Maria { Seeing is deceiving, dreaming is believing.

1. Un jour, elle a tout oublié. C'était il y a six mois. Elle se souvient de comment lire, comment écrire, mais elle ne se souvient plus de qui elle est, de qui sont ses parents, elle ne se souvient de rien. Elle a tout oublié et tente d'avancer. 2. Elle aime s'inventer une vie. Prétendre être d'une manière ou d'une autre, jouer le jeu de la fille qui se balade et qui s'amuse à être quelqu'un d'autre, attirer un peu l'attention mais paraître un peu différente. Il n'est pas vraiment facile d'admettre que l'on ne se souvient de rien, qu'on a tout oublié, qu'on n'est pas assez forte pour le monde, et qu'on nous a balancé d'une voiture parce qu'on était trop faible. 3. Elle adore la musique mais n'en écoute que lorsque les gens en écoutent. Perdre sa mémoire, c'est perdre un peu tout droit de vivre. Plus de papier, plus d'existence. Elle n'a rien, en réalité, pas même confiance en elle puisqu'on l'a jugé trop faible pour un projet dont elle ne sait rien. On l'a jugée inutile. Alors la musique, elle la laisse de côté, elle n'en écoute pas souvent mais cela reste une douce mélodie au cœur de son horaire, lorsque cela lui est permis. 4. Elle se méfie de tout et de tout le monde. On la juge inapte pour quelque chose, trop fragile. Et si le monde entier savait qu'elle était fragile hein ? Alors elle fait attention au moindre de ses gestes, à la moindre de ses actions pour être sûr de ne pas être la cible de quelque chose, pour ne pas devenir une vulgaire victime. 5. Elle est devenue factrice sur un malentendu. Une fille devait venir pour un entretien, elle a pris sa place et le courant est passé avec le patron. Y a plein de trucs louches à Florence, alors qu'elle n'ait pas de papier, ça ne l'a pas vraiment surpris. Il ne la déclare pas pour qu'elle n'ait pas de problème, et elle fait son petit bout de chemin, avec au moins un peu d'économie. 6. Personne n'a rien voulu lui louer. Puisqu'elle n'a pas de papier, et que son boulot n'est pas déclaré, on ne la juge pas digne de confiance. Elle n'a pas de toit qui lui soit propre, elle vit dans l'église, ou en tout cas, le prêtre l'autorise à y dormir tant qu'elle n'en parle à personne, elle se fait discrète. Il l'apprécie, d'ailleurs, puisqu'il lui fait le dîner tous les soirs, même s'il n'est pas sûr, à chaque fois, de la voir revenir. 7. Parfois, elle se demande à quoi peuvent bien ressembler ses parents, puisqu'elle est censée en avoir, comme tout le monde. Et parfois, elle se met à les imaginer. Une fois, elle s'est souvenir que sa mère était blonde aux yeux bleus. Un souvenir venu d'elle ne sait où et qui reste, là, ancré en elle comme une bouée. Peut-être qu'un jour, elle se souviendra. 8. Elle a trouvé un chien, une fois, dans une ruelle. Elle a voulu le recueillir auprès d'elle, il lui en a été reconnaissant. Elle l'a même appelé Oscar. Mais un jour, il a disparu et n'est jamais revenu. Chaque soir, elle espère, mais elle sait qu'il ne reviendra pas. C'est bête mais si cela lui a arraché le cœur, c'est parce que c'est le premier qui n'a pas éprouvé de la pitié en posant ses yeux sur elle. Et ça fait du bien, parfois. 9. Elle distribue le courrier tous les matins, et passe ses après-midis à se promener. Elle a une carte de bibliothèque qu'elle use tant elle lit. 10. Elle économise absolument tout ce qu'elle peut. Elle aimerait quitter la ville un jour, tout recommencer ailleurs. Mais elle n'a pas de papier. A ce qu'il paraît, pour une grosse somme d'argent et si on trouve les bonnes personnes, on peut avoir de nouveaux papiers, elle veut tenter sa chance. 11. Elle fuit tout et n'importe quoi tant elle a peur qu'on voit qu'elle est faible. L'entendre de manière méprisante sortir de la bouche d'un homme effrayant, ça n'a absolument rien de rassurant, en général. Ne faire confiance qu'à soit, c'est un petit plus, ça aide à ne pas être déçu, dans un sens. Mais elle fait confiance, parfois, elle ne peut pas s'en empêcher, parfois, parce que Maria, elle a un cœur et qu'il ne demande qu'à connaître l'amour et la confiance. 12. Aime se balader pieds nus, même dehors, elle aime sentir le contact du sol directement avec ses pieds, même si parfois, elle a de mauvaises surprises et qu'elle se fait mal. En même temps, elle aime beaucoup marcher aussi, ce qui ne rend pas ça pratique non plus, les ampoules, ce n'est pas très rares chez elle. 13. Elle s'est achetée un carnet où elle note tout ce dont elle se souvient. Elle n'a noté que les maigres informations sur sa mère et son nom. A l'heure actuelle, elle ne sait rien d'autre. 14. Elle court tous les matins. Elle ne digère pas l'idée qu'on ait pu la trouver inapte et fragile, elle aimerait se muscler. Mais puisqu'elle ne mange pas toujours à sa faim, ce n'est pas vraiment une réussite. 15. Elle ne veut pas prétendre être malheureuse, ce n'est pas le cas. Elle aime dire que sa vie est une aventure, elle trouve ça bien plus facile et bien plus drôle, aussi. Ce n'est que de l'auto-persuasion, mais ça aide, parfois.

Le souvenir, cette sensation étrange qui peut quitter un corps à l'aise d'aiguille et de bidouillage. Un cerveau qui dérive, une attention qui se perd et une sensation de vivre qui s'envole. Qui est Maria ? Il ne faudrait pas lui poser la question, elle ne sait pas. Elle ne connaît son identité que parce qu'elle était noté sur un papier glissé nonchalamment dans sa poche. Une attention tardive, un geste maladroit pour laisser une chance à une enfant de tenter sa chance dans une ville si dangereuse. Parfois c'est comme un film, comme l'impression de voir un bout de vie se glisser hors de soit pour vous être diffusé. Fou. Sur le cahier devant elle, uniquement quelques lignes, quelques mots perdus, une identité. La sienne et pourtant, elle lui échappe. Maria Guzzo. Qui a-t-elle un jour été ? Elle ne sait plus, elle se sent ridicule. Elle n'a même pas envie de chercher parce que cela lui donne des migraines. Elle aimerait se souvenir si elle aime les légumes, si elle aimait le rose avant, parce qu'aujourd'hui, elle n'aime pas. Des questions stupides, c'est vrai, mais en même temps… Puisqu'elle ne se souvient de rien, même les petites questions auraient besoin d'une réponse. Mais ce cahier, c'est elle, finalement. Cette feuille blanche sur laquelle sa plume glisse dès qu'un souvenir revient, c'est elle, et sa mémoire disparue. Sa vie, ou en tout cas, la vie dont elle se souvient ne commence qu'il y a six mois. Six malheureux mois pour une vie de 22 années. Il y a une sacrée différence, c'est un fait. Mais c'est un bon début.

Lorsqu'elle ferme les yeux, elle se souvient. La grosse voiture, les vitres noires à travers lesquelles on ne voit rien. Une ruelle vide, une portière qui s'ouvre. On la jette hors de la voiture. Sonnée, effrayée, il fait nuit mais la lumière des lampes, là, dehors, lui fait mal aux yeux. Elle ne comprend pas vraiment ce qu'il se passe. Elle ne se souvient de rien.  « Trop inutile. Trop fragile. T'es sûr qu'on doit la laisser là ? ». Elle ne comprend pas. Elle a le regard qui voltige d'un homme à l'autre. Ils sourient, ils se moquent.  « On nous a dit de la foutre dehors, on la met là, c'est très bien. Qu'elle se débrouille, c'est qu'une coquille vide ». Elle ne sait pas de quoi ils parlent, elle n'a pas le temps. Ils partent déjà, et elle reste là, seule. Combien de temps reste-t-elle assis au bord du trottoir ? Longtemps. Ca, elle ne s'en souvient plus vraiment. Leurs mots ont continué à sonner là, dans sa tête, en continue, jusqu'à aujourd'hui, six mois plus tard. Heureusement, elle n'a pas fait que penser à ces deux hommes. Elle sait aujourd'hui qu'elle est fragile qu'elle doit faire attention.

Sa main tremble, elle pose son stylo qui vient de tracer quelques lettres. « le garçon ». Elle ne connaît même pas son nom. Que sait-elle de lui si ce n'est le regard qu'il pose sur elle, quand il l'a vue ? Il l'a brûlée, l'a déshabillée du regard. Elle n'a jamais vu autant de passion dans un regard et elle aimerait sentir ça une nouvelle fois sur elle. Est-ce vraiment possible ? Elle n'en sait rien. Il faudrait qu'elle le retrouve, elle n'est pas sûre de le vouloir. Elle pense à lui, très souvent, c'est plus fort qu'elle. Ne pas le connaître, c'est comme une douleur là, dans sa poitrine. Il a l'air gentil, doux, tendre. Elle ne sait rien de lui. Elle l'imagine romantique et aimant. Elle ne le connaît pas. Il l'attire, elle aussi, elle ne sait pas pourquoi. Elle s'y perd, elle veut qu'il la touche. Est-ce qu'on l'a déjà touchée ? Ca aussi, elle l'ignore. Il est fou de voir à quel point les choses peuvent être étranges parfois. Mais elle veut le revoir. Le cherchera-t-elle ? Sans doute pas. Elle se cherche une vie, pas un amoureux. Un amoureux ? Elle va trop loin. Il la rend confuse alors qu'elle ignore même son nom. Il la dévore de l'intérieur, elle veut le revoir.

Elle s'allonge sur son lit de fortune et ferme les yeux. Là sur le dos, son innocence est la plus évidence. Une enfant qui ne se souvient pas, une jeune femme qui ne connaît rien de sa vie. Une lady qu'on a conditionnée pour qu'elle s'imagine fragile, qu'on a balancé d'une voiture en disant qu'elle était inutile alors qu'elle ne savait pas de quoi ils parlaient. Mais en étant faible, ce qu'elle ignore, c'est qu'elle a échappé au véritable conditionnement, qu'elle n'est pas devenue une machine à tuer et qu'elle ne mourra pas à 30 ans. Elle n'a perdu que les souvenirs…

Cette fiche tellement belle Malgré quelques fautes par ci par là ça n'enlève rien au plaisir, et ces sentiments, ces émotions que tu as su transmettre dans ta fiche, je trouve Maria tellement poétique et si sublime. Tu exploites magnifiquement bien cette idée du conditionnement raté, le carnet je trouve ça triste et en même si beau. En fait ta fiche m'aurait presque fait pleurer (mais comme je ne pleure pas ). J'en reste cependant sans voix de voir un tel personnage, une telle immensité d'émotion. Je pourrai continuer encore longtemps dans mon commentaire, je ne rajouterai qu'une chose, tu as pris l'avatar de Lexa (elle change radicalement quand elle est habillée de manière moderne ) voilà fin de la parenthèse. J'ai très hâte de lire vos rps avec Mattia parce que je sais qu'ils vont géniaux Qu'il ne lui fasse pas trop de mal quand même la pauvre Maria

Félicitations, tu es validé(e). Avant de franchir les portes de Florence, voici quelques conseils qui pourront t'aider à survivre. D'abord, il te faut VÉRIFIER TON AVATAR DANS LE BOTTIN pour avoir la certitude qu'aucun double, maléfique ou bénéfique, ne vienne te voler ton visage. Ensuite, tu peux aller CRÉER TA FICHE DE LIENS ET DE RPS afin de ne pas terminer en âme noire et solitaire. Pour ce faire, tu peux aussi CRÉER UN SCÉNARIO et peut-être retrouver un visage de ton histoire, une personne avec qui survivre et mourir dans ce chaos. Enfin, si tu veux te détendre et oublier les sombres mémoires du passé, tu peux aller FLOODER avec les autres florentins. Mais n'oublie pas, il faut toujours se méfier de son voisin, ici. Alors, bon courage et bon jeu.