toujours cette sensation inconfortable d'être un autre, une espèce de fraude dans son costard à quatre chiffres. Il faisait même pas mafioso ni même gamin des rues, il ressemblait à un petit prince, un golden boy prépubère qui jouait au grand et avait mis le costume d'un adulte. C'était sans doute l'impression qu'il donnait. Le tout était accentué par son entourage, une nuée de gros bars poilus, immenses et menaçant tandis que lui se faufilait entre eux, imberbe et angélique. Terrible et maléfique, il était, constamment, surtout quand on pointait du doigt son apparence. Là, il perdait le fil et sombrait dans la violence qui le baignait depuis l'enfance. Des fois c'était des coups de poings, d'autres fois des coups de feu. Alessandro n'avait pas de préférence, seul le temps d'agonie variait, s'allongeait ou se raccourcissait. Partout, on tremblait, on se regardait du coin de l'oeil comme pour se prémunir de la tempête à venir. Alessandro était en costume. Alessandro n'avait pas la mine débraillée, les yeux explosés ou encore la bouche pâteuse. Il était propre sur lui, parfaitement peigné et apprêté. C'était suffisant pour semer la panique parmi ses hommes. L'aîné n'aimait pas les costumes, il n'aimait pas être bien sur lui, il n'était jamais présentable ou regardable. Il avait toujours la même allure d'alcoolique perdu, que ce soit devant des dignitaires de pays en guerre ou juste pour contrôler la fabrique. On passait outre ça, pour tous, ce n'était qu'une extravagance typiquement Masaccio. « Tonio, prépare la voiture. » Un chauve dépassant de deux têtes Alessandro apparu à sa gauche. « Oui monsieur. » Il s'exécuta et appela son chauffeur personnel. Il ne mit pas longtemps à s’enivrer une fois à l'intérieur. Entre ses phalanges dansait un verre de vin italien et dans ses oreilles un opéra plus vieux que lui. Alessandro ne s'habillait que pour impressionner, pour inspirer crainte et admiration. Pour le reste, il laissait les faits prendre le pas sur le visuel. Il y avait une fille qui suivait son frère, c'était pas une camée ou une prostituée, juste une fille comme on en trouve plein les rues de Florence. Une civile, une gamine égarée qui connaissait rien aux coins sombres de la ville. Et Mattia laissait passer, il la laissait faire et peut-être même qu'il y prenait plaisir. Mais Mattia était le benjamin, ce n'était pas lui de réfléchir, de suspecter, sous-peser ou même regarder. Alessandro devait le faire à sa place. Ils auraient laissé ces deux-là continuaient leur petit manège, parce qu'au fond, qu'est-ce qu'il en avait à faire ? Son frère était assez grand pour s'amuser de son côté. Sauf que c'était pas juste une môme qui a trébuché sans le vouloir dans un trou plus noir que noir. C'était une rejetonne de flic et pas le genre de flic qu'il aimait. Plus le style à refuser les enveloppes sous la table et arborer une morale. Le genre qui courait après sa catégorie de vermine. Alessandro l'aurait bien buter, sur-le-champ même mais il avait mené son enquête. Romy Pastore voyait son frère en cachette de sa famille. Même la mafia avait ses codes de conduite. On tuait pas sans raison, surtout des gamins de flics. Son absence se ferait remarquer et à la moindre erreur un de ses hommes devrait finir à l'ombre pour quelques décennies. Il n'allait pas sacrifier un membre de sa famille pour une petite idiote. Elle ne méritait pas la moindre prise de risque. Elle méritait juste une leçon, qu'on ouvre ses yeux pleins de candeur sur la réalité du monde. L'Italie n'était juste, elle n'est pas belle et lumineuse. C'était un pays fourmillant de types comme lui, qui vendaient la mort à petite dose, dans un capitalisme de l'ombre qui profitait les puissants d'en haut comme la raclure d'en bas. « Arrête toi. » Il intima et son chauffeur s'exécuta instantanément. Il venait de l’apercevoir à travers les vitres tintées de sa Rolls Royce. Il hocha la tête et ses hommes se déployèrent pour jeter la jeune femme dans un sac. Elle n'eut pas le temps de les voir arriver, de se défendre ou de réagir. Elle était prise au piège la seconde d'après et fut enfermée dans le coffre sans cérémonie. En plein jour. Il n'y avait personne pour les arrêter, chacun détournait le regard et faisait mine de n'avoir rien vu. Bons chiens. La voiture disparut du quartier pour se garer à l'arrière du bar des deux frères. L'envers était vide, l'horaire d'ouverture était encore trop éloigné. Ils n'eurent pas de mal à décharger leur cargaison humaine dans le sous-sol, juste à l'orée des escaliers menant à la salle d'interrogatoire. Elle sortit du sac, ébouriffée, brune et pale. Elle devait tout juste avoir vingt ans, vingt-et-un s'il se rappelait bien du rapport. Il se fichait bien de la dénaturer à cet âge, lui n'avait pas la moitié de son âge qu'il luttait déjà pour se faire une place qu'on ne lui avait pas réservé à l'avance. « Romy Pastore, fille, petite fille et sœur de flics, que fais-tu avec mon frère, fils et petit fils de parrains de la mafia ? Simple curiosité. » Alessandro commençait toujours par des questions innocentes, de simples interrogations couplées d'une menace à peine voilée. Le costume s'avérait bénéfique. Alors qu'il pesait sur sa carcasse de petits muscles et de nerfs, il lui donnait une aura redoutable, une sorte de présence étouffante et écrasante.
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Romy Pastore

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MessageSujet: Re: starless night (r&m)   starless night (r&m) EmptyMer 26 Aoû - 1:03

ALESSANDRO, ROMY & MATTIA

“Sometimes you can't help people. Sometimes it's better not even to try..”





The low bird is not picked tenderly out of the dust by its fellows; rather, it is dispatched quickly and without mercy. Ballerines usées foulant le sol. Romy est d'humeur râleuse aujourd'hui. Une mauvaise nuit causée par des voisins trop bruyants. Incapable de s'imposer, d'hausser la voix, alors elle reste victime des nuisances. Cheveux légèrement ondulés qui se meuvent selon les caprices du vent. Aujourd'hui, elle ne travaille pas. Jours de repos qu'elle apprécie même si ils l'enferment dans une solitude angoissante. L'idée d'une sortie qui vient illuminer son moral en berne. Préparation minutieuse. Être toujours présentable, sans être séduisante. Romy n'est pas très attirante, elle pue la bizarrerie et la soumission. Elle est éteinte. Son attention est capturée par un pigeon marchant dans le caniveau. Scène ennuyante qu'elle s'empresse d'oublier. Romy n'entend même pas la voiture qui s'arrête ni les portes qui s'ouvrent. Les mains qui l'agrippent. Zone de confort non respectée, elle devient une poupée de chiffon. Quand elle se rend vraiment compte de la situation, il est déjà trop tard pour se débattre. Ses mains tremblantes qui se plaque sur son visage. Elle veut déclencher son imagination. Disparaître dans son monde. Romy ne comprend pas. Jetée dans une boite comme un pantin. Elle hurle aussi fort qu'elle peut, implorant à l'aide. Ses membres s'agitent dans tous les sens pour trouver un moyen de sortir de cet enfer. Gamine terrorisée, tremblante et demandant de l'aide. C'est lui. Il est revenu pour finir son éducation. Elle en est persuadée. Il lui en veut de ne pas avoir écouter ses conseils. Romy supplie son père de la libérer. C'est beaucoup plus étroit que le placard. La respiration se fait difficile, alors qu'elle est ballottée dans le coffre. Les secondes lui semblent des heures. La fatigue prend le dessus. A quoi bon combattre cette issue fatale. Ses doigts qui entourent son cou. Elle ferme les yeux pour oublier la situation, oublier qu'elle est dans le noir complet. Paniquée et les larmes qui se bousculent. Elle fredonne l'air d'une musique d'Edvard Grieg. Dans l'antre du roi de la montagne pour être exacte. Son esprit se concentre sur la musique et non sur les circonstances. Romy arrive enfin à partir. Monde à la Beetlejuice, déjanté et coloré. Rencontre de plusieurs personnages loufoques venant de films différents. Chorégraphie parfaitement orchestrée d'un Dr Frank-N-Furter, d'un mystérieux Riff Raff, d'une belle Magenta et d'une flamboyante Columbia. Chanson qu'elle murmure pour les accompagner. Aventure dangereuse pour trouver un trésor disparu. Choco et Sinok comme partenaires. Parade dans les rues de Chicago. Elle admire Ferris Bueller sur le char. Son corps qu'on soulève la ramène à la dure réalité. Les mains d'inconnus qui se baladent sur elle pour mieux la porter. Son intimité violée à plusieurs reprises dans la bataille. Romy utilise ses dernières forces pour se débattre, mais en vain. Une prière pour une mort rapide et sans souffrance.
La lumière qui lui brûle les yeux déjà boursouflés par la panique. Main palpitante venant se plaquer contre les deux océans. Poitrine affolée qui se soulève à un rythme fou. Le plus effrayant reste à venir. Le visage de son ravisseur. Ce n'est pas son visage qui est réellement effrayant, juste le fait qu'il ne le cache pas. Faut pas être bête, quand la victime voit son agresseur, c'est toujours mauvais signe. Romy se balance d'avant en arrière, cherchant quelque chose sur quoi rattaché son regard. Tu vois dans quel merdier tu t'es fourrée ? Et tu veux être libre ? Elle arrive pour toi. La mort. Ses doigts trouvent dans le tissus de son chemisier un bon moyen de s'occuper alors que ses lèvres murmurent des choses inaudibles. Ses yeux arrivent enfin à se poser sur les chaussures de son kidnappeur. Sa voix presque innocente. Une question simple, mais dont la réponse n'est pas évidente. Romy s'arrête brutalement. Il est l'heure de faire face à la mort. Encore plus que tout à l'heure, elle est persuadée que sa vie va prendre fin dans quelques minutes. Même pas le temps de dire au revoir à son Diable ni aux monstres. Sa tête qui se lève doucement pour le regarder. Son regard qui se fixe dans celui de l'homme en costume. Il a une belle gueule l'animal. «La curiosité est un vilain défaut. » Ce n'est pas une réponse pour lui, c'est une réflexion qu'elle se fait à voix haute. « Nous sommes amis. » Enfin, c'est ainsi qu'elle le voit, qu'elle le ressent. Il l'a sauvé et elle s'accroche à lui. Ce n'est pas physique, juste un besoin social qui la dévore de l'intérieur. Mattia n'a pas fui devant elle, pas encore, pas comme les autres. L'homme en costume n'est pas vraiment effrayant, elle a connu bien pire, pourtant il dégage quelque chose dont elle se méfie. Jamais sous-estimé. Romy se sent petite face à lui. Gamine débraillée contre homme élégant. Dans son imaginaire, il dégage une odeur de mort et de peur. Tel un esprit maléfique prenant l'apparence d'une petite fille, sa carrure n'envisage rien de bon. « La grande guerre arrive » Repartie dans ses pensées qu'elle dévoile sans le vouloir. Ce geste, ce kidnapping pourrait bien mettre le feu aux poudres. Ses rêves de chaos pourraient être sur le point de se réaliser.
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Elio Conte

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MessageSujet: Re: starless night (r&m)   starless night (r&m) EmptyMer 26 Aoû - 13:12



-{ YOU DON'T HAVE TO BE AFRAID. YOU DON'T EVEN HAVE TO BE BRAVE LIVING IN A GILDED CAGE. THE ONLY RISK IS THAT YOU'LL GO INSANE }-

Le jeune italien combattait la nausée comme un soldat s’avançait au front, le ventre noué. Mattia se souvenait à peine de la soirée précédente, de la raison qui faisait qu’il était allongé, le corps nu, au milieu du sol de sa chambre. Les carcasses de bouteilles et l’odeur rance de cigarette ne ravivait à la mémoire du brun aucun souvenirs transcendants qui lui aurait permis de recoudre les fragments éparses de sa nuit. Il était là, perdu au milieu de sa chambre l’estomac retourné à l’idée de la soirée précédente. Il s’était enivré, c’était certain, mais ça n’était pas tant l’alcool que le regard de cette fille qui le rendait malade. Sortant de cette transe apocalyptique, l’amnésique volontaire observait son plafond comme s’il s’était s’agit d’une fresque de Michelangelo. Il n’avait pas envie de sortir de cet état de semi-conscience sirupeuse dans laquelle il baignait. Cependant, il dû se résoudre à la reddition face à son téléphone qui prenait vie de l’autre côté de la pièce. Mattia ne ratait jamais un coup de téléphone. Qui savait ce qui allait se produire à l’autre bout du fil, quelle sentence de vie ou de mort allait encore être prononcée ? Le brun était un soldat, le genre qui attend les ordres et les exécutent sans broncher. Sauf qu’il avait envie d’une journée de repos ce soldat de plomb qu’on déplaçait sans ménagement. C’était t pas que ses phalanges étaient usées à force d’écraser leur vérité profonde contre les faciès tuméfié des gens prompts à lui faire perdre son temps. C’était pas qu’il avait le cœur au bord des lèvres à cause de ce mal qui lui nouait les entrailles. Il était simplement fatigué. Usé à force  de danser avec le feu. Néanmoins, les quelques mots soufflés à son oreille par le combiné ranimèrent la flamme de son regard. A croire que l’enfer avait repris ses droits sur l’âme de ce pécheur. Sans se presser, il s’habilla nonchalamment, attrapant les premiers vêtements qui lui tombèrent sous la main. Malgré ses traits angéliques, peu importait ce qu’il portait, Mattia avait une espèce d’aura. Même avec ses godasses de gamin usées jusqu’à la moelle et ce jean déchiré il ressemblait à quelque chose. Sa mère lui avait toujours dit qu’il avait du charme. Pas un charme atypique comme son frère, mais il était séduisant. En sortant de sa chambre, il ramassa religieusement son holster ainsi que son chapelet. Passant le premier par-dessus son t-shirt et l’autre autour de son cou avant d’attraper sa veste. Le trajet jusqu’à sa boite de nuit lui apparût comme dans un rêve. Un mauvais rêve lui rappelant la nuit précédente. Au volant de sa Mustang, il arriva rapidement à l’arrière de la boite de nuit sans s’étonner de voir la voiture de son frère déjà parquée là. A son plus grand étonnement, lorsque du pas impétueux de celui qui se sait possesseur de toutes les choses touchant ses prunelles, un des laquais d’Alessandro lui annonça qu’il ne pouvait pas descendre en bas parce que son ainé réglait des comptes, il n’en crut pas ses oreilles. Depuis quand n’avait-il plus le droit de se rendre dans le tréfonds des enfers afin de rejoindre son trône ? Pour qui se prenait Alessandro à croire qu’il pouvait garder bien gentiment son cadet à l’entrée comme s’il n’était qu’un vulgaire toutou se tenant au bout d’une laisse. S’allumant une cigarette sous le regard inquiet de son opposé, Mattia n’essayait même pas d’être effrayant. Quelque chose dans son calme, dans cette posture nonchalante et dans ses traits angéliques était glaçant. Même sans ouvrir la bouche, le brun savait qu’il n’avait fait qu’une bouchée du pauvre laquais transi de peur face à ses prunelles à l’océan troublé. « Au lieu de jouer au con, va me chercher un paquet de clope et un café. » Souffla-t-il en exhalant une nappe de fumée translucide. Entrant dans la boite, se souciant guère de quel affaire son frère cherchait à lui cacher, il se dirigea naturellement vers le sous-sol. Tout ce savait dans la famille et Mattia n’était pas du genre à se refuser le plaisir de voir son ainé à l’action. Ce dernier arrivait à lui donner des sueurs froides par ce mélange de sadisme et ce regard glacé qui vous noue la gorge. Son frère était doué, voué à un futur que lui seul pouvait certainement accomplir. Pourtant, malgré la hiérarchie naturelle qui s’était instaurée, faisant de lui l’inférieur d’Alessandro, il refusait de rester à la porte comme un animal attendant son maître. Il aimait avoir les mains sales et voir son frère se salir les mains. Cependant, lorsqu’il ouvrit la porte menant au sous-sol, il ne restait rien de cette curiosité impatiente qui consumait ses veines. Il ne put, néanmoins, s’empêcher de s’exclamer faussement guilleret: « On ne m’attend donc pas pour le spectacle ? » Il n’avait même pas eu besoin de la regarder pour savoir qu’elle était là. La pièce empestait la sueur, la peur et ce quelque chose étouffant qui se dégageait d’Alessandro pour venir alourdir les poumons des personnes l’environnant. Bien qu’il resta silencieux, tirant sur sa clope les yeux posés sur son frère, son regard témoignait du fond de sa pensée. Qu’est-ce qu’elle foutait là ? Pourquoi est-ce qu’il avait ramené cette femme au cœur d’enfant ? A quoi ça servait de ramener une gamine paumée au fond du sous-sol ? Certes, ça lui apprendrait la vie à Romy de voir que tout n’est pas tout blanc ni tout noir. Ça lui sera utile de se frotter à la vie au détour d’un sous-sol trop éclairé. Peut-être qu’elle allait avoir une épiphanie coincée dans l’océan noir nichée dans les pupilles vides d’émotions de son frère. Peut-être que la précision chirurgicale de ce dernier allait lui permettre de replacer correctement les rouages de la brune afin qu’elle fonctionne correctement ce coucou au chant désarticulé. Ça n’empêchait pas Mattia de se sentir vivement irrité à observer leur face à face comme s’il les avait pris sur le fait. Elle lui appartenait. C’était son toutou, son animal de compagnie un peu bizarre, son jouet. Et il refusait de voir son frère toucher à ses possessions.  
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MessageSujet: Re: starless night (r&m)   starless night (r&m) EmptySam 29 Aoû - 15:21

Ce que je sens, c'est un immense découragement, une sensation d'isolement insupportable, une peur perpétuelle d'un malheur vague, une défiance complète de mes forces, une absence totale de désirs, une impossibilité de trouver un amusement quelconque... Je me demande sans cesse : à quoi bon ceci ? à quoi bon cela ? C'est le véritable esprit du spleen. - BAUDELAIRE.

« C'est l'indulgence qui l'est. » Alessandro la regardait de toute sa hauteur, de ses yeux bleus cristallins, implacable et insaisissable. C'était une vision que ces deux-là, une peinture qu'on aurait plus laissé sans titre. La jeune fille à terre, un sac la couvrant du cou aux pieds, juste une cascade de boucles défaites pour envelopper son visage. Lui, si vieux mais à l'air angélique, presque enfantin. Ange déchu des temps modernes. C'était un terme inapproprié mais le seul à même de cerner et de comprendre l'étendue du contraste qui le définissait. Il n'avait jamais été un ange. Môme déjà, il avait une cruauté propre aux chérubins. Il était égoïste et voulait déjà engloutir le monde, le mettre à feu et à sang, son hochet à la main. « Je devrais t'arracher la langue pour me parler sur ce ton. » Il n'aimait pas les petites malignes, les gamines de vingt ans qui ne se laissaient plus impressionner par un milieu que le cinéma a dénaturé, glamourisé et rendu cool. Il n'y avait rien de pire qu'une aseptisation Hollywoodienne. Alessandro n'était pas « cool » et la mafia non plus. Ils étaient les artisans du chaos, les chevaliers d'une apocalypse athée, rationnelle et bel et bien réelle. Tuer n'était pas cool, tout comme porter des costumes, fumer des cigares et faire voyager des gens dans le coffre d'une voiture. C'était son quotidien, sa manière de faire, des précautions et surtout un style de vie. Il lui foutrait bien des baffes, pour la réveiller et lui faire prendre conscience du danger. Alessandro était italien mais il n'était pas un gentleman, il ne suivait que le code de conduite de sa famille. Il pouvait frapper les femmes, si elles se mettaient en travers de son chemin ou si elles pensaient que leur genre les protégeraient de lui. Il faisait pas de discrimination, pas de différence. Mais c'était pas une brute sans cervelle. Il ne faisait jamais rien sans raison, il prenait le temps de la réflexion, de tout sous-peser, estimer et réévaluer. Il y avait une certaine logique dans sa petite caboche, des mécanismes et un univers qui tournait rond, des causes et des effets. Un vrai putain d'écosystème. « Mais ton usage du langage peut m'être encore utile. » Il ajouta, c'était vrai. Ca ne lui servirait pas à grand-chose de lui arracher la langue. On faisait ça aux traites, aux vendus et aux taupes. On les renvoyait après dans les rues, en signe d'avertissement. C'était pour filer la chair de poule, comme la plupart des trucs qu'ils faisaient chez les Masaccio. C'était avant tout pour montrer qu'ils n'avaient pas de limites et qu'ils pouvaient tout arracher, tout sectionner, qu'il n'y avait pas de fin à la souffrance humaine. Ça marchait, on les respectait et on faisait attention à ne pas marcher sur leurs plate bandes. La mafia italienne était à l'image du pays qui la couvait : imposante, délirante et superficielle. On s'arrêtait toujours à l'apparence alors chacun se mettait en scène pour être sûr de renvoyer la bonne image, pour dissuader et s'effrayer l'un l'autre. Grosses voitures et jolies filles, bouteilles à quatre chiffres et immenses malabars. Le trop n'existait pas, tout n'était que folie et démesure, jeu d'égos en grandeur nature. « Si. Tu en es justement le clou. » Il répondit à cette question venant de derrière, d'une voix qu'il connaissait mieux que la sienne. Alessandro ne bougeait pas, qu'il vienne son frère et qu'il le regarde faire. Il n'était qu'à un pas du garde du corps, homme de main et complice silencieux, celui qui gardait les yeux grands ouverts et les mains liées. « Je sais pour la fille. » Il n'en rajouta pas plus. Cette phrase refermait des milliers d'autres qui mourraient dans les limbes des paroles oubliées, jamais prononcées. Il savait pour la fille et il savait pour lui, pour son sauvetage, pour sa tolérance envers sa présence, pour tout. Il savait même plus que lui sur elle, sur eux. Alessandro savait toujours plus que son frère. Il y avait une préséance, une hiérarchie de la connaissance. Il n'avait qu'à naître plus tôt, pas quand l'aîné avait déjà été conditionné et formé pour les coins sombres de la ville. « Mais je ne veux plus d'elle dans tes pattes. » Il la pointa du doigt, sans la regarder, ses yeux fixés sur son cadet. « Fille de flic. » L'accusation pesait lourdement dans l'atmosphère. Elle aurait du écoper de la peine capitale pour ce crime d'être flic qui devenait sien par association. Mais Alessandro ne pouvait s'y résoudre. On tuait pas comme ça, pas n'importe comment. Il fallait voir le parrain et lui demander sa permission. Mais le trentenaire se refusait à le voir, on allait pas voir le parrain pour une fille de rien du tout, on venait le voir avec des promesses de guerre et de giclées de sang. Il n'avait pas que ça à faire et Alessandro le savait.

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Romy Pastore

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MessageSujet: Re: starless night (r&m)   starless night (r&m) EmptyMar 1 Sep - 0:32

ALESSANDRO, ROMY & MATTIA

“Sometimes you can't help people. Sometimes it's better not even to try..”





Indulgence. Quel mot magnifique. Faiblesse pour certains. Qualité pour Romy. Grandir dans le pardon. Pas une réelle envie, mais une nécessité. Ne pas tenir compte des coups, des blessures infligés à cause d'idées vétustes.  « L'indulgence est le plus beau cadeau que Dieu a fait aux Hommes. »  La gamine qui répond à l'homme en costume. Il fait naître en elle le même sentiment angoissant que son père. C'est un jeu dangereux. Équilibriste effrayée par la possibilité de chuter vers les Limbes. Romy sait que ses mots peuvent l'emmener droit vers une bonne correction. Ne répond jamais à un homme Romy ! Jamais ! On doit attendre qu'il te donne la permission de lui parler et si il se met en position de supériorité, c'est qu'il est supérieur à toi. Petite chose inutile et imparfaite. Quand homme parle, femme se tait. A la menace de l'ange de la mort, la simple humaine s'enferme dans son imagination. Les canines qui mordent l'intérieur de la lèvre pour répandre le goût du sang. Prévision de la douleur d'un tel acte. Liquide chaud envahissant sa bouche. Satisfaction sinistre d'un bourreau à la gueule d'ange. Rêve d'une vie sans la parole. L'apprentissage long d'une langue parlé avec les mains, l'achat d'une ardoise pour communiquer avec les autres si elle ne se fait pas faucher par la mort dans le processus. Ses chances d'être un jour une femme libre qui disparaissent. Vouée à passer le restant de sa vie comme un monstre. Autant mourir que de vivre cette torture. Il ne peut pas te faire ça Romy ! Il ne peut pas te faire de mal. Hurle un des personnages de son monde. La jeune femme sait très bien qu'un tel geste déclencherait irrémédiablement une guerre et elle sait qu'elle n'en vaut pas la peine non plus. Risquer une telle chose pour si peu. La voix d'Alessandro la sort de son rêve barbare. Cette phrase pourrait la réconforter, mais elle a l'effet inverse. Son esprit torturé se met en marche car la gamine sait se taire. Loyale et stupide. Ce qu'il veut savoir, il devra lui arracher ou lui donner l'envie de se confier. Âme fragile qui préfère voir son sang couler que de parler. Il ne l'a pas amener ici juste pour parler ou pour jouer aux petits chevaux et c'est cette idée silencieuse qui la terrorise. Le mystère a le don d'éveiller son imagination. Aucune limite. Débordante. Monde joyeux plongé dans l'horreur. Voix connue qui sort des ténèbres. Aucune réaction car Romy pense que ça vient de sa caboche. De son monde qui ne lui demande que de se détendre pour y plonger. Mélodie dont elle ne reconnaît pas vraiment le propriétaire. Les battements de son cœur apeuré prenant le dessus. L'inconnu est effrayant. Avec son père, elle savait à quoi s'attendre, sa force, sa façon de faire, mais avec l'homme au costume cela restait indéterminé. Vous ne pouvez pas combattre quelque chose que vous ne connaissez pas. Mattia ?  « Mattia ! » Révélation suppliante. Il est là pour l'aider, pour la sauver une seconde fois. Elle le sait, elle le sent. Il ne peut pas faire autrement de toute façon. Ils sont amis et on s'aide entre amis, n'est-ce-pas ? Les paroles qu'ils s'échangent dont elle est la cible sans pour autant y participer la frustre. Romy n'est pas une fille ordinaire, mais elle n'est pas sourde. Les supplications qui s'éteignent dans sa gorge. Ne supplie jamais, ça te rend faible. Tu sais ce qu'on fait aux faibles ? La main forte qui se heurte contre la joue de la gamine pour seule réponse. On les bat. Fille de flic. Phrase dénonçant son rang. Fille de. Jamais Romy. Toujours fille ou sœur de. Inexistante même dans sa propre vie, second rôle même dans son film. Accusation honteuse qui sonne comme une condamnation à mort. Mademoiselle Pastore, vous écopez de la peine capitale pour être la fille de Benito Pastore, commissaire de police.  Les menottes aux poignets. La tenue des prisonniers sur son corps délicat. Le regard déçu et triste de ses monstres. La solitude accompagnant la condamnée vers son dernier souffle. Le dernier battement de son cœur avant que son âme s’élève vers les cieux à la recherche de son bourreau préféré. Le jugement qu'elle redoute.  « Mort. » Élément essentiel. Nécessaire d'après elle.  « Fille de flic mort. »  Cadavre froid. Beau mort dans un costume pour riche et un cercueil de roi.  « Donc techniquement ça compte plus vraiment, hein? » Si il est mort, elle est fille d'un mec mort et non d'un flic. Tout est bon pour calmer l'homme en costume, lui faire comprendre qu'elle n'est dans aucun camp.
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Elio Conte

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MessageSujet: Re: starless night (r&m)   starless night (r&m) EmptyMer 2 Sep - 12:07



-{ YOU DON'T HAVE TO BE AFRAID. YOU DON'T EVEN HAVE TO BE BRAVE LIVING IN A GILDED CAGE. THE ONLY RISK IS THAT YOU'LL GO INSANE }-

Entrer dans le monde de la nuit avait un certain prix. Beaucoup pensaient que celui-ci était celui du sang. A croire que faire couler ce liquide carmin offrait une nouvelle naissance. A croire que comme la première fois, sous les larmes, les cris et le don de la vie on pouvait nettoyer l’ardoise, repartir à zéro. Ceux qui pensaient cela ne savaient pas. Ceux qui croyaient que c’était aussi simple n’avaient aucune idée des méandres sans fins dans lesquelles il fallait plonger afin d’arriver à destination. Ils n’avaient aucune idée de ce que ça faisait de creuser sa propre tombe en ayant conscience que le Seigneur pouvait vous rappeler prématurément après la moindre faute. Mattia savait, il savait le prix des apparences, le prix des ignorances. Il savait ce que ça faisait de fermer les yeux sur les abimes qui vous observent avec attention. Il savait que le véritable prix, celui dont personne ne parle, n’est pas celui de la vie. Il savait que c’était la terreur. Cette terreur inhumaine vous déchirant les entrailles alors que votre monde change. Alors que les coins sombres des ruelles vous apparaissent familières, dangereuses. Il savait que le véritable danger c’était la terreur. La folie qui se dégage de cette boule de peur se frayant une place dans la poitrine. Il savait que le danger se trouvait dans ce que cette peur pouvait faire, dans ce qu’elle pouvait briser. Comme son poignet et ses rêves d’ailleurs. Mattia connaissait cette peur, il connaissait aussi cette espoir expulsé par les lèvres de Romy. Il y avait gouté en voyant son oncle l’arracher à l’enfer, lui offrir une raison d’exister. Peut-être que c’était ce dont elle avait besoin la Pastore. Une leçon. Besoin qu’on lui explique de manière imagée ce que ça signifiai suivre le démon au plus profond. Parce qu’à l’époque actuelle il n’y avait pas de place pour une fin heureuse. La Belle ne se faisait pas sauver par la Bête, non, il se contentait de la regarder de loin en mesurant les mots de son ainé. Cette assurance débordant d’Alessandro, cet ordre implicite qu’il lui imposait en avançant ses désirs. Le plus jeune des Masaccio détestait être mis dos au mur, détestait être acculé comme un simple bout de viande obligé de courber l’échine. Il avait beau aimer ce frère supérieur, ce modèle lui montrant la voie, il se refusait à lui passer tous ses caprices. Romy était son jouet. Sa poupée un peu cabossée, pas seule dans sa tête amochée. Voir son ainé tourner autour de sa possession le rendait fou. Depuis sa plus tendre enfance Mattia haïssait devoir partager. L’avide de possession se contenta d’avancer au centre de la pièce, à mi-chemin entre la porte et Romy. A mi-chemin entre son frère et la fuite. « Si tu sais pour la fille, tu ne sais rien. » Souffla-t-il un léger sourire aux lèvres. Il était prêt à regarder. Prêt à voir quel était le prochain mouvement de son frangin. Ale ne pouvait rien faire, Mattia le savait. On ne touchait pas à la progéniture des flics, on ne touchait pas à leurs belles gueules d’ange de peur de remuer une merde sans nom. Puis, leur père ne l’accepterait pas. Si leur famille était reconnue et redoutée à l’heure actuelle c’est parce qu’ils avaient toujours su jouer en contournant les règles. Jamais les briser, frôler le précipice avant de s’en éloigner. Les Masaccio n’étaient rien d’autres que des orfèvres de l’ombre. Des travailleurs en noir qui écument les nuits pour vendre un espoir au gout de plomb et de poudre. Le gamin aux airs d’ange le savait parfaitement bien. Il était pas con. Moins mesuré et efficace que son frère, mais pas con pour autant. En naissance dernier, Mattia s’était plié à l pression de la hiérarchie, mais Alessandro était venu sur son terrain, venu chercher son jouet du moment sans se rendre compte qu’il offrait à Romy un éclat nouveau. Ses yeux caressant le visage de la brune perdue dans sa tête, il ne s’étonna même pas de l’entendre parler. Ses mots sont tremblants et pourtant sa voix ne flanche pas. Comme si elle tendait la main près d’animale sauvage, craignant de se faire mordre les doigts tout en espérant les amadouer. Un léger sourire aux lèvres, le Masaccio s’approcha de la jeune femme avant de poser sa main sur le sommet de son crâne dans un geste paternaliste et confiant. « Tu vois, même la gamine le dit, elle n’est plus qu’une fille de rien. » Les traits détendus de Mattia lui donnaient un air débonnaire, un air bon. A croire qu’il s’était fait chevalier de bronze, constellation pour éclairer le chemin de la brune et l’arracher à cette nuit sans fin dans laquelle elle était sur le point de se noyer. Néanmoins, restait sous la surface de son regard les réminiscences des éclats de son âme à jamais noir comme le charbon. Posant un genou à terre comme il l’aurait fait avec une enfant, l’italien plongea son regard dans celui de Romy. Il aurait presque eu une présence réconfortante, rassurante, si l’on ne pouvait deviner sous sa veste le flingue collé à son flanc. « Tu as peur Romy ?Parce que tu devrais. » Conservant ce sourire tendre et serein qui offrait à ses traits un rictus débonnaire et pourtant teinté par la saleté de son âme, Mattia se retourna vers son frère avant de lui faire face. Pour tout mots, dans un geste dramatique, il pointa la jeune femme comme pour lui indiquer que la voie était libre. Lui indiquer que même s’il cherchait à l’atteindre, croyait le blesser en cherchant à couper ce lien qui l’unissait avec Romy, il n’en avait rien à faire. Elle n’était qu’un jouet. C’était ce qu’il cherchait à dire. Pourtant, il le savait, si Ale ne tentait ne serait-ce que de la toucher il allait bondir. Elle n’était peut-être qu’un jouet, un toutou qui le suivait partout, mais c’était son jouet à lui.
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