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  Il n'y a aucune fatalité religieuse. Rien qu'une logique animale. (dionisio)

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Giovanni Gambino

DATE D'INSCRIPTION : 13/09/2015
MESSAGES : 19


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MessageSujet: Il n'y a aucune fatalité religieuse. Rien qu'une logique animale. (dionisio)    Il n'y a aucune fatalité religieuse. Rien qu'une logique animale. (dionisio) EmptySam 3 Oct - 10:20

Quatre heures que le gamin a disparu, c'est pas énorme, on a déjà vu pire. Ça lui arrive souvent quand de nouvelles âmes innocentes traversent les portes de ma chambre. Il finira par revenir, c'est ce que je me suis dit en m'enfilant quelques verres de whisky pour mieux faire passer la pilule. Elle était coincée dans ma gorge et menaçait de m'étouffer à tout moment alors c'était nécessaire. Le soucis c'est qu'après les trois quart d'une bouteille, elle est toujours là, je la sens. Elle gigote en moi pour me rappeler que Dionisio n'est pas là. Que peut-il bien faire à une telle heure ? On s'absente pas plus d'une heure quand on fait la gueule en général. Puis peut-être qu'il tire pas la tronche, peut-être qu'il s'est juste barré pour ne plus revenir. Coucher avec un autre pour de nouvelles sensations. Ma gorge se noue amèrement alors que mes mains caressent du bout des doigts la table du salon pour récupérer les clés de la bagnole. C'est pas une heure à prendre la voiture, encore moins un état mais une autre force m'encourage à le faire. Quelque chose de plus intense qu'une simple picole ; la possessivité. L'idée de pouvoir perdre une miette de lui m'empêche de respirer correctement. C'est pas une pilule que j'ai coincé dans le gosier, c'est tout un mot qu'on appelle plus communément haine. Je les connais bien ces cinq lettres qu'on entasse les unes après les autres, je les manie comme un taré des bas étages. J'ai la sensation que mon cœur se crispe lorsque mes doigts resserrent amèrement le volant. Quelques gouttes de transpiration perle sur mon front alors que j'abandonne à la nuit notre demeure flambant neuve. On se croirait dans un de ces films américains où tout est beaucoup trop beau et lisse pour ne rien cacher. Derrière les murs et les fenêtres parfaites se cachent des cauchemars qui s'enchaînent comme des chansons à la radio. Tout le monde en est témoin mais personne ne s'y attarde. Les phares s'éloignent de la porte d'entrée alors que la ligne blanche de la route donne l'impression d'être un long rail de coke. Malgré l'alcool dans le sang, mon esprit s'éveille et mes yeux se posent sur le bord de la route, à la recherche d'un gamin susceptible de faire du stop. Je l'imagine le pouce levé et la fièvre aux tripes, pas certain de savoir s'il tombera sur plus taré que moi. Faut dire qu'il a une gueule qui pousse au vice le Dionisio. Même Dieu se damnerait pour lui.

Attiré par la nostalgie et un sixième sens, la lourde bagnole s'arrête sur le parking de la basilique. Le chapelet pend toujours dans le vide, même après toutes ces années. Il est juste comme nous, il est en train de vieillir, le soleil le déteint et le froid lui fait du mal, une fois la nuit tombée. La porte claque dans le silence et un chat s'échappe des poubelles publiques, dérangé de ma présence. Mon aura est si grand et énorme qu'il agace même les bêtes. C'est sale, c'est crade. Et mes poings serrés dans le vide m'aident à trouver le courage de ne pas être trop dur avec lui, pas tout de suite. Je sais que Dionisio est là. S'il n'y est pas, c'est que je le retrouverais certainement jamais. Mon corps s'avance d'un pas lent dans la basilique que je pénètre tel un diable. J'entre dans la demeure de dieu avec toutes les âmes de ces gosses entre les mains. Et enfin, sa tête brune m'apparaît comme la vierge. Mes yeux s'illuminent un court instant avant de retrouver leur froideur naturelle. Le bruit de mes semelles contre le sol résonne tout autour de nous. La lueur des bougies allumées caresse nos visages et rend l'atmosphère plus brûlante que jamais. Je m'assois à côté du gamin, là, sur l'un de ces bancs inconfortables. Radins ces croyants, même pas foutus d'investir dans des coussins.
- Pas la peine de prier, Dieu peut plus rien pour toi.
Sourire carnassier aux lèvres alors que je tourne mon regard vers lui. Je vais le dévorer, le gober, on ne retrouvera plus jamais rien de lui. On ne saura plus qu'il a un jour existé. Ma main se dresse et se pose contre sa nuque que je caresse tendrement. Mes doigts en viennent même à se perdre dans son épaisse chevelure qui m'aide à balancer sa tête en arrière. Mon autre main, elle, se pose contre son cou pour l'empêcher de m'échapper. Mes lèvres effleurent sa mâchoire et remontent jusqu'aux siennes sans les toucher. Nos souffles se mélangent, s'agressent.
- Dis-moi tes péchés, ma respiration se coupe, la fièvre s'élève au bas de mon ventre alors que je l'embrasse, enfin. Lentement, comme si je reprenais soudainement mon oxygène. Je te dirais qui prier. Je te dirais devant qui t'agenouiller comme autrefois, où tu étais si jeune que ton âme était diaphane. Ta bouche est faite pour ça.
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Dionisio Gambino

DATE D'INSCRIPTION : 13/09/2015
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MessageSujet: Re: Il n'y a aucune fatalité religieuse. Rien qu'une logique animale. (dionisio)    Il n'y a aucune fatalité religieuse. Rien qu'une logique animale. (dionisio) EmptyMar 13 Oct - 5:25

love you, daddy
Il ne supporte plus de voir son reflet. Le miroir qu’il voudrait briser. Planter son poing dans la surface argentée. Son reflet à jamais déformé. Monceaux de verre éclatés, certains qui se figent dans sa chair ensanglantée, d’autres qu’il pourrait jeter à leurs visages, aux autres enfants, à ses concurrents, abîmer la chair innocente. Il voudrait les défigurer, les condamner à la laideur, aux cicatrices boursouflées, aux yeux enfoncés, aux nez cassez, si affreux que même leurs parents ne les reconnaitraient, si laids que Gio ne les regardera même plus. Il pourrait massacrer tous les enfants de la terre pour ne l’avoir qu’à lui dans leur grande baignoire de sang. Il pourrait se baigner dedans comme la comtesse sanglante, s’abreuver de leur jeunesse pour revigorer la sienne. Il resterait à jamais enfant, petite bouche rose à abuser, petit corps blanc à violenter. Ce serait la fin de son calvaire, les trop longues heures à obséder sur la moindre petite imperfection, un petit poil de trop sur le menton. Les rides vont bientôt se creuser avant l’heure, soudoyés par sa terreur. Il a trop peur de vieillir, de finir laid aussi, ne plus jamais en aimer un autre comme il aime Gio, finir seul à tout jamais, comme les vieilles entourées de quelques chats. Des frissons qui courent son échine, tandis que la porte de la chambre de Gio se ferme de nouveau sur une autre. Un jour, il va trouver mieux que Dio, plus beau mais surtout plus jeune. Peut-être même que ce sera une petite fille, blonde ou brune quelle importance, mais la peau bien pâle et les lèvres roses, le torse encore plat de l’enfance avortée. Un jour, Gio lui mettra un bébé dans le ventre, avant même ses premières taches de sang, un enfant dans un autre corps d’enfant. Ça sera dégueulasse et il aimera ça, ça l’excitera deux fois plus encore, le monstre à l’appétit infini. Et lorsqu’il se sera lassé de la fille, il aura son propre rejeton à abuser, belles boucles brunes à enrouler entre ses doigts sales. Et Dionisio ne pourra jamais rivaliser avec ça, ni avec la mère et encore moins son enfant, sa chair et son sang. Il ne pourra jamais lui offrir le fruit de ses entrailles, un beau bébé rose à la peau si douce, peu importe le nombre de fois que leurs corps s’uniront. Il ne restera à jamais qu’une coquille vide, un éphémère trop vite oublié. Et peut-être que c’est mieux comme, pas sûr qu’il pourrait supporter de voir son propre fils le remplacer, pas sûr qu’il puisse le supporter. Peut-être qu’il devrait partir tout de suite, tandis que la flamme n’est pas encore complètement morte, alors qu’il reste quelques crépitements, quelques étincelles, éclats de rouge, éclats de blanc. Couper les ponts avant qu’il ne s’écroule de lui-même, abandonner le navire avant qu’il ne s’échoue au fond des océans. C’est lâche, certainement, c’est égoïste sûrement, ne pas vouloir rester jusqu’à la fin, mais il s’évite des souffrances en choisissant de ne pas voir le naufrage de ses propres yeux. Il a déjà le pied à moitié dehors, les cheveux au vent, quelques billets au fond des poches. Agir d’abord, réfléchir ensuite. Histoire de ne pas changer d’avis. Mais Dio est déjà perdu sans Gio. Il sent la solitude, lourde et froide, s’écraser sur ses frêles épaules. Où peut-il aller maintenant, sans sa lumière, sans ses ténèbres, sans son cœur arraché ? Il pourrait tenter le canapé d’Icare, il le accepterait sans doute, si pathétique dans ses tentatives pour se faire aimer. Il pourrait même tenter de retrouver Leone. Ou alors, il pourrait se débrouiller, se faire employer, gagner son propre pain à mettre dans la bouche. Les possibilités sont infinies, le monde devrait être à ses pieds. Et pourtant, Dio s’affale sur le banc d’une église, rongé par la nostalgie. C’est là où il s’est fait emporté, un peu comme une princesse par un roi au cheval blanc, sans le côté vraiment charmant. Le début de tout et la fin aussi, le cycle est complet, il peut finalement tirer son trait. Sauf que Dionisio ne se lève pas, il ne bouge même pas d’un millimètre, au milieu de la basilique vide, les yeux levés vers le Christ. Il ne sait pas combien de temps il est resté ainsi, quelques minutes, quelques heures, une éternité. Quand soudain, Gio est là, à ses côtés, comme un fantasme devenu réalité. C’est trop beau pour être vrai. Il a dû s’endormir sur les bancs de l’Église et quand il se réveillera, il aura mal au dos et Gio ne sera plus là. Pourtant il paraît si réel à cet instant, ses yeux, son visage, mais surtout sa voix. Sa voix qui lui donne des frissons pleins l’échine. Ses doigts dans sa nuque et dans son cou, ses lèvres qui viennent le rendre fou. Il voudrait suffoquer en cet instant, entre ses bras, contre ses lèvres, un air béat, enfin heureux. Déjà, la chaleur le gonfle, le pantalon se serre, mais il n’a pas honte, c’est normal pour un adolescent, c’est normal quand on embrasse son amant. Aveuglé par l’amour ressurgit, son esprit lui crie d’obtempérer, glisser à genoux entre les jambes, exécuter sa prière débauchée. Tout de suite, au milieu de la maison de Dieu, où n’importe qui pourrait entrer. Il se retient pourtant, rassemblant les dernières miettes de dignité dont il ne connaissait même plus l’existence. « C’est vraiment toi, Daddy ? T’es venu me chercher ? Comment tu m’as trouvé ? Tu vois, peut-être que Dieu a vraiment entendu mes prières. » Les questions qu’il enchaine, l’extase dans les yeux, ses doigts qui caressent le visage, comme pour s’assurer que Gio est bien là, que c’est bien lui entre ses mains. Y’a trop d’espoir qui vient gonfler sa poitrine, promesse d’une chute vertigineuse et ça lui fait peur soudain. Il recule un peu, s’écarte des griffes trop attirantes, de peur de se laisser agripper encore. « Non… Non… Non… » Le mot sonne étrange dans sa bouche, étranger presque. De ce qu’il s’en souvient, il n’a jamais dit non à Gio, ou du moins pas après les premières semaines. [color=crimson]« Faut que je parte… Mais je suis sûr que tu trouveras un autre gamin aussi bien que moi ou mieux. Et puis, moi je trouverai peut-être quelqu’un aussi, de mon âge, ça sera mieux.  Des excuses qu’il bafouille. Le maigre corps fébrile qui se faufile entre les deux rangs de banc en bois. L’étroitesse qui ralentit sa progression, il faut qu’il s’extirpe de leur emprise pour pouvoir courir, pour pouvoir s’enfuir.
(c) AMIANTE
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Giovanni Gambino

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MessageSujet: Re: Il n'y a aucune fatalité religieuse. Rien qu'une logique animale. (dionisio)    Il n'y a aucune fatalité religieuse. Rien qu'une logique animale. (dionisio) EmptySam 24 Oct - 2:54

Les voix se calment dans ma tête, celles qui me disent que Dionisio cherchait seulement à s'enfuir. Celles qui hurlent qu'il n'a fait que m'éviter. Mon cœur se calme alors que mes mains se posent délicatement contre lui. Le contact de sa peau contre la mienne apaise les tensions accumulées ces dernières heures. Toucher le nouveau gamin à la gueule traumatisée et à l'âme complètement vierge n'a même pas suffit à me le faire oublier. Lui, l'adolescent obscène, la perversion à l'état brut, taillé par mes propres mains. Nos regards ne se croisent même pas, il n'y a que nos langues pour se dire qu'elles ont besoin l'une de l'autre, le reste de notre corps n'est qu'un tas de lâcheté puant. Mes doigts resserrent leur emprise sur ses cheveux pour tenter de lui faire du mal, lui montrer la gêne que j'ai supporté ces dernières heures. Son odeur m'enivre alors que je dévore un peu plus ses lèvres, comme pour tenter d'y trouver la trace d'un autre homme. L'atmosphère s'allège alors que la colère se dissipe, lentement. Je la sens quitter mes nerfs comme un serpent au milieu d'un champs de blé. Mon souffle brûlant se mélange au sien, le temps de lui rendre son souffle avant de revenir à la charge. Bien sûr que je pourrais le prendre, là, sous les yeux tristes du christ. Dionisio le sait et c'est peut-être pour ça qu'il coupe le contact. On s'éloigne pas de son père comme ça, sans raison, on tente pas de le perdre de vue seulement parce qu'il ne fait pas assez beau. Ma gorge se noue alors qu'un noeud de colère se forme à l'intérieur de celle-ci. Sa carcasse gigote lamentablement sous ma présence ; j'ai la sensation de me retrouver à son premier jour dans notre grande maison. Quand il préférait encore sa vie merdique à moi, lorsque son coeur restait emprisonné dieu sait où. Une part de mon être s'enrage mais mon corps reste encore calme et fossilisé dans sa pseudo sagesse. Mes yeux bruns le fixent, le laissent s'éloigner, comme si j'étais persuadé qu'il finirait forcément par revenir. Les traits de mon visage se fige alors que ses mots quittent sa bouche. Ils sont brûlants, on pourrait presque le comparer à un cracheur de feu. Je les sens atteindre mon âme et vouloir me voler un je ne sais quoi. Un moment de silence flotte dans l'air alors que je me redresse pour détruire toute proximité entre nous. L'une de mes mains attrape un cierge éteint pour l'allumer d'une autre bougie. Je sens mes entrailles se tordre anormalement mais je fais toujours mine de contrôler chaque parcelle de mon être. Ce n'est pas un pleurnichard comme Dionisio qui me retournera l'estomac. Ce n'est pas un jeune adulte qui me fera perdre la raison.
Un jeune adulte.
C'est bien ça, le problème.
Le cancer qui nous crève à tous les deux.

Je passe mes doigts sur mon visage pour tenter de chasser la fatigue et l'odeur alcoolisée mais rien n'y fait. Ma vue est floue. Par la faiblesse ou alors la haine, je cherche encore.
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? je me tourne vers lui, mes yeux sondent les siens. Je me perds dans la vide de ses craintes, j'en ai presque le vertige. Comment peut-on être aussi dévoré par tout ça ? J'ai fini par créer des monstres, enfermés dans de si petites cases qu'une fois ouverte, l'idée même de grandeur les effraie. Mais la grandeur, c'est le début de tout, l'envol, la liberté, la beauté des choses. Lui se contente uniquement du minuscule, du rien, de l'amour évasif d'un père qui finira pour l'oublier. Mon amour se partage tellement chaque jour qu'il finira par ne plus lui en rester une miette. C'était prévu, depuis le début, depuis son adoption foireuse, depuis son vol à la vie. Mes pas claquent doucement au sol alors que je m'approche de lui.
- Ce n'est pas de ma faute si tu vieillis. Uniquement de la tienne. Tu te laisses avoir par le temps. Lorsque je t'embrasse, je ne sens que ça, les repousses de ta barbe, ta voix d'homme qui blesse mes tympans. Je lui renvoie toutes les fautes sur le dos parce qu'il savait que je n'aimais pas ça, sa façon de vieillir, sa façon de m'abandonner en devenant un homme. Dionisio n'y est pour rien mais c'est la seule chose qui me donne encore un peu d'emprise sur lui : la culpabilité. Mais malgré tout, je suis toujours là, à accepter ce que tu me fais subir. Je marque une pause, prends le temps de poser mes mots au bon endroit. Je le regarde droit dans les yeux, sincère ou alors simplement persuadé de mes dires. Bien sûr que j'en aime d'autres, plus beaux et délicats que toi mais tu ne peux pas m'en vouloir pour ça. Je te donne déjà tout en fermant les yeux sur ma déception. Et toi, c'est comme ça que tu me remercies ? Je m'approche de lui, pose violemment ma main contre son torse pour le bloquer sur ce fichu banc. C'est comme ça ? en me menaçant de t'en aller ? c'est toi qui ne m'aime plus. Mes doigts tremblent et la flamme du cierge danse sous mes gestes. Quelques gouttes de cire tombent même sur son pantalon mais je ne fais plus attention aux détails à ce stade là. Je le regarde simplement, tentant de lui faire comprendre toute la douleur qui m'habite. Essayant vainement de le récupérer pour ne pas passer à un acte plus barbare, celui de le tuer. De voler son dernier souffle. De lui prendre sa vie pour empêcher un autre de salir ma plus belle élaboration. Le plus dur pour un artiste est de renier ses créations. C'est un peu pareil pour Dionisio. Même homme, une part de moi continuera à l'aimer et rien que pour ça, je me détesterai.
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Dionisio Gambino

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MessageSujet: Re: Il n'y a aucune fatalité religieuse. Rien qu'une logique animale. (dionisio)    Il n'y a aucune fatalité religieuse. Rien qu'une logique animale. (dionisio) EmptyDim 15 Nov - 5:44

love you, daddy
La couronne d’épine sur la tête baissée, le sang qui coule des pieds et des mains clouées, le grand Christ dans ses plus sombres heures. Le fou qui se saigne accroché à la croix, à dégueuler sa souffrance sur toutes les têtes bénies. Étrange étendard pour tous les relier, creuser un peu dans chaque cœur pour y découvrir leur douleur. Dionisio, il serait prêt à étouffer de son malheur. S’écrouler en pleur aux pieds de Christ pour supplier quelques miettes de soulagement, un poids en moins dans sa poitrine qui s’écroule. Chaque pas se fait de plus en plus lourd, comme si les pieds ne voulaient plus décoller du sol, comme si les jambes n’obéissaient plus à l’esprit, comme s’il y avait une chaine invisible, une laisse autour de son tendre cou jusqu’aux mains du maître. Et Dio ne peut partir, ne peut pas s’enfuir, ne peut échapper à son emprise. Pas sous ses yeux, même pas aidé de Dieu. Preuve ultime d’un énième abandon, gamin trop souvent délaissée, oublié pour d’autre, pas assez pieu, pas assez mélodieux, de plus en plus vieux. La liste qui s’allonge et le cœur qui s’alourdit, comme un boulet à se trainer au corps. Plus rien n’importe si ce n’est son goût qui s’attarde encore sur ses lèvres roses, son parfum qui enivre ses narines, sa beauté qui tourmente l’esprit trop fragile. Il n’y a plus qui Gio qui submerge ses sens, comme un immense ouragan qui emporte toute raison à chaque passage qui noie toute volonté dans les profondeurs des océans. Il finit par arrêter de courir, arrêter de marcher, admettre sa défaite et en attendre les conséquences, debout, immobile, les grands yeux fixés sur lui. Seul le cœur résiste encore, n’abandonne pas ses efforts, à bondir dans sa poitrine, à un rythme de mille à l’heure. Les désirs qui se mélangent, la confusion qui se répand, l’envie de retrouver ses grands bras forts. Tomber à genoux et supplier le pardon, s’accrocher à son cou et dérober ses lèvres à nouveau. Ressaisir ses jambes tremblantes et s’enfuir encore, courir sans se retourner, se laisser engloutir par l’obscurité. Il veut faire tout et rien à la fois, aucun compromis à l’horizon, aucune lumière au fond du couloir, aucune sortie de secours à l’incendie de son esprit. Il n’y a plus que la lumière de son cierge, une petite flamme de rien du tout, symbole de tout ce qu’il reste entre eux. Alors que la bougie fond trop vite et la cire dégouline partout. Dionisio est coincé pour de bon, immobile, la tête levée en admiration, les yeux noyés dans ceux de son père. Et ses doigts sur sa joue, minuscules décharges de plaisirs qui secouent le corps déjà en manque. Il y a la voix de Gio qui rugit, le grondement de la sentence qui tombe, les lames aiguisées dans la bouche. Chaque mot comme un poignard qui se plante dans la chair tendre, les vieilles plaies qui s’ouvrent de nouveau et les cicatrices qui se déchirent. C’est le sang qui éclabousse, les organes qui vomissent, le cœur qui se fissure en dix mille petits morceaux que personne ne saurait recoller. C’est de sa faute, s’il vieillit, c’est de sa faute qu’il devient ridé et laid, c’est de sa faute si Gio ne veut plus le toucher. Ce sont les marées de sel qui montent à ses pupilles, les larmes chaudes qui dévalent la joue. Des pardons coincés dans la gorge sans pouvoir s’exprimer. Mutisme défensif enclenché. Le corps qui tressaille à la mention des autres, plus jeunes et plus beaux, le montre vert aux yeux rouge qui gronde dans la poitrine. Dio ne devrait pas en vouloir à Gio. Mais le supplice est trop grand, au dessus-de ces maigres forces, la carcasse frêle s’écroule sous son poids. Le bruit sourd de ses fesses qui retombent sur un de ces petits bancs de bois, maintenu par la main du paternel contre sa poitrine frêle. Un léger sursaut à sa dernière accusation lancée. À son regard qui l’écrase encore plus dans son siège de fortune. La langue qui se délie enfin de son silence affreux. « C’est pas vrai… Je t’aime encore, daddy. Je t’aimerai toujours. » Murmure brisé des sanglots prisonniers de sa gorge. L’enfant baisse la tête, rompt le regard, approche sa tête du bassin de l’homme. « Je suis juste égoïste, je crois… Je veux pas rester jusqu’à ce que tu ne m’aimes plus du tout. » Les mains accrochés à sa ceinture et le nez enfuie contre le pantalon, à s’enivrer de son odeur. Son parfum aux milles senteurs délicieuses, son parfum de mâle, son parfum de père, son parfum de sexe. « Je suis si faible… » Murmure à moitié étouffé contre son entrejambe, la ceinture qu’il défait quasiment mécaniquement, une couche de moins pour recouvrir le convoité, ses lèvres qui parcourent sa longueur par-dessus le tissu, incapable de s’arrêter. « Tu vas me punir alors ? » Pause miraculée où l’enfant réussit à s’arracher de l’emprise du plus grand, juste assez longtemps pour recroiser son regard. Dionisio ne s’attarde pas pourtant, préférant retourner en territoire plus familier entre ses jambes, mais surtout trop terrifié à l’idée de tout ce qu’il pourrait y trouver, la colère, la haine, ou pire encore, l’indifférence.
(c) AMIANTE
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