(dio) j'ai avalé par politesse

(UN) Giovanni. Gio. Toujours le même prénom à la bouche. L’obsession ancrée, la passion détraquée. L’enfant est tombé, il a sombré au fond du gouffre, rien que pour attraper sa main, rien que pour embrasser ses lèvres. (DEUX) Assoiffé d’attention, tous les moyens sont bons afin de s’étancher. Peu importe les réactions, affection, colère ou haine, tant qu’il est dans leurs esprits, tant qu’il marque un peu leur vie. (TROIS) Monstre vert aux yeux carmins, la jalousie n’est jamais bien loin. Le sang qu’il n’hésite pas à faire gicler pour parvenir à ses fins. Des innocents qu’il élimine, roi de la compétition pour les faveurs de Gio. (QUATRE) Obnubilé par son reflet dans le miroir, silhouette malingre d’un corps juvénile. L’enfance qu’il tente à tout prix de conserver. La peur de se faire remplacer. (CINQ) La ruse plutôt que les gros muscles. La rapidité plutôt que la force brute. La fine stratégie face aux attaques sauvages. Deuxième cerveau du trafic de l’innocence entachée, il n’est pas rare de le voir glisser une suggestion perfide à l’oreille de son ainé. (SIX) Furtivité de son poids plume. La victime ne l’entend jamais s’approcher, jusqu’à ce qu’il soit trop tard, jusqu’à ce qu’il soit dans son dos, son souffle dans le cou et son couteau dans la gorge. (SEPT) Un talent pour marier les saveurs. Les mets insoupçonnés qu’il peut offrir à votre palet. (HUIT) Une affinité avec les lames, leur bel éclat argenté, relevé au carmin éclaboussé. Leur fraicheur au plus près de sa peau, l’art d’éliminer tout poil qui oserait bourgeonner sur la peau de bébé. (NEUF) Pas de pupille dilaté, pas de trous sur les bras, pas de noir dans ses poumons, pas d’alcool dans le sang. Il est blanc, il est propre, comme une vague allure d’innocence. (DIX) Des années passées enfermé, princesse recluse dans le donjon du dragon. Les droits de sorties accumulés avec le désintérêt grandissant.

Les canettes de bière vides sur leur lit de mégots de cigarettes jonchant le sol. Quelques préservatifs usagés que personne n’a pris la peine de jeter. La crasse s’est incrustée partout sur les murs, par terre. Le nauséabond règne en maître incontesté, sur son trône d’alcool périmé, sperme séché et même quelques vagues odeurs de matières fécales. Au milieu de tout ça, posé dans sa couche sale, un enfant qui chiale, hurle depuis des heures. Le corps maigre, mal nourri, une ou deux traces de brûlures des bâtons blancs malfaisants. Les adultes l’ignorent, dans leur monde à eux, les bras troués, la coke dans le nez, les corps nu enlacés qui cherchent à se dévorer. Mais le bébé ne démord pas, les cris résonnent dans l’appartement, couvrent presque les gémissements, il a faim, il a soif, il veut une couche propre. Le vacarme est abrutissant et les murs trop fins, il y a des cris de part et autre qui paradoxalement hurlent pour le silence. C’est comme ça presque tout le temps. Et puis, un beau jour, y’en a marre. Quelqu’un se dévoue, le numéro est composé, l’assistante sociale qui débarque, horrifiée, emporte l’enfant négligé pour le mettre avec tous les autres rejetés. Et les parents, enfin tranquilles, pourront retourner à vérifier que leurs capotes ne sont pas trouées, une fois sortis de leur cellule.

La langue rose sur les lèvres humides pour cueillir les dernières perles nacrées. La salive qui dégouline encore le long de son menton avant de s’échouer sur le sol. Les étoiles qui brillent au fond de ses pupilles, tandis que les yeux se lèvent vers Lui. L’enfant dévoué, comme un bel ange pieux, à genoux pour sa prière entre les cuisses de Dieu. Les lèvres teintées de carmin, gercé de l’effort viennent s’accrocher aux siennes, tandis que l’angelot déchu se hisse aux genoux du démon. Il n’a pas onze ans qu’il est déjà perdu, emporté dans les affres d’un amour malsain, sa spirale infernale, sa chute du paradis. Il est si bien, le petit corps lové au creux de ses draps, sa peau contre la sienne, sa chaleur dans la sienne, il a l’impression d’exister enfin. Il a l’impression d’être sa chose la plus importante au monde, ne serait-ce que pour quelques instants, quelques moments de bonheur arrachés à la vie. Quelque part, dans les méandres détraqués de son esprit, il sait que ce n’est pas normal, il sait que Gio ne devrait pas le toucher comme ça, il sait qu’il ne devrait pas aimer ça. Mais les jours se meurent et Dio oublie que c’est mal. Aveuglé par les ténèbres dans lesquels il baigne depuis trop longtemps dans sa tour d’argent, ses yeux ne voient plus la lumière au bout du couloir, la couleur bleue du ciel. Dio ne voit plus que les cheveux noirs et les lèvres roses de celui qu’il appelle Papa.

Dionisio, il ne comprend plus la réticence, le dégoût et la peur qu’il lit sur le visage des autres enfants. Ceux qui pleurent et crient dans la nuit, parce que leurs parents leur manque. Dio il n’a eu que Gio, enfant négligé balloté d’un foyer à un autre, il n’a trouvé refuge que lorsqu’il a été enlevé. Parce que Papa n’a pas vendu Dio à un autre, mais qu’il l’a gardé. Alors Dio, il imagine que les autres enfants sont trop idiots pour apprécier l’attention de Gio. Ils ne la méritent pas, tout simplement. Y’a ce monstre qui nait au creux de son estomac, créature hideuse aux griffes acérées, une noirceur qui gagne son âme. La colère qui gronde dans sa gorge en voyant les autres sortir de la chambre de Papa. L’affreuse jalousie qui le consume. Il a peur, Dio, il est terrifié à l’idée d’être remplacé un jour, parce qu’il aurait grandit un peu trop, parce qu’il aurait trouvé plus jeune et plus beau. Les cauchemars qui encombrent ses nuits qu’il ne calme qu’en se glissant dans les draps de Papa au milieu de la nuit. Alors, un beau jour, Dio craque, il s’enfonce un peu plus dans l’abysse qu’il s’est creusé. Il égorge un autre enfant, à la bouche rouge et aux yeux mouillés. Pourtant, quand Gio le retrouve, le visage éclaboussé d’écarlate, le cadavre encore à ses pieds. Il ne récolte ni les cris ni les coups, mais un sourire et un baiser. Et ils ont fait l’amour dans la flaque de sang, sous les yeux mornes d’un macchabé. Alors depuis, Dio est le prédateur, le bras droit de Gio, il précipite les départs des uns et décide de la mort des autres, sa façon à lui d’éliminer la compétition. Une autre manière de quémander son attention.

Quel plaisir de lire une fiche si bien écrite le matin (t'auras que ça comme compliment parce que je suis un peu jalouse de ton talent de manier les mots ) et surtout ce personnage en fait, il est... je ne dirai rien non plus sur le côté hyper développé mais en même temps avec très peu de mot tu arrives à donner un climat d'horreur à ton histoire, j'ai tout vu, les décors, j'ai tout ressenti plutôt, la monstruosité. De quoi dégoûter dans le premier paragraphe avec son atmosphère macabre. Non mais sérieusement je songe vraiment à te voler ton talent, j'admire les gens qui écrivent si bien

Félicitations, tu es validé(e). Avant de franchir les portes de Florence, voici quelques conseils qui pourront t'aider à survivre. D'abord, il te faut VÉRIFIER TON AVATAR DANS LE BOTTIN pour avoir la certitude qu'aucun double, maléfique ou bénéfique, ne vienne te voler ton visage. Ensuite, tu peux aller CRÉER TA FICHE DE LIENS ET DE RPS afin de ne pas terminer en âme noire et solitaire. Pour ce faire, tu peux aussi CRÉER UN SCÉNARIO et peut-être retrouver un visage de ton histoire, une personne avec qui survivre et mourir dans ce chaos. Enfin, si tu veux te détendre et oublier les sombres mémoires du passé, tu peux aller FLOODER avec les autres florentins. Mais n'oublie pas, il faut toujours se méfier de son voisin, ici. Alors, bon courage et bon jeu.