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 VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone)

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MessageSujet: VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone)   VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone) EmptyLun 21 Sep - 9:50


veux-tu que je t’embrasse en crevant ?
leone & icare



Il se réveille avec la tête lourde et le cœur au bord des lèvres. Tout son corps n’est plus qu’une simple épave de douleur échouée sur le moelleux d’un matelas trop confortable. L’odeur des draps fraîchement lavés lui file la nausée et il grimace, les yeux encore fermés. Un rayon de lumière trop claire filtre à travers les rideaux tirés, il sent presque la chaleur du soleil sur la peau de son bras dénudé. Il gémit, enfonce un peu plus son crâne dans l’oreiller trop parfumé. Il n’en a pas encore conscience mais il sait déjà où il est – il imagine une chambre d’hôtel luxueuse, trop grande pour lui, avec des meubles sculptés comme des œuvres d’art. Il ne devrait même pas s’en étonner : c’est la troisième fois cette semaine qu’il échoue dans un endroit comme celui-ci. Il ne sait pas quand, il ne sait pas comment, il ne sait pas avec qui ; il se réveille simplement dans un immense lit, un goût de vomi sur la langue et la vue floue. Encore une soirée où il s’est noyé dans sa dose d’héroïne, comme un misérable. Comme un éperdu. Il ne se rappelle même plus qui il a dû sucer pour l’obtenir à moindre frais. Quelle importance ? La douleur lancinante à son bras gauche lui prouve qu’il l’a eue, c’est tout ce qui compte. Dans un râle d’animal blessé, il papillonne des yeux. La Terre tourne violemment, le décor de château tangue trop dangereusement. Il rêve d’une douche chaude, de laisser l’eau dévaler son corps maigre jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien des souvenirs du caniveau où on a dû le repêcher. Il doit sentir les poubelles, la rue. Il a peut-être même baigné dans l’urine d’un chien errant si ce n’est pas déjà la sienne. Mais il s’en fiche, il a plutôt envie d’en rire. Il préfère rire que pleurer, il a déjà passé trop d’années à laisser les larmes couler. Icare se redresse, difficilement. Il observe la pièce sans grand émerveillement. Il n’aime pas tout ce luxe, toute cette opulence et il ne comprend pas comment il se retrouve dans un endroit pareil à chaque fois qu’il semble perdre conscience. Il n’a aucun souvenir de la veille à part peut-être une ruelle sombre et l’odeur des égouts dans le nez. Son corps est encore fourbu et il a du mal à se traîner jusqu’à la salle de bains marbrée. Comme un véritable déchet de l’humanité, il laisse son corps sous le jet d’eau chaude pendant ce qui lui semble être une éternité, jusqu’à ce que sa peau soit rougie, jusqu’à ce qu’il ne sente même plus l’eau qui coule sur lui. Il a envie de vomir. Il aimerait prendre un petit-déjeuner mais il se refuse à commander quoi que ce soit ici – Icare a sa fierté. Il trouvera bien un étalage de fruits et légumes dans une rue de la ville, c’est le jour du marché aujourd’hui. Le savon sur sa peau sent la vanille, c’est agréable. Une odeur de propre, une odeur de neuf. La dernière fois, c’était de la lavande. Et quand il revient à son lit, lavé, le corps et les cheveux encore tout mouillés, il s’étend sur le matelas. Juste un peu, juste pour en profiter encore un petit peu. C’est ce qu’il préfère dans cette grande chambre impersonnelle – le lit trop moelleux. La tête penchée en arrière, presque dans le vide, il avise son vieux violon déposé sur un fauteuil et la veste d’un costume chic sur l’accoudoir. Il fronce les sourcils, perdu. C’est la première fois qu’il voit quelque chose qui n’est pas à lui.

À la réception, une fois rhabillé, son instrument en mains, il s’arrête un instant devant la jeune femme blonde qui le fixe comme si elle attendait sa question. « Je suppose que je ne saurai toujours pas aujourd’hui comment je suis arrivé ici ? » Dans un sourire contrit, la demoiselle hausse les épaules et il soupire. Icare aurait dû s’en douter – c’était toujours la même chose : personne ne répondait jamais à ses questions. Machinalement, il resserre les pans de la trop grande veste sur son buste et prend la sortie. Dehors, le soleil est déjà haut dans le ciel et les bruits familiers de la ville viennent agréablement lui caresser les oreilles. Comme chaque jour depuis qu’il a quitté les murs de la prison, lui revient alors cette même idée, ce même besoin : Le retrouver. Encore une fois, il ira courir la ville et ses rues pour revoir ce visage qui hante son esprit depuis plus de deux ans maintenant. Chaque jour sans Lui devient une véritable torture mais, aujourd’hui, il a bon espoir. Hier, on lui a dit où chercher. Hier, il a retrouvé la trace de celui qui l’a sauvé. Enfin. Alors il prend la direction de la Galerie des Offices, le cœur battant jusqu’à ses tempes, courant les rues jusqu’à l’ancien palais florentin. Il se heurte à une foule compacte, tant de visages inconnus parmi lesquels il tente de se frayer un chemin. Noyé dans la masse, il pense L’apercevoir quelquefois. Il est là, comme une ombre furtive qui s’échappe dès qu’Icare ose un peu trop s’approcher. Ou bien est-ce son esprit qui lui joue des tours, qui le fait halluciner ? Il ne sait pas, il n’est sûr de rien. Et à chaque pas, il a l’impression qu’il va Le croiser, qu’il Lui foncera dedans tête baissée peut-être. « Leone ! il hurle à travers la foule alors qu’il croit enfin Le voir au loin à observer un tableau d’un air concentré. » Mais ce n’est pas Lui, pas celui qu’il cherche. Pas celui qui hante Icare jour et nuit sans relâche. Alors l’enfant perdu désespère, rage. Boudeur, il a presque envie de taper du pieds. Et peu adepte des conventions sociales, il crie à nouveau : « Cerbère ! » Les gens autour le regardent, les yeux exorbités. Comme un gosse mal élevé, il a envie de leur tirer la langue mais il décide de les ignorer. Il va juste s’étendre sur un banc, attendre que le temps passe. Attendre qu’Il vienne le retrouver. Ce n’est que lorsque les visiteurs agglutinés en masse devant un portrait s’écartent à petits pas qu’il Le voit. Là, allongé tel un empereur romain sur un banc trop convoité. Icare cligne des yeux, le sang courant dans ses veines sous l’adrénaline qui le dope. Pendant un instant, il a peur que ce ne soit qu’un mirage. Qu’Il ne soit qu’un mirage. Le souffle court, il se précipite jusqu’à Lui, observe le visage dont il a tant rêvé depuis les années infernales de la prison. Un sourire immense d’enfant heureux sur les lèvres, il se retient de ne pas se jeter sur Lui, de ne pas se serrer contre Lui. Qu’importe les règles, il pourrait se mettre à hurler de bonheur d’avoir enfin recroisé Sa route. « Enfin, tu es là, il soupire, béat et extatique. Tu sais que t’es vraiment difficile à retrouver ? Je t’ai cherché partout dans toute la ville, j’ai cru devenir fou. » Fou de désespoir, fou de Son absence. Fou de ce vide laissé dans sa poitrine. Icare a la supplique au bord de ses lèvres gercées. Les mains tremblantes sur son violon, il les cramponne au bois usé et rugueux de son instrument pour ne pas venir s’accrocher à Lui trop précipitamment. « Dis, je peux rester avec toi maintenant ? Hein ? Dis oui. Je peux rester avec toi ? »

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Leone Duccio

DATE D'INSCRIPTION : 02/08/2015
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MessageSujet: Re: VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone)   VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone) EmptySam 26 Sep - 19:40


   
hell in your eyes
   Oh, Lazarus
How did your debts get paid ?
L
es nuits à parcourir Florence. De ces pas qu’il traine dans les rues, à la recherche des mauvais, des paumés. Une incapacité à s’endormir. Le sommeil qui se moque, les cauchemars comme unique présence. Petite fille hurlant. Leone préfère fuir. Lâche. A s’égarer dans les bars et entre les cuisses d’une catin. Incapable d’affronter sa solitude et son passé. Chien errant. Pas plus honorable que les autres. Tout aussi cabot que les plaintifs. Voguer. Ne pas s’arrêter. Mais chaque nuit possède sa ritournelle. Des garçons perdus. De ces quelques uns qu’il ramasse parfois, aide. La rancœur pour ces vies cachées, leurs veines percées. Gosses qu’il a parfois gardés quelques mois. Un orphelinat qu’il aurait du ouvrir – plutôt que ça, ses paumes rougies du sang des autres, des malins diablotins. Le pied trébuche contre un corps. Gémissement, léger, de quoi soupçonner la vie sous un manteau recouvrant le crevé. Ne pas s’arrêter. Ce soir, il n’a pas le temps, pas l’envie, pas… « Putain de gamin ! » Insulte vociférée. Lui qui tient à ses belles paroles, évite les injures. Trop tard. Il s’abaisse, pose un genou à terre et enlève le manteau qui couvre partiellement le visage. Lui. Evidemment. TOUJOURS LUI. « Imbécile. Il serait temps que tu apprennes à vivre seul » Carcasse noyée dans la crasse, corps jeté dans le caniveau, à trembler du manque. Le bras qu’il observe, défait le tissu et remarque le tracé bleu. Bientôt, il perdra son bras, bientôt il n’y aura plus de talent, rien à sauver, juste une coquille devenue vide. Néant. Claquements de doigts à l’oreille, s’assurer qu’il dort, qu’il est à moitié mort. Battements de paupière.

Le corps qu’il accroche, et soulève entre ses bras. Puis jeté sur l’épaule. L’autre main prend le violon, l’instrument magnifique. Il se demande encore comment le gosse parvient à garder une telle possession. Voiture qu’il dérobe. Pas la plus poubelle. Gamin jeté sur la banquette arrière. Sublime qu’il fait ronronner et crissent les pneus. « Si tu craches ton estomac, je te fais ravaler le tout, c’est compris ? » Paroles pour un absent. Rien pour lui signaler que les mots ont été entendus. Mort. Course dans les rues, à chercher un lieu. De ces hôtels qu’il connaît, là où il se réfugie souvent. Une chambre plutôt que sa maison trop grande. Là-bas, on ne le regarde même plus. Habitué des palaces. Singulier en costume et gosse sur l’épaule. Rien qui n’étonne. La chambre dégueule de luxe. Toujours la plus impressionnante qu’il demande. Tout ça pour un chiot boiteux. Garçon jeté sur le lit. « Tu sais qu’il faut arrêter, que tu vas finir comme tous tes camarades de la prison. Noyé. Du gâchis » Seringue entre les doigts. Garçon tremblant qu’il devrait sevrer, garder des jours, probablement des mois dans cette chambre. Le temps qui lui manque, sinon… il l’aurait déjà sauvé. Carcasse charmante. Veste déposée sur une chaise, manches de chemise relevées. Injection. A toujours se promener avec une dose sur lui. Aucune consommation depuis des mois. Au cas où qu’il dit. Assis au bord du lit, à observer l’abandonné. Il ne peut empêcher les doigts de courir au visage, d’enlever les mèches. « Je ne serai pas toujours là pour sauver ta jolie gueule, profite gamin… » Garçon embrassé. L’écart qu’il se permet toujours. Toucher quand il dort. Croire qu’il n’existe aucune attirance, aucun semblant d’émotion. Se mentir. Aux premières lueurs il n’est plus là. Envolé.

Voiture dans laquelle il remonte et s’enfuit vers le vieux-palais. Mission qui l’attend. D’un appel. D’une guerre dont il doit encore s’occuper. Pas le temps. Besoin d’un café. De quelques heures de sommeil. Colosse qui tombe dans la chambre d’une conditionnée. Ignore les remarques, les alertes. Un sous-fifre qui le réveille, lui ordonne de « dégager de là ». Grognement. Réveil maladroit. Le corps chancelle. L’esprit encore noué, il renie les ordres, et s’évade. La foule d’un après-midi. Galerie des Offices qui grouille de touristes, étudiants et curieux. Venu pour voir Carmilla. Déception. Absente pour la journée. A l’université. Des cours donnés. L’envie de demander à ce qu’elle quitte les cerveaux vides, le rejoigne. Egoïste amoureux. Epuisé, incapable de rentrer. Il se loge sur une banquette, ignore les touristes offusqués, s’amuse à les insulter. Yeux clos. Les conversations deviennent un centre d’intérêt, de ces vies qu’il ne souhaite pas connaître mais s’amuse à capturer des détails. Changement soudain. La cavale et son prénom qu’on fait résonner. Leone. Qu’ils sont rares à en avoir l’opportunité. Crachats de mots à son encontre. Joie qui déborde. Il n’ouvre pas les yeux. Sait ! « Tu ne regarde pas, tu ne sais pas regarder et c’est tout le problème » Difficile à trouver. C’est faux. Lui qui traine sa carcasse dans les mêmes endroits. Aisé à retrouver. Un soupir à la demande qui n’a pas changé malgré le temps. « Je t’ai déjà dis non » Implacable. « Je n’ai pas besoin d’un chien docile » D’un garçon, d’un amoureux, d’un idiot prêt à tout. Pas l’envie de gérer, d’avoir une vie dans les pattes. D’un geste il se redresse, indique au Perdu de le rejoindre. Le bras taché d’aiguilles qu’il attrape, serre et contraint Icare à ne pas s’évader une seconde. « Je me demande… qu’offres-tu pour une dose ? » La question jetée. La poigne au bras qu’il défait. Regard fixé sur la toile devant eux.
WILDBIRD
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MessageSujet: Re: VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone)   VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone) EmptySam 26 Sep - 21:27


veux-tu que je t’embrasse en crevant ?
leone & icare



Il est impressionné le gamin paumé, le cabot perdu. Alors il regarde, il fixe. Il fixe ce visage émacié, fin, buriné par le temps et les épreuves endurées. Il y a comme une véritable histoire sur ces traits taillés à la serpe, marqués par l’usure. Et Icare, il veut savoir. Il veut connaître l’histoire, le début et la fin. Tout. Le cœur qui bat jusqu’à ses tempes, il continue de l’observer. Comme si c’était une œuvre d’art qu’il avait devant lui, qu’il devait détailler. Il est beau. Il se souvient de ce regard sombre qu’il sentait glisser sur lui en prison. C’était comme une caresse indécente, intime. Il a envie de retrouver cette sensation. Comme un besoin, l’envie d’être offert à lui. Il voudrait le revoir, ce regard si noir, si profond. Il veut s’y perdre à nouveau. Se plonger dans cette mer tempétueuse jusqu’à s’y noyer de déraison. Ce serait doux, ce serait agréable. Il trouverait enfin sa place dans ce monde qui ne semble pas vouloir de lui. Mais les yeux restent obstinément clos et Icare sent la frustration poindre au creux de sa poitrine. Pourquoi ne le regarde-t-il pas ? Pourquoi ne lui jette-t-il pas même un rapide coup d’œil, léger ? Pinçant les lèvres, il prend son mal en patience. Accuse les mots cruels et durs. Froids. Il s’en fiche, il ne renoncera pas. Il sait qu’il n’est pas à la hauteur, à sa hauteur, mais il a le pourtant vain espoir de pouvoir mêler sa vie à la sienne. « Non, t’es difficile à trouver, c’est tout, se défend-il d’un ton boudeur comme un enfant. J’ai de très bons yeux. » Peut-être que Cerbère a raison, peut-être qu’il n’a pas su bien regarder là où il faut ; peut-être a-t-il été idiot. Mais tout ça n’a pas d’importance pour Icare parce qu’il a enfin retrouvé celui qu’il cherchait si désespérément. Son quotidien prendra d’autres couleurs maintenant. C’est pour ça que son cœur bat si fort contre ses côtes, parce que le grand homme de ses rêves et de ses délires est enfin à nouveau dans son champ de vision. « Allez, il supplie, la voix triste. Je pourrai me rendre utile, j’apprends vite et je peux tout faire. Je suis sûr que je peux te rendre la vie plus facile si tu me laisses une chance de rester avec toi. » Parfois même, il le voit quand ses veines sont bleues d’héroïne. Quand la drogue a remplacé son sang, sa raison. Il est là, au-dessus de lui. Si bienveillant, si tendre. Et Icare voudrait accrocher ses bras autour de sa nuque, voudrait mendier un baiser sur ses lèvres tremblantes et enflammées. Mais il ne peut pas, il n’en a pas la force. Alors il doit laisser son rêve, son délire de toxicomane s’échapper et c’est chaque fois une cicatrice de plus sur sa chair déjà tant mutilée. « Dis oui… Dis oui, Cerbère… » Il a envie d’être son enfant, son chiot docile et obéissant. Il est prêt à toutes les folies pour le satisfaire, le contenter. Il sait que Leone pourrait l’aimer. L’apprécier au moins. Et Icare n’a plus personne désormais. Plus aucune figure d’autorité vers qui se tourner. Plus de père, plus d’amant. Rien que des courants d’air qui s’enfuient trop rapidement. Il n’attend pas grand-chose, pas tellement. Il ne demande qu’un peu d’attention comme tous ces chiens qui remuent la queue en attendant leur friandise du matin. Il attend juste un regard, un seul regard. Juste ça, ça lui ferait du bien.

Quand Leone attrape son bras gauche, Icare grimace d’inconfort. Il se mord les lèvres jusqu’au sang face à la douleur de sa poigne peu tendre. La brûlure lui rappelle sa nuit de débauche, son corps qui se mue contre un autre dans l’espoir d’une simple dose. Il devrait avoir honte, il devrait se sentir sale – Icare s’en fiche. Il a besoin de son héroïne comme il a besoin d’air ; il a besoin de la drogue comme il a besoin de sa musique. Docilement, il se laisse conduire jusqu’au banc. Il s’assoit sans dire un mot. Il est juste content. Il n’a pas été aussi près de Cerbère depuis longtemps, trop longtemps. Le sourire enfantin, il tourne la tête pour continuer d’observer l’homme à ses côtés. Il a l’impression que jamais il ne pourrait se lasser. Tout le monde dans la Galerie est subjugué par les toiles, les œuvres ; Icare, lui, est subjugué par Leone. Son tableau préféré. Avec un coup au cœur, il comprend que l’adulte sait. Il sait pour la drogue. Il devrait probablement lui demander comment, lui demander pourquoi mais il sent juste ce sentiment joyeux et ce nœud d’excitation dans son estomac. Parce que Leone a fait attention à lui, parce qu’il a dû l’observer un petit peu au moins pour savoir ça. « Tout. » Un souffle, un murmure qui doit se perdre dans le brouhaha des touristes qui s’extasient tout autour d’eux. « J’offre absolument tout pour une dose, il répète, la voix vibrante, le souffle court comme entrecoupé d’un espoir insolent. Tout. » Pendant une seconde, il se demande les raisons d’une telle question. Icare a le cœur qui tambourine presque douloureusement et ses tympans sifflent. Est-ce que Leone allait lui faire une proposition qu’il ne pourrait refuser ? Est-ce que c’était ça ? Instinctivement, il se rapproche un peu de l’homme, comme mû par la force d’un désir aussi puissant qu’un ouragan dans tout son être. « Je suis prêt à faire tout ce que tu voudras, lâche-t-il, serrant ses poings comme pour s’empêcher de venir toucher la joue pâle à la pommette si saillante qu’on s’y couperait rien qu’en la caressant. Sans même pour ma dose. Juste parce que tu me le demanderas. » Il a la dévotion qui dégueule de ses lèvres, il vomit sa soumission. S’il osait, il se mettrait à genoux devant lui. Il le supplierait, encore et encore. Jusqu’à ce que Leone craque, cède. Il ne veut plus s’éloigner, il ne veut plus le quitter. Il sait qu’il ne lui rendra pas la tâche facile. Combien de fois lui a-t-il déjà dit non, Leone ? Beaucoup. Déjà en prison, il ne voulait pas de lui. Il refusait de le garder avec lui. Mais Icare vient de le retrouver, aujourd’hui. Ce doit être un signe, pas vrai ? Un signe. Le signe qu’Icare est fait pour le servir, qu’Icare doit le servir. « Je te demanderai rien, rien du tout. Laisse-moi rester avec toi. Et je ferai tout ce que tu me demanderas. N’importe quoi. » Tout, absolument tout. Le gamin veut l’attention du grand homme, veut le regard sur lui. Le chiot perdu veut retrouver son maître, se sentir à l’abri. Et Icare, en bête abandonnée qu’il est, espère retrouver auprès de Leone son véritable foyer.

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Leone Duccio

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MessageSujet: Re: VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone)   VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone) EmptyLun 28 Sep - 21:14


   
hell in your eyes
   Oh, Lazarus
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« Tu ne sais pas où chercher, tu fouilles mais sans regarder » Une ombre planant sur la carcasse du gosse. Les serres retenant le corps sursautant de spasmes. A chaque erreur, chaque pas de côté, il était, est, sera là. A veiller. Les enfants perdus qu’il ramasse. Certainement pas pour la gloire, la satisfaction orgueilleuse, la volonté de contrarier Dieu dans ses plans. Rien de tout ça. Rien de ces passions qui déchainent les autres. Il sauve parce qu’il le peut, qu’il leur doit ça. Leone qui était comme eux. Peut-être pire parfois. Un batard d’une famille régnante. Un Médicis craché sur le parvis, laissé pour mort. Lui aussi a connu la rue et les promenades jusqu’à en perdre son nom. S’abaisser pour quelques regards, pièces. Parce qu’il connaît leur misère, il aide, il prend avec lui, sur son épaule et soigne. Pas tous. Ça serait du suicide. Quelques uns. Ceux qui attirent l’œil. Pas les plus dégueulasses visuellement. Les beaux garçons, les filles sublimes, les ravagés par la vie. Les cœurs criant à l’unisson. La douleur pour bannière. C’est eux qu’il garde précieusement. Ces écorchés, ces cabossés de la vie. Les hargneux. Icare est différent. Rencontre à la prison. Un gosse passant de main en main, la bouche ouverte pour le foutre des chiens. Observer. Il n’aurait pas du le sauver ce jour-là, s’était juré de l’abandonner – pas assez fort. Incapable. Et la réalité venait de lui sauter à la gueule. Vivace. « Nuance Icare… nuance. Tu as de jolis yeux mais ils sont inutiles, encrassés par je ne sais quoi » Leone ne regarde toujours pas, se moque un peu. Il sait à quel point le gosse à besoin de lui. Gosse ? La trentaine est dépassée. Il n’a plus rien d’un gamin, et pourtant… il n’en possède pas l’enveloppe d’un adulte, les responsabilités, ce manteau lourd de préoccupations. Non. Icare n’en a que pour sa dose et sa musique. Beau garçon, doux rêveur.

« De quoi penses-tu que j’ai besoin ? » Fracas des ambres. Il cogne pour la première fois, cherche le regard. Icare qui est prêt à tout, Icare qui se donne, offre sa maigre carcasse pour un peu d’attention. Des chacals en feraient un esclave, un garçon prosterné. Des fantaisies qu’il ne possède pas. L’idée donne la gerbe. A repenser à ces gosses vendus, ces garçons perdus. Il ne veut pas d’Icare, pas comme ça. Le sauver de sa misère, l’enfermer entre quatre murs. Ce n’est pas un oiseau à mettre en cage, les plumes à retirer. Talent. Pourtant, il voudrait ne plus voir ce don être partagé. Le violon qu’il a entendu une fois, ce son incroyable. A se fondre dans la masse, à se dérober à son regard. L’admiration pour les musiciens, ces artistes. « Tu trainerais dans mes pattes, tu supplierais pour de l’attention » Ce qu’il est déjà en train de faire. La voix trainante, les yeux d’un gosse souhaitant le dernier jouet à la mode. Presque comique comme attitude, ce besoin, cette nécessité d’exister dans le regard d’un autre. L’attention.

« Es-tu jaloux Icare ? » Considération soudaine pour la proposition. Leone ne le regarde plus, observe les touristes, cette ribambelle d’ignares venus piétiner les Offices, eux qui se pressent, eux qui intoxiquent les lieux. Il aimerait à demander leur fuite, privatiser l’endroit. Donnez-moi cette salle, parquez les animaux ailleurs. Merci bien. Utopie. Il passe une main au visage, les traits fatigués, la journée impossible. Du sommeil qu’il réclame, quelques heures. Mais c’est encore Icare qui se trouve devant lui, à demander. Garçon terrible. « Tu crois être le seul, tu crois qu’il n’y a que toi, n’est-ce pas ? Et les autres, vas-tu les tuer ? » Les filles qu’il baise, les garçons qu’il prend. Ces vies maculées, ces étrangers entrants et pourrissants. Leone n’octroie pas la place unique. La couronne de petit roi pour une seule personne. Les amours multiples. Au besoin de saccager des corps, de massacrer. A ne pas savoir aimer. Carmilla sonne à sa mémoire ! C’est autre, c’est plus décadent encore. D’elle qu’il n’aura jamais. Leone se demande, questionne la jalousie d’Icare. Capable de tuer ou passif ? Il s’imagine déjà enrouler les doigts à la nuque, serrer, serrer et attendre, l’entendre suffoquer, supplier. Son glorieux. Plus tard. Ses fantaisies n’ont pas leur place, pas encore.

Cerbère. Une identité offerte en prison. A chacun son petit surnom. Pas le plus désagréable pour lui, assez pour éloigner la plèbe des petits malfrats. « Cerbère… je me suis toujours demandé pourquoi ils avaient choisi ce surnom. Parce que je les regarde se débattre sans même achever leur souffrance ou parce que la musique m’apaise ? » Les corps torsadés de douleur, le carmin à leur gueule magnifiée. Il n’est jamais intervenu, pour aucun, sauf Icare. Lui qu’il a sauvé des eaux troubles. Ses bourreaux martelés de coups. Une décision qu’il en vient parfois à regretter.

Les lèvres mordues, le sang qu’il observe. Un instant il veut s’y pencher, lécher et embrasser mais c’est un geste avorté, comme beaucoup d’autres. Le refus de donner au garçon ce qu’il souhaite. Le refus de l’emmener. Détruire. « Tu aurais du comprendre que la dévotion ne m’intéresse pas » Les genoux à terre, ces supplications qui gémissement. C’est l’envie de claquer, de porter un canon dans la bouche et d’exploser le crâne. Qu’il se taise. Par pitié, qu’il arrête ! « Ce ne sont pas tes mots, tes regards, ce dégueuli larmoyant qui va me faire céder » La voix tonne, un avertissement qu’il adresse alors que la colère se loge seulement derrière un tic de lèvre. « Ce que je te demande Icare… c’est ça » Le bras qu’il reprend entre ses doigts, serre jusqu’à stopper le flot de sang. Appui sur le bleu des aiguilles. Envie de tordre. « Combien de temps avant qu’ils le coupent ? Quelques mois, quelques jours ? » Les traces qu’il a observé plusieurs fois. Les tâches d’un vice qu’il partage. « Tu gâches ton talent. Je ne veux pas d’un drogué, de tes tremblements, de tes gémissements parce que tu n’as pas de quoi te défoncer » Les conditions sont posées. Lentement il se lève, le corps endolori d’une nuit absente. La main toujours au bras du garçon, il le contraint à faire de même, puis relâche. S’écarte. « Suis-moi » De pièces en pièces, ils déambulent. La foule comme obstacle. Plusieurs fois il joue à se perdre au regard d’Icare,  à voir si il est suivi. Arrêt soudain devant une toile. Caravage y déploie ses amours pour un garçon. Bacchus. « J’apprends que tu vends une information à mon sujet, je t’étrangle avec les cordes de ton violon… car c’est peut-être ce que tu es Icare. Un menteur ». Supposition que sa vie est espionnée. Que celui qui supplie est à l’achat d’un autre. Soudaine paranoïa.

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MessageSujet: Re: VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone)   VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone) EmptyMar 29 Sep - 10:45


veux-tu que je t’embrasse en crevant ?
leone & icare



« Alors, apprends-moi à regarder, il souffle, toujours empli d’un espoir complètement fou. » Il sait que Leone ne veut pas de lui, n’a jamais voulu de lui. Déjà, à la prison, il ne cessait de lui répéter qu’il ne lui serait d’aucune utilité. Qu’il n’avait pas besoin de s’encombrer d’un nouveau fidèle. Mais Icare n’avait d’yeux que pour lui, et lui seul. Il n’avait personne d’autre. Il avait choisi son nouveau maître. Mais Leone avait été relâché et Icare s’était retrouvé seul. Sans repère. Le cauchemar avait été réel et il s’était fait la promesse de retrouver celui qu’on appelait Cerbère à sa sortie. C’était cette pensée-là qui l’avait fait tenir pendant les deux années qui ont suivi la disparition de Leone. Et maintenant qu’il le retrouvait enfin, Icare se revoyait encore entre ces murs de béton à désespérer d’attirer un jour son attention. Quand les grands yeux trop sombres viennent se heurter aux siens, le brun frissonne. Il y a comme un courant électrique qui lui traverse l’échine. De quoi Leone aurait-il besoin ? De tout, de rien. Il ne sait pas ce qu’il pourrait bien lui offrir – Icare n’est pas le plus riche, pas le plus intelligent. Il est seulement rusé, débrouillard. Perfide quand il le faut. Icare, il connaît les rues de la ville comme s’il les avait imaginées des siècles auparavant. Comme s’il avait été là, lorsque s’étaient construits les murs de Florence. Bien sûr qu’il serait capable de supplier pour un peu d’attention. Icare a besoin de ça, d’un regard sur lui. De son regard sur lui. « Je pourrais être tes yeux et tes oreilles dans toute la ville, rétorque-t-il avec un tremblement dans la voix. Apprends-moi tout ce qu’il faudra et je pourrai te servir. Je serai bon élève. » Parce qu’Icare connaît déjà beaucoup de ficelles ; parce qu’Icare connaît déjà les manipulations. On les lui avait apprises avant qu’il ne termine en prison. La question l’étonne un peu et le brun fronce les sourcils. Nerveux, il laisse son regard dévisager tous ces inconnus. Qu’est-il censé répondre à ça ? Jaloux, lui ? Il avait appris à partager. Il avait appris qu’il était toujours la possession, jamais le possesseur. Et ce serait pareil avec lui, avec Leone. Avalant sa salive, il mordille sa lèvre inférieure. Est-ce une question piège ? Quelle réponse va le satisfaire ? Oui, non ? Peut-être ? « Est-ce qu’il faut que je le sois ? il préfère alors éluder, sans répondre directement. Est-ce que je dois me montrer jaloux de tous ceux que tu côtoies pour que tu t’intéresses un peu plus à moi ? Est-ce qu’il faut que je tue quelqu’un pour m’assurer ton regard sur moi ? » Icare serait prêt à le faire. Si Cerbère le lui demande, il le fera. Il croit. Il n’a jamais eu de sang sur les mains, n’a seulement vu que le sien couler de ses plaies béantes qui cicatrisaient mal. Le brun a parfois l’innocence d’un enfant de cinq ans dans le corps d’un adulte de trente-trois. Il a les rêves, les espoirs de ces mômes qui pensent encore que leur vie sera le conte de fées qu’ils ont lu dans un livre le soir et la mémoire d’un vieillard qui a déjà tout vu, tout vécu, fatigué de la Vie elle-même. Icare ne sait pas. Il ne sait pas qui il doit être. On lui a toujours donné une identité à travers son maître. Mais aujourd’hui, il n’en a plus, chiot abandonné sur le bas-côté de la route. Et Icare est perdu.

« Je joue de la musique, lâche-t-il comme pour donner une nouvelle raison de lui laisser sa chance. » Mais Leone ne s’y intéresse pas. Leone continue de le repousser. Le brun n’arrive même pas à en être blessé, encore persuadé qu’il arrivera à ses fins. Il est capable de tout si on le lui demande. Cerbère lui a sauvé la vie, il est normal qu’il lui offre son existence en retour. C’est une dette marquée au fer rouge sur son âme, une dette qu’il ne pourra effacer qu’en se donnant entièrement à Leone. Il ne semble pas comprendre, ne semble pas vouloir comprendre. Et Icare courbe l’échine, réflexe de protection. Comme un enfant, il aimerait pouvoir simplement se boucher les oreilles et hurler pour ne pas entendre les mots qui font mal. Les paroles qui laissent comme des cicatrices sur son cœur. Il y a sûrement un peu de colère dans la voix du grand homme mais le brun ne veut pas y faire attention. Il ne veut pas avoir peur. Mais il a peur. Malgré lui, il a peur. Encore plus quand la grande main s’enroule autour de son bras, juste à la pliure. Juste là où les traces de piqûres lui trouent la chair dans un mélange de bleu et de marron. De noir. Couleur d’une mort certaine à venir. Doucement, il gémit sous la douleur. Halète. C’est comme un incendie qui se propage dans tout son être. Il ne veut pas voir cette réalité en face. Il ne veut pas imaginer son bras amputé, ses rêves sacrifiés. La musique, c’est toute sa vie. S’il n’a plus de bras, il ne pourra plus jouer. Et cette éventualité lui a pourtant déjà effleuré l’esprit, à maintes reprises, mais Icare l’occultait avec une violence telle qu’elle arrivait encore à se fracasser contre le mur de ses rêves. « Arrête… » Un geignement à peine audible, la dernière supplique d’un condamné. Icare ne peut pas comprendre tout à coup que son bras est perdu. Que sa vie est foutue. Il veut encore garder l’espoir fou que tout s’arrangera. Que les marques disgracieuses sur son bras disparaîtront. Comme par magie, comme par enchantement. Un nouveau gémissement de souffrance s’échappe de ses lèvres entrouvertes lorsque Leone le force à se lever. Tant bien que mal, il essaie de le suivre à travers le dédale des pièces immenses et de la foule trop compacte. Un instant, Icare pense l’avoir perdu de vue, s’imagine déjà hurler à nouveau son prénom, puis la silhouette se dessine plus loin vers d’autres portes, à l’entrée d’une autre pièce encore. Il a le souffle un peu court quand il retrouve Cerbère posté devant une toile, le regard absorbé par la peinture. Icare n’y accorde que peu d’attention, tout entier tourné vers Leone comme s’il était tout son monde. Tout son univers. Instinctivement, il se poste face à lui, ses doigts se cramponnant à la chemise légèrement froissée. Sa défiance le blesse un peu mais il comprend. Icare comprend. « Si tu me laisses être à tes côtés, jamais tu n’auras à te demander si je vais te trahir un jour. » Sa voix tremble. « Je te serai fidèle et je ne servirai que tes intérêts, tu as ma parole, assure-t-il avec ferveur, la proximité soudaine l’intoxiquant presque. Je préférerais mourir plutôt que de te décevoir. Quand je donne ma loyauté, je la donne à vie. » Et Leone sera sûrement celui qui l’abandonnera en premier. Quelque part, Icare en est conscient mais accepte cette réalité. « Alors… est-ce que ça veut dire que je peux rester ? » Yeux brillants, l’espoir qui dégouline des lèvres rosées. Le cœur s’écorche jusque dans les tempes. Les mains se resserrent sur le tissu, le corps qui se rapproche un peu plus. Un parfum, viril et boisé, qui enivre aussi fort qu’un alcool. La tête qui tourne. Les nouveaux rêves devenus plus concrets.

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MessageSujet: Re: VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone)   VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone) EmptyDim 4 Oct - 10:37


   
hell in your eyes
   Oh, Lazarus
How did your debts get paid ?
Apprendre à regarder, un jeu qu’il aimerait à lui montrer. Observer la foule, déduire des détails, ne rien rater d’un geste et tout interpréter. Observer les fuyants, les menteurs, les peureux, les voleurs. En comprendre les secrets, ce qui grignote les entrailles. Il pourrait, il voudrait. Plus tard certainement. Le temps manque. Leone n’est pas là pour quelques discours académiques sur la filature, ou sur le regard. Tes yeux et tes oreilles offre l’idiot. A croire que ça serait suffisant, qu’il a besoin d’un cabot pour aboyer à chaque danger. « Est-ce que tu sous-entend que je ne sais pas faire mon job ? » moquerie qui roule à la voix. Un écho doux. Il possède déjà une belle poupée pour ça, pour aller au devant des autres, pour massacrer la vermine. D’un clébard obéissant, c’est pour la cave. Aucune envie de l’entendre couiner. Durant une seconde il détourne le regard vers la foule, comprend qu’il n’a jamais mentionné ce qu’il fait à Icare. Qu’il n’en a jamais parlé de ça, de ses mains rougies, du fait qu’il est du ‘’bon côté’’.

La pression s’accentue sur le bras, à la jointure, là où tâche encore l’héroine qu’il lui a injecté. Certainement moins dégueulasse que celle qu’il se prend, mais pas moins dangereuse. Peut-être même plus. Leone appuie jusqu’à la douleur, jusqu’au couinement de la supplication. « Tu sais ce que je leur demanderai… aucune anesthésie » A ces médecins qui viendraient pour assassiner le bras, scie levée, os décapité. Au-revoir le talent. « Que tu comprennes ce qu’on te retire. Un bras pourri, alors que le talent est là » L’accusation qu’il porte, qu’il crache sans se soucier du mal qu’il peut provoquer, de la douleur qui doit irradier. Gamin idiot. Né avec une capacité et qui crame tout autour de lui. « Mais demande-moi Icare, j’écoute. Tends-ton bras. Je n’ai pas besoin d’un diplôme de médecine pour savoir qu’un canon pointé juste là serait suffisant » Exploser le membre d’une balle, réduire à néant toute capacité de jouer. Leone en serait incapable, là, de dérober ce qu’il reste à Icare, et surtout de bafouer un artiste. Lui qui les aime, qui les observe. Autant les grands, les reconnus que ceux de la rue, ces petits qu’on ignore, sur lesquels on s’arrête quelque seconde, effet de masse, troupeau de moutons qui n’y comprennent rien. Lui se met toujours en retrait, observe les gosses et leur talent, les plus miséreux qui n’osent pas se présenter au Conservatoire. Parfois, il aimerait à leur prendre la main, à les emmener devant les portes. Va jouer. Arrête de mendier, utilise ton don ! Trop aisé à dire. Lui qui vit au dessus des vies, dans le faste qu’il vole. La rue est devenue étrangère, il ne peut plus prétendre à la connaître, à être comme eux, enfant abandonné. Les égarés d’un Peter Pan ne voulant plus d’eux.

Ils sont debout, face à la foule et pendant une seconde, il songe à fuir, à le laisser ici, à ne plus jamais le revoir, et surtout l’aider. Sortir de sa vie. Ne plus intervenir. Ne plus jouer au fantôme. Partir. Abandonner. Lâche ! Leone se mêle à la foule, amorce un cache-cache parmi les touristes. Aisé d’y perdre quelqu’un. Gauche ou droite. L’une des directions mène à la sortie, l’autre… l’autre débouche sur un tableau. Figé devant la toile, il attend le retour d’Icare. Joli garçon qui se loge à son regard. Les mains timides à la chemise. Il laisse faire, il est curieux de voir jusqu’où il pourrait aller. La main droite remonte le long du dos, taquine les vertèbres qu’il semble compter, juste un leurre avant que la prise se fasse à la nuque. « Ils disent tous la même chose, ce même discours où ils prétendent ne pas connaître la trahison » Ils. De ces quelques figures qu’il a sauvé, eu dans ses pattes, eux qui ont vendu des informations, ont préféré lui tourner le dos pour quelques belles paroles des serpents et la suite ? Cadavre dans le caniveau. « Tu penses être en sécurité avec moi ? Protégé de tous les molosses » Un rire qui résonne doucement à l’oreille d’Icare. La stupidité d’un garçon croyant avoir trouvé refuge. « Ils étaient tendre à la prison » Ces affamés qu’il a vu, eux qui ne voulaient que baiser, saccager et ne plus en parler. Juste là pour se défouler. Aisés à calmer. Icare ne sait pas dans quoi il s’engage. Garçon amoureux probablement. L’idée amuse Leone. La pression à la nuque se fait plus important, les os qui roulent sous ses doigts. Corps accroché au sien. « Tu es vieux Icare. La trentaine… je préfère les garçons, jeunes, de trop… mais puisque tu sembles serviable, tout autant qu’un cabot, pourquoi ne pas te donner une chance ? » Le corps qu’il rejette au loin. Ecarte toute effusion sentimentale. « Tu me demandais si je voulais te voir tuer pour moi… la réponse est oui » Soufflée. Retour sur un sujet qu’il avait laissé en suspens. Il s’éloigne encore, mais pour la sortie, pour une cigarette devenue nécessaire à sa survie. « Enlève une corde à ton violon et choisis une personne dans la foule, pas une personne qui te semble solitaire, mais quelqu’un qui a de la famille » Un jeu. Toujours.


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MessageSujet: Re: VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone)   VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone) EmptyDim 4 Oct - 18:28


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Il a peur, l’enfant perdu. Il a peur de ces yeux trop froids, de ces mots trop durs. Icare a peur de Leone, de ce qu’il est capable de faire. Il ne veut pas perdre son bras, son seul moyen de survivre ici-bas. Que sera-t-il sans musique ? Que deviendra-t-il sans son violon, sans cette passion qui le dévore un peu plus chaque jour ? Icare se sentirait perdu s’il ne pouvait plus laisser les notes s’échapper de son vieil instrument. Et la douleur, brûlante, qui irradie dans tout son corps à la seule pression sur son bras, là où les veines semblent dégueuler encore un peu d’héroïne. Son estomac se serre, fait remonter la bile jusqu’à ses lèvres. Il imagine sa peau qui se déchire, une partie de son être qui se meurt. Leone ne peut pas lui faire ça, pas vrai ? Il n’oserait pas. Il n’oserait pas le torturer à ce point-là, hein ? Il est presque tenté de le lui demander tandis que le grand homme s’échappe, se volatilise dans la foule trop dense. Et le jeu du chat et de la souris instauré lui fait oublier ses questions, ses doutes. Il suit aveuglément les traces de Leone dans la galerie, essaye de repérer sa haute silhouette, son parfum à travers les touristes. Et quand il le retrouve, Icare n’a que le réflexe de se presser contre lui. Il quémande, il halète. Supplie pour seulement quelques miettes. Il ne veut plus le quitter, pas après tout ça. Le grand gamin frissonne au contact de la main sur lui. Combien de fois l’a-t-il rêvée, imaginée sur sa peau nue ? Retenant sa respiration, il a un hoquet tandis que les doigts se referment sur sa nuque. Le corps un peu plus tendu contre celui de Leone, son souffle s’agite. Il peut presque sentir le goût de l’homme sur ses propres lèvres. Il n’a sûrement jamais été aussi proche, aussi près. S’il se redressait un peu sur la pointe des pieds, Icare pourrait l’embrasser. Pendant une seconde, juste à peine, il s’imagine en train de le faire. En train de ravir cette bouche vermeille qui semble l’appeler. Il rêve d’une saveur de sang sur sa langue, la morsure d’un baiser qui fait mal. Il suffirait juste qu’il accroche la nuque, le rapproche un peu plus. Juste un peu. « Je ne te demande pas de me protéger, il murmure d’une voix trop rauque, les joues trop rouges, le cœur trop fébrile. C’est moi qui te propose d’être ton bouclier. Ton armure. » Les défenses, les hautes murailles. Prendre les coups à sa place, prendre une balle pour lui – Icare le ferait. Et même si le rire de Leone sonne mal à ses oreilles, même s’il lui écorche la peau comme une lame, le brun veut continuer d’espérer. Continuer de réclamer, encore et encore, jusqu’à obtenir sa place auprès de lui. Et la proximité l’étouffe, l’envahit. C’est comme s’il se sentait écrasé par le poids de l’homme tout contre lui. Il semble partout, tout autour de lui, le pénétrant jusque dans ses os. Icare veut Leone, d’une manière folle et démesurée. Il le veut à s’en damner. Le regard brillant d’envie, d’espérance, il ne s’attend pas à ces mots si durs. Si criants de vérité. Et il se sent blessé, humilié quand il est une nouvelle fois repoussé. « Je sais faire des choses que tes jeunes puceaux n’ont même encore jamais imaginées, contre-t-il, menton levé, gamin effronté qui n’a peur de rien. » Mais il y a malgré tout cette petite pointe entre ses côtes qui le fait souffrir face à cette réalité.

L’éloignement forcé laisse comme un gouffre au creux de son estomac. Leone a réinstauré ce vide entre eux et Icare ne le supporte pas. Il sait qu’il n’est plus aussi jeune, que le temps, la vie commencent à faire son œuvre sur lui. Et s’il a encore les manières d’un enfant capricieux, il ne peut effacer les années qui passent sur son visage émacié. Il aimerait se rajeunir, enlever dix ans, quinze ans peut-être à sa vie pour lui plaire un peu plus mais c’est impossible. Icare ne peut qu’espérer que Leone l’accepte tel qu’il est avec tout ce qu’il serait capable de faire pour lui. Il ne mentait pas quand il disait qu’il ferait tout – même tuer. Mais il n’est qu’un gosse en recherche d’affection, il n’est qu’un vulgaire chien en attente de son maître. Tuer, il ne sait pas faire. Il ne sait pas comment faire, il n’a jamais fait. Il y a parfois ces pulsions de colère qui sont comme un incendie mais ça ne dure jamais bien longtemps. Ça n’est jamais assez fort pour qu’il en devienne violent. Alors quand Cerbère lui demande de repérer une âme quelconque parmi la foule, de l’étrangler avec une corde de son violon, Icare se sent pâlir soudainement. Puis il fronce les sourcils, se lance à la suite de Leone qui, encore une fois, s’enfuit. « Personne ne touche à mon violon, il argue avec fureur, le ton mécontent. Cet instrument, c’est tout ce que je possède de valeur. C’est tout ce que j’ai. Il est l’objet le plus précieux de ma vie toute entière. J’y tiens comme à la prunelle de mes yeux. » Et sans son violon, Icare n’est rien. Il est autant son salut que son gagne-pain. Si demain il ne joue pas, il ne sait pas ce qu’il deviendra. Fou, sûrement. Perdu, probablement. Parce que le bois vieilli sous ses doigts est la seule sensation qui l’apaise, lui rend le sourire. Lui donne la force de combattre la douleur, le froid. De combattre la Vie. « Hors de question que je le souille du sang d’une personne inconnue. » Il cache les tremblements de ses doigts en serrant un peu plus fort son violon contre lui. Il a peur, encore un peu plus. Parce qu’il veut plus que tout accéder à la requête de Leone mais il ne sait tout simplement pas comment faire. Mais il ne sait tout simplement pas comment devenir ce meurtrier-là. « Et suis-je censé savoir comment on fait ça juste parce que tu viens de me le demander ? Je n’ai jamais… » Tué auparavant. Ôté une vie auparavant. Icare n’était rien, Icare n’était pas grand-chose. Certainement pas un tueur de sang-froid. Il va et vient là où le porte le vent mais ne s’attarde jamais. Complètement dépassé par la situation, Icare accroche le bras de Leone pour le retenir, l’empêcher de partir. « Pourquoi ? » Un murmure, un peu honteux, un peu timide. Il aimerait comprendre. Il a toutes ces questions qui se bousculent à l’intérieur de son crâne à l’en faire exploser. « Pourquoi une personne inconnue de la foule ? Pourquoi une personne innocente ? Pourquoi quelqu’un qui a de la famille ? questionne-t-il avec l’innocence d’un enfant en pleine découverte du monde. Pourquoi ici et maintenant ? » Leone sait-il ce que c’est de ne pas avoir de famille, de perdre ses parents quand on n’est pas plus haut que trois pommes ? Leone n’a-t-il personne, n’est-il donc entouré que de ses ‘jeunes’ dont il parlait tout à l’heure ? Icare serre les mâchoires, confus. « Pourquoi tuer pour le seul plaisir de l’acte ? Est-ce que c’est ce que, toi, tu fais ? Tuer. Tuer pour la simple sensation du pouvoir ? »

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MessageSujet: Re: VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone)   VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone) EmptyLun 19 Oct - 17:41


   
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Un bouclier qui se dresse fièrement devant lui. Petit garçon qui voudrait prouver à son père qu’il est digne. L’image lui arrache un sourire, une expression boiteuse qui n’a pas sa place ici, sur son visage tiré de fatigue. Leone resserre doucement la prise à la nuque, d’un regard lointain, c’est une embrassade, mais de près, ce n’est que violence. Acte barbare. Garçon proche mais qu’il tient à distance, éloigné de ce qu’il souhaite. Leone voudrait, imagine, y mordre les lèvres, effleurer la joue rougie et ravager la peau de marques. C’est tentant, ça l’a toujours été, peut-être un peu plus maintenant. Barreaux absents. « Tu n’es pas capable de te protéger Icare. Tu geins dans les caniveaux, tu n’es plus rien, qu’un corps maigre et tu crois pouvoir me protéger ? » Des cailloux dispersés, des indices pour l’ombre silencieuse qui traine toujours dans les pas du garçon, une seconde qui protège, qui n’abandonne pas.

Le pouce passe sur les lèvres de l’effronté.  La mention des autres, des plus petits, des trop jeunes. Ces gosses ayant à peine atteint les dix-huit. Parfois tout juste quinze. Monstre et ses appétits qui ne savent être rassasiés. Leone les aime, les délaisse, les reprend et les abandonne. Valse sans fin. Appétits. Lui qui ne sait se contenter de ce qu’il peut s’offrir, à toujours chercher plus, eux, ceux qui ne sont pas à vendre, ceux qui ne devraient pas donner leur corps. Et Icare qui se croit plus grand qu’eux tous, capable de plus grandes prouesses. Amusant. « Je pense que la prison t’a offert une bonne expérience… effectivement » Moqueur des sévices qu’il imagine, de cette peuplade crasse étant passé sur le corps d’Icare. Leurs mains dégueulasses. L’enfant contre le mur. Il a vu Leone, et a connu, au début, avant qu’il assassine le bourreau. Le sujet s’éteint. Il ne souhaite pas revenir sur les souvenirs de la prison, sur ces instants, ces quelques mois enfermé.

Le regard vogue vers le violon, son unique possession, l’instrument qu’il a plusieurs fois observé, se demandant où Icare a pu trouver un objet d’une si belle facture. Certainement pas payé. Dérobé, comme tout le reste. « A qui l’as-tu volé ? » La question, l’accusation surtout. Pour cette beauté entre des doigts fragiles, contre un drogué. Lui qui pourrait lâcher le bois à tout moment.

Au devant de la galerie, il observe les passants, cette foule d’innocents, de ces vies qui se croient sans aucun vice. Et Icare qui s’offusque. Pensait pouvoir ramper entre ses jambes sans rien payer. Un innocent. Le terme fait rire. « Icare… le garçon innocent qui n’a jamais tué. Existe t-il dans cette ville, une personne ayant encore les mains blanches ? Serais-tu cet immaculé ? » Tous ont péché, tous ont les doigts tachés. Qu’ils se croient instruments du diable ou acteurs. Les immaculés sont des conneries pour apaiser les maux, croire qu’il existe encore quelques purs dans une ville où serpente la mort. « Une personne inconnue car nous n’avons pas le choix. As-tu de la famille ? » L’inconnu est plus aisé à abattre. Entrer et sortir de sa vie en quelques secondes, pas de compte, pas de lien. Pas de flics sur le dos. Cigarette qu’il écrase, une seconde qu’il allume. « Une innocente, car c’est plus… distrayant » Tuer les salis devient emmerdant. Gloire sur l’instant et après ? Les innocents, c’était son vice. Avant. Plus maintenant. « Je tue car j’en ai le droit. On me paie pour ça, pour loger une balle dans la tête de qui je souhaite » Fierté d’un soldat de plomb. L’arme qu’il cajole depuis la fois où on lui a donné. Permis de tuer. « Il faudra que tu me prouves ta loyauté Icare, mais rentrons… que tu découvres autre chose qu’une niche » Le véhicule dans lequel il s’engouffre, laisse Icare le rejoindre.


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MessageSujet: Re: VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone)   VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone) EmptyMar 20 Oct - 21:54


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leone & icare



Il essaye de rester concentré, de ne pas se laisser atteindre par toutes ces paroles qui font mal. Qui le piquent à l’endroit le plus douloureux – sa fierté. Icare ne cille pas, tente de rester stoïque. Il est fort, il s’est promis d’être fort à sa sortie de prison. Parce qu’il est seul, parce que personne ne sera là pour l’attendre. Parce que ce qu’il a vécu derrière les barreaux ne devait jamais se reproduire. Alors, jour après jour, il se construit de hautes murailles, se cache derrière des remparts branlants. Petit garçon effrayé par ce monde qui ne l’aime pas, qui ne veut pas de lui, il se réfugie dans l’ombre de ce géant qui lui a sauvé la vie. Mais le géant ne veut pas du petit garçon, il le repousse. Le maltraite d’une façon pourtant si douce quand ses mains se font fermes et rudes sur sa peau. Icare voudrait plus. Tellement plus. Alors Icare doit fermer son petit cœur et ne pas se laisser envahir par les souvenirs qui viennent se fracasser contre lui comme autant de vagues glacées – Leone ne cherche qu’à le déstabiliser. Rien de plus. C’est un test, simplement un test. « Je pourrai te protéger parce que je n’accorde aucune valeur à ma propre vie et ferai toujours de la tienne ma priorité. » Il n’a pas peur de mourir, l’insolent. Bien des fois, il s’est vu partir et n’a pas tremblé devant cette terrible éventualité. C’est peut-être parce qu’il est déjà mort, au fond de lui. Là, dans son cœur et dans son âme. Comme s’il n’était plus qu’un simple corps qui marchait ci et là sans but aucun. Icare est devenu robot et c’est parce qu’il n’aura pas peur d’être tué à la place du Cerbère que ça fait de lui un atout de choix. Aucun instinct de survie, aucune raison de vivre sinon de protéger la vie de l’autre. N’était-ce pas ce que Leone aurait attendu de quelqu’un ? Serrant les mâchoires, Icare repousse la sensation visqueuse des mains étrangères qui ont souillé sa peau pendant toutes ces années. Pourquoi lui rappelle-t-il ce cauchemar ? Pourquoi ramène-t-il à son esprit toutes ces images dégueulasses qui laissent comme un goût acide de bile sur sa langue. Il était là, il sait. Il a vu tout ce qu’ils lui ont fait. C’était lui-même qui l’avait empêché de mourir pour de bon sous les coups de reins de ces prisonniers. Et la honte resterait gravée sur sa chair. Il fronce les sourcils sans répondre face à ce sourire trop narquois. Icare ne veut pas en parler, pas maintenant. Pas ici. Parce que c’est sûrement encore trop douloureux, parce qu’il y a trop de rancœur en lui. Il n’est pas là pour parler du passé mais pour se forger un avenir. Pour servir celui à qui il doit la vie. Qu’importe le reste. Il oubliera tout lorsqu’il aura sa place auprès de Cerbère. Il le sait, il le sent. Il y a comme une certitude au fond de son cœur qui lui souffle que sa vie est là désormais. Il n’a plus rien, plus personne à part lui. Et il serait prêt à n’importe quoi, à tout pour être enfin accepté. Être aimé de lui. Il ne veut pas d’un conte de fées, il ne veut pas d’une jolie histoire ; Leone serait incapable de ça. Il veut seulement réapprendre à vivre pour quelqu’un comme il l’a déjà fait. Icare ne sait pas exister pour lui-même, il n’a jamais connu ça. Alors il vit pour les autres, autant qu’il peut. Quitte à se fracasser contre un mur à toute vitesse ensuite. « Je ne l’ai pas volé. On me l’a offert. » Trop de souvenirs, trop d’images. Icare deviendra-t-il fou de toutes ces émotions différentes et violentes ?

Sans un mot, il observe la foule autour d’eux. Tous ces gens qui vivent, existent sans avoir la moindre idée que le Cerbère désirait leur dernier souffle. L’idée d’abattre lui est étrangère. S’il a des accès de violence et de fureur, Icare n’est jamais véritablement passé à l’acte. Il ne sait que voler, suivre, charmer puis s’enfuir dès le soleil levé. « Je ne suis pas plus innocent qu’un autre, il argue fermement. Je n’ai juste jamais ôté la vie. Il y a une différence. » Est-ce qu’il serait prêt à franchir cette limite ? Une frontière dont on ne revient pas, jamais. Est-ce qu’il souillerait ce dernier morceau de son âme pour satisfaire les désirs pervers d’un démon aux yeux de braise ? Peut-être. Probablement. Leone n’aurait qu’à le regarder, l’effleurer du bout des doigts et Icare lui serait entièrement soumis – plus qu’il ne l’est déjà. Peu à peu, il voit la ville, ses habitants à la façon du Cerbère. Il voit le sang, les crimes ; il voit l’harmonie dans le chaos. La déchéance. Il voit ce monde où règne une guerre sans fin. Est-ce que ça rendait les choses plus faciles, le meurtre plus aisé ? Est-ce que c’était plus simple de tuer en sachant que la personne était damnée de toute façon, en voyant chacun de ses défauts s’inscrire sur sa peau comme autant de cicatrices laides et repoussantes ? La question lui brûle les lèvres, elle est juste là sur sa langue comme une sucrerie. Mais Icare n’a pas le temps de la poser qu’une voiture s’avance, laissant Leone disparaître dans le véhicule. Sans l’ombre d’une hésitation, aveuglément, l’enfant perdu suit son étoile Polaire et s’engouffre sur les sièges, presque émerveillé du confort de l’habitacle. « Où va-t-on exactement ? » La curiosité le fait observer le monde de derrière sa vitre close. C’est presque étrange de voir la vie au dehors en un simple spectacle muet. Les gens ressemblent à des marionnettes et il pourrait leur inventer une histoire, des histoires. Il n’a pas besoin de les apprendre, de les connaître. Ils ne l’intéressent pas, au fond. Ils sont ces inconnus qui emplissent son imagination qui fourmille, ces étrangers qu’il n’approchera jamais. « Qu’est-ce qu’on ressent alors, quand on tue quelqu’un ? Est-ce que tu aimes ça ? il demande après un silence, tournant ses grands yeux vers Leone. Ça ne t’arrive jamais d’éprouver des remords ou de la culpabilité ? Tu arrives à dormir la nuit avec le sang que tu as sur les mains ? » Il laisse son regard dévier sur les doigts fins et longs. La peau blanche comme la neige. Comme si rien ne l’avait jamais entachée. « Tu m’apprendras ? Tu m’apprendras à être comme toi ? » Il veut grandir, le petit enfant. Il veut jouer dans la cour des grands. Il veut ressembler à tous ces adultes qui ont l’air si forts, si courageux. Il veut être comme Cerbère.

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Leone Duccio

DATE D'INSCRIPTION : 02/08/2015
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MessageSujet: Re: VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone)   VEUX-TU QUE JE T’EMBRASSE EN CREVANT ? (leone) EmptyJeu 29 Oct - 16:01


   
hell in your eyes
   Oh, Lazarus
How did your debts get paid ?
Icare et son offrande, petit garçon, toujours à la recherche d’attention, ce que Leone ne peut pas lui accorder, pas maintenant, peut-être demain et certainement jamais. Il n’a jamais su garder quelqu’un à ses côtés, tous se sont toujours enfuis, ou alors ils ont connus un sort moins enviable. Une balle entre les deux yeux. Assassinats de ceux qui comptaient, de ceux qu’il a pu aimer. Rares personnes. Rares présences. Le regard se voile de souvenirs toujours vivaces. Le passé qu’il ne sait pas enfermer. Boite de Pandore sous le lit, entrouverte, jamais bien refermée. Les verrous rouillés du temps. Leone observe le gamin, lui reconnaît la folie, la dépendance et peut-être la possibilité de l’envisager à ses côtés. Gamin incertain, trop dangereux pour lui de trainer dans ses pattes. Leone se permet un sourire, pas moqueur, juste désabusé, perdu alors qu’Icare évoque, encore et encore qu’il serait efficace, qu’il saurait le protéger. Un bouclier humain. Aucune utilité, il possède déjà une petite arme au nom de Saskia, elle qui fait aussi office de bouclier, de protection pour sa vie de misérable. C’est lui qui devrait être au devant, et certainement pas l’inverse. Des enfants jetés à la fournaise. Icare répète la situation, se donne face aux balles. Il ne peut pas accepter le géant, toléré, encore une fois qu’on meurt pour le sauver. Ce n’est pas ce qu’il demande à Icare, alors quoi, exactement ? De jouer de la musique, de vivre sa vie, de devenir son garçon, putain favorite ? Déviance des nuits, des corps martyrisés. Il détourne le regard un instant, à l’horreur de ces yeux bleus qui cherchent son approbation. « Tu vas te jeter au devant de leurs crocs, tu seras mort avant même de poser un pied dehors… tu crois que c’est c'que je cherche ? » Les mots plus durs qu’il ne l’aurait voulu. La hargne qui suinte. « Tu es un chiot Icare, petit garçon cherchant un domicile, quelqu’un… c’est ce que tu veux, n’est-ce pas ? L’illusion d’une famille… » Les moqueries sont retenues. Il ne peut pas lui en vouloir pour ce besoin d’être entouré, de posséder des âmes qui seraient inquiètes à son sujet. Lui aussi a recherché une famille, l’a formé. D’une femme et d’une fille qui faisaient son bonheur et de ça ? Il n’en reste que des cendres, des cauchemars nocturnes. Une jumelle alors ? Une parenté sans souvenir. Des mensonges. Lui non plus n’a plus de famille. Personne. Cabot solitaire. A se réfugier chez les putes, à croire que le temps passera plus vite. S’acharner contre la solitude qui frappe toujours.

La vie qu’il n’a jamais tenue entre ses mains. Leone observe Icare et s’imagine, se demande ce qu’il en serait si le gosse étaient jeté à la fosse aux lions. Saurait-il tuer pour sa survie, accepterait-il l’idée de combattre et d’assassiner pour que sa carcasse, uniquement, puisse s’éléver au jour naissant ? « Et comme tout le monde tu as été tenté… que ce soit juste un autre gamin, ou plus exactement à la prison. Combien de fois tu as songé à les tuer ? » Ce même souvenir qu’il fait revenir. D’une vague sournoise avec laquelle il s’amuse. Elle qui frappe toujours. La prison. C’est le souvenir qu’ils partagent, ce sont ces quelques mois pour Leone, rien d’intéressant, rien de marquant, si ce ne sont les premières semaines. Le corps devenu jouet pour un autre, et la mort. Coule le rouge sur les dalles dégueulasses. Tuer plutôt que subir. Mais il n’était pas équivalent à Icare. Gosse punit dans un trous à rats, innocents au milieu des malfrats. La chance pouvait se prendre. Assassiner et c’était la liberté, la couronne d’un petit prince. Il attendait Leone, de voir si il saurait se débattre, mordre le cou, déchirer la chair, ou planter une lame. Qu’importe le choix. Se défendre et se relever. Rien n’est arrivé. C’est lui qui est intervenu. Sauveur d’un gamin. « Si je ne les avais pas tués, tu serais à leur place, à pourrir dans une fosse commune » Rappel de son geste. Lui qui se porte en sacrifié. A la voiture qu’il prend place. Indique une adresse. Chauffeur. « Chez moi » Qu’il répond simplement à la question du garçon. La tête tournée vers la vitre, il oublie Icare, un instant, le temps que des questions volent. Notion de mort. Pourquoi tuer. Est-ce qu’il ressent des choses, est-ce qu’il cauchemarde à ce sujet. Soupir qui forme un nuage sur la fenêtre. « J’aime le pouvoir. J’aime le fait de savoir que je tiens leur vie entre mes mains, qu’une pression ici ou là… » Les gestes sont rapides, effleurent la gorge, un œil, l’abdomen.  « …peut les sauver ou les anéantir » Il revient à sa place, impression qu’il n’a jamais bougé. « Mes cauchemars sont différents, je ne pleure pas les inconnus… » Leone pleure une enfant, une petite qui l’accuse encore. Papa. Papa. Mais il n’est pas là. Il n’arrive jamais à temps. Des scénarios différents et toujours la même finalité. C’est l’un des regrets qu’il possède, avec Carmilla, son incapacité à avoir su dire non, l’emmener l’ailleurs, lui promettre conte et fantaisie. Lâche !

Les mots étonnent. Apprendre ! Celui qui semblait répugner à l’idée de tuer, le voilà qui quémande pour tenir un flingue. Changement radical de position. « Je t’apprendrai à tenir une arme, premièrement et ensuite on verra… mais pour le moment, il faut te nourrir gamin, tu ressembles à un sac d’os » Les tissus déposés négligemment sur le corps. Ce gosse qu’il a plusieurs fois porté. Plume. Facilité de destruction. Le véhicule traverse la ville, jeu de lumière pour une obscurité tombante, manteau d’une nuit encore sanglante. Le moteur se tait. La maison est là. Crachat de faste à l’extérieur, vieux palais. C’est tout autre à l’intérieur, fouillis. Clé à la serrure et Icare sur le perron, gosse qui n’avance pas. « Dois-je te tendre la main, te trainer par le col ou peut-être te supplier pour entrer ? » Il s’évade déjà à l’intérieur, jette le manteau sur un crochet du mur. Habitude. « On commence le sevrage ce soir… alors profite d’une dernière dose si tu veux… table du salon, tu trouveras ce que tu cherches »


WILDBIRD
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