la valse des monstres. (jeanne)

≈ jeanne elle est de ceux qui n'ont pas eu des chances. on avait promis des merveilles, y'a bien des années. pourtant dans sa banlieue, y'avait ni sommeil ni répit. fallait sortir les poings, fallait remonter ses manches et bûcher. ça gueulait, ça criait. parfois on entendait un gun qui avait traîné, rien d'pire pour frissonner.
≈ dans les apparts miteux d'sa banlieue d'paris, jeanne, elle vivait de petits boulots merdiques. laver des voitures, vendre des glaces, récurer les fenêtres, garder les gosses. tout ça pour qu'au final, son argent parte dans la cagnotte familiale, d'la cagnotte de la mémé. mais tant que c'était mémé, ça allait.
≈ parce que finalement, c'est mémé qui l'a éduqué. sa mère, une junkie de première, qui n'faisait qu'errer dans le petit studio délabré. et elle, cette gosse aux cernes dégueulasses mais aux sourires qui réchauffaient les cœurs. cette gosse du côté des faiblard, cette gosse, plutôt bonne à l'école.
≈ jeanne, elle était douée. elle passait ses soirées dans la librairie près d'chez elle, quand le pauvre vieux du breto était ouvert, et pas trop soulé. durant des années, il lui filait des livres, parfois un disque, parfois un croissant. jusqu'à ce que finalement, elle le retrouve dans une marre, un lac d'hémoglobine. la sienne.
≈ ce jour là elle a compris. elle a compris que cette jungle pouvait pas durer, que ce monde de fous, c'était de trop. finalement, elle est devenue flic. major de sa promotion, boursière, elle a enchaîné les succès, vivant dans une constante aventure.
≈ jeanne, elle était douée dans son job. malgré tout, elle arrivait à s'faire sa place dans ce monde misogyne, faisant régner son nom, beaumont, comme une menace dans les airs. et même si elle avait des défauts, princesse la flic, elle y arrivait.
≈ et puis finalement, y'a eu la mission. celle qui a fait planter sa carrière, merdé sa vie. trop rapide, bien trop prévisible. elle a foncé sur le tueur, manquant de peu de tuer deux collègues et ce dernier. de quoi la mettre sur le carreau, l'enfoncer dans un trou. son job, c'était sa vie. son job, il n'y avait que ça. l'adrénaline, tout. c'était d'venu une obsession de laquelle on la privait.
≈ ça l'a rendue malade de plus pouvoir bosser. renvoyée de tout, lâchement abandonnée, elle a viré du mauvais bord, sombrant dans ce qu'elle a toujours détesté. jeanne c'est devenue une de ces immondices qui oeuvre pour les mains crades, qui fait couler l'sang noir.
≈ jeanne, c'est une handicapée sentimentale. c'est les sentiments qui s'embrouillent, qui s’emmêlent. c'est des coups du soir, des mecs qui la convoite. c'est des sentiments qui passent à la trappe, des gémissements qui résonnent sur les murs, reviennent à leurs oreilles comme une mélodie fatale. l'seul amour qu'elle est arrivé a porter, c'est celui pour sa mémé et son ancien boss. mais les deux sont trop loin pour la raisonner, trop loin pour la faire comprendre qu'elle a pris l'mauvais chemin.
≈ nicotine, nicoteen. c'est un peu le pêché mignon de jeanne, la clope, parfois les joints. ça la calme, avec les anti-dépresseurs. ça l'empêche de vomir sa haine, de dégueuler sa peine. même si finalement, rien ne remplacera son adrénaline chérie.
≈ puis finalement, l'adrénaline, elle est revenue. un appel, une demande. un flingue en poche, et l'jeu commence. jeanne a une nouvelle cible.

(trois janvier mille neuf cent quatre-vingt douze.) elle s'accroche au lit miteux de sa chambre sombre, le souffle court, tremblante. sa mère lui hurle de pousser, mais la démenée voit trouble, la démente en cloque est en manque. les yeux rouges, elle pousse, pousse sans prendre le temps de respirer. tout ce qu'elle espère, c'est que ce supplice, cette punition est bientôt terminée. qu'elle pourra retourner aux douces méandres de sa cocaïne. finalement, alors qu'elle se sent aller, un cri strident retentit dans la pièce. des pleurs, un soulagement. la grand-ma récupère l'enfant, le nouveau-né. dans ses bras ridés, marqués par le temps qui passe, elle le berce, le nettoie. « ma chérie, c'est ta... » mais la mère s'est endormie, sous les effets du sevrage des dernières semaines elle est pâle. la vieille soupire, avant de regarder l'enfant. « jeanne. jeanne, comme les merveilles du monde. »

(quatre mars deux mille deux.) les bras chargés des courses, elle arpente les rues sombres; cheveux en batailles et regard dur. ce n'est qu'une gosse de dix ans, pourtant, on dirait bien qu'elle a subi toutes les merdes de la vie. frêle gamine, jeanne marche à vive allure dans ses converses déchirées, vieilles chaussures récupérées de la vie d'sa mère, sa mère qu'elle ne connaît même pas. cette génitrice, qui habite dans sa maison, sans pour autant être présente. jeanne elle vit dans un foyer déchiré, dans des immeubles délabrés. elle vit avec ces hommes aux mains crades, ces femmes qui hurlent, qui pleurent. au détour d'une rue, elle croise sa voisine d'en haut, qui la regarde avec des yeux fous. vite, beaumont accélère, baissant les yeux, contemplant le gris du bitume dégueulassé. la femme hurle, la fillette se met à courir.
le souffle court, la mort aux trousses, elle court. elle s'enfuit, file. n'croise aucun regard, envole toi, dégage. c'est ce que l'on apprends dans les banlieues d'paris. à s'battre. finalement, la rouquine n'entends plus rien. encore quelques rues et elle sera chez elle. dans les bras de grand-ma. poupée, elle s'avance, mais étrangement, quelque chose l'interpelle. les néons jaunes, faiblards. les néons qui dessinent le mot, somptueux. le mot du savoir. librarie. jeanne, elle reste plantée devant, attraction étrange. longtemps elle fixe ce mot, longtemps elle hésite. puis finalement elle rentre, intimidée. « bonjour. » qu'elle lance à tout hasard, politesse futile dans ces quartiers noirs. aucune réponse. ses petits pieds dessinent ses traces dans la poussière, tandis que son cœur fait du tambour dans sa poitrine. « y'a quelqu'un ? » toujours rien. rien, jusqu'à ce qu'un livre tombe, faisant lâcher les précédents achats qui se répandent sur le sol. dans la précipitation elle se baisse, ramasse ses affaires qui se mélangent à l'insupportable poussière. « qui êtes-vous ? » un homme se tient dans l'entrebâillement d'une porte. jeanne lève soudainement la tête, prise sur le coup. leurs yeux se croisent, si différents. il  a l'regard sage, mélangé à ceux qui en ont trop vécus. et de ses petits yeux gris, il dévisage la gamine, pas plus haute que trois pommes. il y voit une acharnée, une désemparée. « j-jeanne. je m'appelle jeanne m'sieur. » elle se relève et reprends ses courses, prête à décamper. « j'suis désolée je vais partir, je voulais pas vous déranger... » son regard fuit le sien. du haut de ses dix ans, jeanne redevient la gosse face à son professeur. timide et revêche. pourtant, au moment où elle s'apprête à passer le pas d'la porte, sa main calleuse se pose sur son épaule. « tiens, je pense que ça t'plairait. » un livre. poussiéreux, elle l'attrape, et, avant de jeter un dernier regard au vieil homme, le remercie. « aurevoir jeanne. » et c'est le début d'une grande amitié.

(premier janvier deux mille huit.) le temps passe, gris et froid. beaumont, du haut de ses seize ans, finit sa journée. caissière, voilà ce qu'elle fait de son temps libre. employée au black, son salaire de misère rajoute quelques sous à la maigre cagnotte. pourtant, les billets s'accumulent sous son lit, et se froissent sous le poids du matelas.
moins le quart, elle sert les retardaires, les clients du soir. souvent des junkies, des alcoolos, ou des pauvres mères dans l'besoin. alors parfois, elle donne des articles supplémentaires, elle file de quoi bouffer, jeanne, même si elle se prends des gifles, même si y'a des salaires enlevés.
moins dix, une mère célibataire qui pleure passe à la caisse. jeanne lui offre un sourire, un regard compatissant.
moins cinq, un vieux qui lui fait penser à gaspard, ce qui la presse.
moins deux, elle retire le tablier, le badge, ferme le magasin.
pile, c'est la nouvelle année, jeanne court dans les rues froides. les mains dans les poches, elle se presse. enfin, au tournant, elle pique un sprint, atteignant ces néons qui, six ans plus tôt; ont égayé sa vie.
minuit sept essoufflée, elle pousse la porte du magasin. jeanne annonce son arrivée, sourire radieux, et dans le dos, le cadeau pour son rendez-vous du soir. et là. son sang s'arrête, le visage blême et les mains tremblantes, la colère monte, l’incompréhension l'envahit toute entière. gaspard pouil, dans sa propre hémoglobine. gaspard, blanc comme elle. gaspard, ce vieux qui n'avait rien d'mandé, rien cherché, qui se retrouve avec violence dans son propre sang, les yeux exorbités, la bouche ouverte. et jeanne, qui tombe, à genoux, poussant un hurlement qui déchire son âme. cette nuit là, jeanne beaumont, elle aura la rancune, la haine accrochée à son corps. et cette vision d'horreur, elle lui donnera la raison de devenir flic. deux ans plus tard, elle obtient son diplôme, et sans pitié, elle montera les échelons, avec le souvenir cuisant, le souvenir de gaspard qui ne s'éteindra jamais.

(quatre mai deux-mille quatorze.) flingue en main, elle sait que rien ne l'arrêtera. ni son boss, qui veut qu'elle reste pour surveiller, ni martin, avec qui elle doit sagement patienter. l'adrénaline et la nicotine s'amusent dans ses veines, tandis qu'elle joue avec la crosse de son pistolet de fonction. « j't'en supplie jeanne, arrête. » c'est pierre. les yeux du jeune homme cherche ceux de beaumont, qui ne se tourne même pas vers lui.
martin soupire, à la fois las et déçu. il aime les yeux de sa coéquipière, il aime l'étincelle qu'il y voit. il aime son sourire, il aime son courage, il aime tout chez elle. et d'une manière tellement voyante que toute l'équipe le sait, martin delange aime jeanne beaumont. pourtant, la concernée n'en sait rien. bien trop aveuglée par son job, par ce besoin de vengeance qu'elle masque pour un besoin de justice, elle n'en voit rien.
le seul homme qu'elle respecte au poste, c'est son boss, pierre rodriguez. et encore, ils se balancent plus de vacheries à la face qu'elle ne lui obéit.
et aujourd'hui encore, elle ne l'obéira pas.
car ses yeux, dans le noir perçoivent la silhouette de ce tueur, de cet immondice qu'elle traque depuis des mois. et alors que le périmètre est sécurisé et qu'il s'apprête à entrer, jeanne court dans sa direction, flingue en main.  « POLICE ARRÊTEZ VOUS ! » qu'elle hurle, visant dans sa direction. une balle part, tandis qu'il s'enfuit. « bordel ! » tout le monde s'agite face à l'impulsivité de beaumont. martin la course, la rattrapant rapidement pour l'arrêter. « jeanne arrête ! » il lui attrape l'épaule tandis qu'elle se démène. un autre flic qu'elle ne connaît pas se jette sur elle, et une bagarre s'ensuit. les souvenirs s'ensuivent, toujours plus durs, toujours plus douloureux. gaspard, sa mère, et sa grand-ma. les coups volent, et jeanne tire, réflexe policier, atteignant l'épaule du malheureux martin. il s'écroule au sol, le sang coulant de sa plaie tandis qu'ils immobilisent la rouquine, elle-même en état de choc.
le lendemain, rodriguez la convoque dans son bureau. elle ne s'assoit pas, il ne le lui demande même pas. « tu me déçois tellement beaumont. » il soupire tandis qu'elle se révolte. « je te déçois ? sans moi on aurait jamais pu voir son visage ! » la colère dans sa voix la fait vibrer, tandis qu'il se lève à son tour. « tu as manqué de tuer ton coéquipier ! » « C’ÉTAIT UN ACCIDENT ! » elle hurle, tandis qu'elle l'agrippe, prête à en découdre. il la regarde avec des yeux las, mais qui brûlent d'une intensité mauvaise. « je ne te vire pas, mais éloigne toi. » et il quitte la salle, sans un mot, tandis que jeanne beaumont s'effondre, s'acharnant sur le bureau de rodriguez.

diagnostiquée bipolaire et bien trop impulsive, on lui retire son arme de services, tandis qu'elle s'occupe des chats coincés dans les arbres et des amendes. deux moi lui suffisent pour qu'elle pète un plomb et signe sa démission. deux mois et elle tombe dans une dépression, une folie sombre. deux mois tandis qu'elle tourne mauvaise, deux mois suffise pour qu'elle devienne de ceux qu'elles détestent.
et un matin, un appel.

(dix-huit août deux-mille quatorze.) grand-ma, maman.
je pars pour florence où j'ai trouvé à nouveau du boulot. ne soyez sans craintes, je vous enverrai de l'argent et des lettres.
grand-ma, soigne toi bien et je t'aime si fort.
ta jeanne.

à bord de son avion en direction de florence, elle songe à sa nouvelle vie. elle songe à cet appel, qui l'a sauvé, et comment brutalement, elle a rejoint la mafia. ouvrant son ancêtre, son vieil ordinateur portable, elle regarde les photos de sa première victime. pio venturi. d'une main, elle touche son visage sombre, à la fois impressionné et glacée.
comment cet homme a t-il pu devenir aussi fou ?
comment a t-elle pu accepter d'aller le tuer pour deux millions d'euros ?

si seulement elle le savait.

(désolé pour le retard, on essaye d'aller au plus vite pour les validations, parfois, on s'emmêle avec le temps  ). Je viens de lire la fiche de Pio qui était superbe, je lis la tienne et c'est une belle beauté. Deux belles fiches dès le matin, merci  . Ta plume! Y'a quelque chose qui se rapproche de Fauve, le fait que ça claque à la lecture, aucun répit. C'est vraiment super à lire  . Et ce personnage, son histoire de gosse qui pense pouvoir se sortir de la misère, devenir flic, belle héroïne. Puis descente aux enfers, retour à la case départ, et son âme vendue  . J'ai hâte de lire vos rp avec Pio, la chasse.. toussa    

Félicitations, tu es validé(e). Avant de franchir les portes de Florence, voici quelques conseils qui pourront t'aider à survivre. D'abord, il te faut VÉRIFIER TON AVATAR DANS LE BOTTIN pour avoir la certitude qu'aucun double, maléfique ou bénéfique, ne vienne te voler ton visage. Ensuite, tu peux aller CRÉER TA FICHE DE LIENS ET DE RPS afin de ne pas terminer en âme noire et solitaire. Pour ce faire, tu peux aussi CRÉER UN SCÉNARIO et peut-être retrouver un visage de ton histoire, une personne avec qui survivre et mourir dans ce chaos. Enfin, si tu veux te détendre et oublier les sombres mémoires du passé, tu peux aller FLOODER avec les autres florentins. Mais n'oublie pas, il faut toujours se méfier de son voisin, ici. Alors, bon courage et bon jeu.