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 hold on tight when murderers call + luciano

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Elio Conte

DATE D'INSCRIPTION : 22/08/2015
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MessageSujet: hold on tight when murderers call + luciano    hold on tight when murderers call + luciano  EmptyLun 31 Aoû - 23:18



-{ THE HARDEST THING ABOUT GROWING UP IS THIS COLD. WE HOLD ON TIGHT. NO WORDS ARE SACRED, TIED UP ON STRINGS OF GOLD. WE HOLD ON TIGHT. }-

Il y avait quelque chose de profondément enfantin dans l’ingénuité avec laquelle Mattia était entré dans la voiture sans même chercher pourquoi. La manière dont il avait fermé les yeux en posant sa tête contre la vitre de sa portière alors que derrière le volant son oncle était en train de rouler. Dans un abandon de lui-même, une confiance absolue qu’il n’offrait à personne, le gamin aux yeux d’adulte montrait de cette manière sa confiance absolue dans la personne installée à ses côtés. Il avait toujours aimé les balades en voiture. Depuis son plus jeune âge. Enfouis dans cet amoncèlement de souvenirs existant sous son crâne se trouvait celui d’une discussion qu’il avait eu avec sa mère. Elle lui avait expliquée à quel point il aimait les balades en voiture depuis son plus jeune âge. La manière dont il n’arrêtait pas de brailler en tant que nouveau-né et la façon dont il arrivait à s’endormir instantanément dès que le moteur de la voiture de son père se mettait à ronronner. Plus encore, Bella lui avait conté les nuits sans fin qu’il avait passé sur la banquette arrière de son oncle alors que, incapable de dormir, il traversait Florence sous la lune. Le Masaccio n’avait jamais interrogé les intentions de cet homme qu’il considérait presque comme un père. Aveuglé par cette admiration qu’il éprouvait à l’égard de son ainé, jamais il ne lui était venu à l’esprit d’interroger cet homme qui avait toujours fait partie de sa vie. Faisant écho à la manière dont sa mère croyait en Luciano, jamais Mattia n’avait douté de son oncle. Il avait une confiance absolue en cet homme qui semait la mort sur son passage. Une confiance que ce dernier n’avait jamais trahie à ses yeux. Si le Masaccio était un petit prince, à n’en pas douter le Conte devait être son champion.  Un chevalier à l’épée rouillée qui pourtant n’avait eu de cesse de l’utiliser dans l’intérêt de son neveu.  C’était tout ce qu’avait jamais vu le gamin. Les yeux pleins d’étoiles, le cœur enivré par les mots susurrés à son oreille par ce fils de personne. C’est pourquoi il était là, assis dans la voiture de Luca sans connaître leur destination. Il avait simplement reçu un coup de fil à l’aube. Rien de plus que quelques mots prononcés dans le combiné avant que la ligne ne s’éteigne. Sans broncher, sans même pouvoir secouer la fatigue s’étant appesantie sur ses traits, il avait simplement attrapé les quelques choses sans lesquelles il ne sortait jamais avant d’attendre son oncle en bas de chez lui. La voiture était arrivée comme dans un rêve, seul point de lumière au cœur d’une nuit qu’aucune lumière ne semblait capable de faire disparaître. Le voyage fut long, pourtant il ne dura qu’une seconde pour Mattia. A moitié somnolent, le brun se souvenait à peine des paysages de la ville défilant sous ses yeux. Il ne se souvenait pas des phares des voitures se faisant moins nombreux alors que Florence disparaissait au loin. La province était charmante, mais jamais elle ne put égaler la belle Florence et la décadence parcourant ses rues. C’était surement pour cela que le petit prince s’éloignait rarement de son empire de vent et de poussière. Peut-être avait-il aussi un peu peur qu’en quittant la décadente citée son importance en serait amoindrie. Son nom de famille faisait trembler entre les murs de cette ville gouvernée par la nuit, mais à l’extérieur des murs ce nom s’apparentait à une chimère. Un mauvais rêve qu’on craignait de rencontrer. Pas un cauchemar qui vous glaçant le sang en vous empêchant de respirer. Mattia en avait conscience, cette citée était sa citée. Cette empire où la populace se complaisait dans la fange était sa propriété. Malgré tout, il suffisait à Luciano d’un coup de fil pour qu’il abandonne tout derrière lui. Sa boite de nuit, ses devoirs et les maigres plans qu’il avait prévu. « On arrive bientôt ? » Souffla le brun alors que la couverture nuageuse s’étendant dans le ciel peinait à garder le soleil caché sous ses voluptueuses nappes nuageuses. L’autoradio crachait une chanson que le brun ne connaissait pas. Pourtant, malgré les riffs sonores de guitare il était encore possible d’entendre le bruit s’échappant du coffre. Les cris effrayés de la personne qui, prise entre quatre morceaux de tôles, craignait pour sa vie. Les yeux endormis, l’esprit embrumé par les vagues souvenirs d’un songe éveillé, le Masaccio se rendait à peine compte de ce que signifiait ce bruit. Quel genre de leçon son oncle s’apprêtait à lui apprendre cette fois. Il avait l’air ingénu le gamin aux mains d’homme. Le gamin qui avait tout vu. La saleté du monde, le sang s’échappant de ceux qui ne pouvaient se protéger. Il avait tout vu ce gamin au regard océan et à l’âme en charnier. Il avait tant vu que l’horreur ne l’étonnait plus. Bien au contraire, il se repaissait de l’infâme. Lui, le gamin aux allumettes qui ne trouvait aucun réconfort dans cette flamme, mais bien dans les regards éteints de ces futurs défunts. Le crissement des pneus arracha Mattia à ses songes alors que la voiture venait de s’arrêter au milieu de nulle part. Pareil à un gamin en voyage scolaire, le brun quitta le véhicule un mélange d’excitation et d’appréhension au visage. Que se cachait-il dans le coffre de Luca ? Quel était cette affaire urgente pour laquelle ils avaient quittés Florence et mis assez de distance entre eux et la belle que pour que personne ne sache jamais réellement ce qui s’était produit ? L’impatience consumait la retenue du jeune italien alors que son appréhension lui faisait imaginer le pire. Et si un jour, le visage qu’il découvrirait dans le coffre n’était pas celui d’un inconnu ? Et si un jour, l’impardonnable pécher que le Conte lui demandait de commettre était si infâme qu’il ne pouvait s’y résoudre ? Et si un jour, acculé jusque dans ses retranchements, il venait à faire face à cette figure paternelle qu’il idolâtrait autant qu’il pouvait bien la détester ? Que ferait-il si ça venait à se produire ? Le pas lent, un silence mesuré pour toute armure, le Masaccio s’approcha du coffre en attendant que son oncle n’ouvre à nouveau cette boite de Pandore. Et, malgré lui, Mattia ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il le ferait. Peu importait la personne se trouvant prisonnière du coffre, il le ferait. Que ça soit un proche, un parfait inconnu, il le ferait. Même s’il devait se résoudre à accomplir l’innommable, tuer la chair de sa chair et perdre son âme en s’abaissant au parricide. Pour Luciano, il le ferait. Il le ferait sans hésiter et il ne se rendait même pas compte de ce que cette foi aveugle pouvait bien signifier.
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MessageSujet: Re: hold on tight when murderers call + luciano    hold on tight when murderers call + luciano  EmptyVen 4 Sep - 11:36

Il se souvenait encore Luciano de ses ballades en voiture, de ses longues virées en compagnie de son neveu. Un moyen de l'endormir, un moyen de passer du temps en sa compagnie, de faire plaisir à cette famille d'adoption qui était devenue sienne. Mais cette ballade ne ressemblerait pas à celle d'autrefois. Elle ne se composerait pas d'un bon petit pique-nique. Les rires de Bella seraient totalement absents. Ils ne pouvaient être présents. Pas avec ce genre de virés. Pas quand le sang risquait fortement de couler. Il voulait la protéger Bella. La laisser être sa petite princesse. Sa douce colombe dont il refusait de voir les mains se parer de rouge carmin. Il savait qu'elle en était capable mais tant qu'il le pourrait, il écraserait à sa place. Protéger son ange. Sa douce sœur. Elle et toute sa descendance. C'est ce qu'il avait toujours fait, même quand ses actions n'avaient pas été jolies, même quand il avait été contraint de blesser. Tout n'était fait que dans une volonté de protection. Protéger cette famille qui comptait plus que tout.  Sauvegarder le bonheur d'une mère tout en brisant les rêves d'un fils. Le petit prince ne s'en était pas si mal tiré. C'est ce qu'il se disait chaque fois que la pensée revenait à la surface. Il la laissait redevenir doucement un néant. Un grand et délicat néant. La ballade se continuait. Florence avait disparu, laissée de côtés, remplacée par une compagne qui était plus que plaisant pour les narines. Pour sa vie qui avait commencé dans le bitume, qui aurait terminé dans ce même goudron si la chance n'avait pas frappé. Si le patriarche Masaccio n'avait pas décelé en lui cette lueur de vie, de malice, d'élévation que personne d'autres n'avait vu dans son tendre regard. Maintenant plus personne ne pouvait ignorer la bête sauvage qui vivait en lui. La nature monstrueuse et perfide de son être qui se délectait de chacune des situations dans lesquelles il se trouvait maintenant. Le silence régnait dans l'habitacle. Un silence simplement ponctué par une douce mélodie. Il ne parlait pas Luca. Pas besoin de mot pour faire vivre sa connexion avec son petit prince. Il ne désirait pas non plus laisser ses propos le mettre sur la piste de sa mission. Oui, tout était prévu. Tout avait commencé comme il l'avait imaginé. La créature savait comment appâter l'homme. Comment en un seul coup de fil arriver à l'amener dans sa voiture. Il n'avait pas eu besoin de lui demander deux fois. Ni même de s'expliquer. Il avait été heureux et en même temps si fier d'avoir tant gagné sa confiance. D'avoir, dans son monde rempli de solitude un être qui ne cherchait pas d'explication. Qui se contentait d'être son cadeau, son atout dans la manche, son petit être qui jamais ne partirait. Il avait remarqué ses yeux fatigué. Il n'avait pas bronché quand il s'était endormi. Il se moquait bien de transporter un cadavre de plus, surtout si ce dernier n'était qu'éphémère. Son petit prince allait apprendre une nouvelle leçon aujourd'hui. Peut-être qu'il aurait pu pousser le vice  en lui demandant de conduire. En le laissant être l'homme de la route. En le laissant attendre la fin du parcours, laisser les heures passer encore et toujours plus. Laisser le chemin continuer sans en voir le bout. Mais il ne désirait pas fatigué son champion. Non, lui était habitué à ce manque de sommeil. Les années lui avaient appris à s'opposer au sommeil. A ne nullement ressentir les effets du manque. A pouvoir laisser ses paupières ouvertes plus longtemps qu'il n'était conseillé. Mais il se moquait de la normalité. Il n'avait jamais vécu selon les critères des bonnes pensées, toujours en dehors, toujours à côté. Même maintenant, son comportement ne laissait en rien présagé un état d'esprit dit normal. Mais il n'en vivait pas plus mal. L'homme qui conduisait calmement. L'homme qui agissait comme si rien d'étrange ne se déroulait. Comme si l'homme qui se trouvait dans son coffre attaché n'était rien. Parce que c'est ce qu'il était pour lui. Jamais il n'accordait d'importance à une victime. Une personne dont la vie était déjà terminée. Une vie dont il n'avait que faire. Une vie qui ne lui apporterait rien. Il n'était pas important pour lui. Il ne le serait jamais. Etre attristé n'était pas pour lui. Les larmes ne s'accrochaient plus à son visage depuis tellement d'années, si longtemps qu'il ne s'en souvenait même plus. Son cœur n'était pas mort, simplement transformé, détruit, façonné à n'apprécier que certains êtres, à ne même pas regretter la mort d'autres. Des âmes qui ne reviendraient jamais le hanter. Il était ainsi, les mains se refermant sur une silhouette qui jamais plus ne serait en mesure de respirer.  Il aimait cette impression de devenir la mort elle-même. D'acquérir le droit de vie ou de mort sur autrui, sur ces gens qui ne se seraient jamais retourner vers lui dans d'autres circonstances. Il ne répondit rien le sauvageon quand il lui demanda quand ils arriveraient. Il ne lui répondrait jamais rien. Pas dans ces circonstances. Le silence était d'or en ce moment. L'homme continua de rouler pendant encore un petit moment, jusqu'à se diriger vers une épaisse forêt, vers une propriété privée. Une bicoque qui ne payait pas de mines, une vieille ferme accompagnée d'une immense grange. L'homme se gara devant l'immense grange, en douceur. « Attend moi devant la porte de la grange. »  Il ne fit rien de plus, se contenta de couper le contact avant de se diriger vers le coffre. L'homme n'était pas bâillonné mais cela ne servait à rien. Personne ne l'entendrait ici et puis attacher et privé de sa vue, rien ne pourrait se passer, rien de mal, pour lui, pour son petit prince favori. L'homme rentra à l'intérieur de la grange avant d'installer l'homme à l'endroit prévu à cet effet. Debout, l'homme était suspendu à un crochet. Incapable de bouger, incapable d'agir, en proie à son chasseur qui le laissait à son petit prince. Sans un autre regard vers sa victime, l'homme retourna à l'extérieur plongeant son regard dans celui de son meilleur atout, prêt à raconter tout ce qu'il avait en tête. « Aujourd'hui, Neveu, je vais t'apprendre la notion la plus importante. Une notion qui t'a manqué défaut depuis le début de notre voyage. Ne pas agir sans réfléchir. Tu es monté dans cette voiture sans nullement mettre en doute ma confiance. Un sentiment plus qu'honorifique mais qui aurait pu te porter préjudice. Et si j'avais enlevé ta mère ? Et si je te demandais de tuer ton père ? Tu serais pris sur le fait et incapable de refuser. » Il marqua une légère pause. La dévotion de son neveu ne le dérangeait nullement tant qu'elle était tournée vers lui mais si un autre le tentait, si un autre agissait et qu'ils se retrouvaient dans une situation difficile par la faute de cette erreur. « Et si c'était moi enfermé dans ce coffre ? Et si ton père décidait qu'il était temps de me tuer ? Qu'il me voyait comme une menace ? N'aurais-tu pas aimé le savoir avant d'arriver ici ? » Une simple leçon que le garçon avait besoin d'apprendre, du moins en partie. « Ton erreur a été de ne pas poser de questions Mattia. Il y a une différence entre le dévouement et la stupidité. »  Il n'était pas méchant, simplement réaliste. Il savait qu'un jour cette situation pouvait se produire et il tentait simplement de l'éviter, un peu, beaucoup, passionnément, jusqu'à la folie. « Les règles sont les suivantes, j'attends quelque chose de toi. Quelque chose en rapport avec l'inconnu attaché dans la grange. Mais tu n'as pas posé de questions alors je ne te donnerais pas de réponses. Dois-tu l'interroger ? Le tuer ? Est-il simplement un innocent qui a été amené ici pour te tester ? Personne ne le sait. Ou plutôt personne ne le dira. L'homme est à toi, fais-en bon usage. »  Il serait l'accompagnateur, l'œil qui observait sans jamais rien dire. L'ange de la mort qui attendait son heure. Parce que jamais personne ne repartait de la grange à moins d'être devenu un corps vidé de toute vie.
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Elio Conte

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MessageSujet: Re: hold on tight when murderers call + luciano    hold on tight when murderers call + luciano  EmptySam 5 Sep - 23:01



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Le homme avait enfoui au plus profond de lui-même la personne qu’il avait été. Cet être fragile toujours à la merci des personnes l’entourant. Ce gamin souriant bien trop ingénu pour son propre bien. Mattia avait dû creuser un trou afin d’à jamais enterrer cette personne qu’il n’était plus. Cette personne qu’il n’avait plus le luxe d’être. Cependant, malgré lui, des réminiscences de l’enfant qu’il était autrefois restaient accrochée à ses poings. Il pouvait les sentir s’agripper à ses phalanges, tenter de subsister sous la fange suintant de son cœur. Il lui arrivait d’être encore ingénu, trop peu réfléchi. A plusieurs reprises le Masaccio avait foncé tête baissé, recevant de ses ainées des reproches amers. Toutefois, comme un bon soldat, le brun apprenait ses leçons. Des leçons que ses proches avaient ancrées dans son cerveau à l’aide d’un fer rouge. Il sentait parfois encore cette brulure répugnante se raviver à sa mémoire alors que le garçon qu’il était jetait un regard embrumé sur l’homme qu’il était devenu. Peut-être était-ce la raison pour laquelle il aimait tant son oncle. Peut-être que le regard fier et exempt de jugement que lui jetait son ainé lui offrait un réconfort qu’il ne trouvait nulle part ailleurs. Peut-être qu’il s’accrochait à ce qu’il voyait dans le regard de Luciano, espérant un jour devenir l’homme existant dans le brun de ses yeux. Docile enfant, Mattia ne chercha même pas à s’enquérir de quel était le but du Conte. Il se contenta de l’équiper, trainant son dos courbé et ses yeux fatigués jusqu’à l’entrée de la grange. Malgré sa docilité, ce calme serein et ce silence avec lequel il exécutait les ordres de son ainé, il s’interrogeait sur le but de leur venue ici. Jamais le gamin n’aurait osé remettre en question les agissements de celui qui lui avait tout appris.  Ca ne l’empêchait pourtant pas de s’interroger, s’inquiéter de quelle nouvelle épreuve la vie allait lui faire don. Adossé au mur de la grange, le petit prince italien observa son oncle au travail. Il ne disait rien, ne prenait pas la peine de commenter ce spectacle qui était si courant dans leur profession si peu conventionnelle. Séquestrer un homme, lui arracher des aveux dont il ne se connaissait pas le détenteur, voila des choses que la mafia savait faire. Un art dans lequel les Masaccio étaient des maîtres. Plus que tuer, arriver à arracher les mots, prélever la vérité au cœur du mensonge, voila l’art ultime que se devait de maîtriser un bon mafieux. Tuer quelqu’un, ça n’avait pas de prix, ça n’apportait rien. Un homme mort, malgré la jouissance que sa fin pouvait produire, ne servait à rien. Un homme qui parle, un homme dont on a brisé la volonté et qui sert d’exemple, voilà ce qui était utile pour les gens comme eux. Mattia le savait. C’était surement pour cela qu’il pensait aussi ingénument qu’aujourd’hui n’allait être qu’une autre séance de torture, une autre chasse à la vérité à travers les ténèbres des mensonges dont on cherchait les gaver. Lorsque Luca sortit de la grange le pas lourd, son neveu se rendit compte à quel point il pouvait avoir tort. L’océan limpide de son regard devint trouble alors que Luciano entamait son monologue formateur. Même s’il le cachait bien, le brun ne pouvait nier le malaise qui lui nouait la gorge à l’idée de faire un jour face à sa mère sous la capuche. A l’idée de trouver des traits connus sur le visage du mort en devenir. Ouvrant la bouche à l’idée folle que son père puisse lui demander de tuer cet homme qui s’approchait plus d’une figure paternelle que même son propre géniteur ne l’avait été, il ne pouvait garder le silence. Néanmoins, plein de cette force calme et maîtresse dont savait faire preuve Luca, ce dernier n’eut aucun mal à appuyer la où ça faisait mal. Mettre le doigt juste où il fallait. « Ton erreur a été de ne pas poser de questions Mattia. Il y a une différence entre le dévouement et la stupidité. » Ebranlé dans ses fondations par cette simple remarque, l’homme aux allures de gamin hocha gravement la tête forcé de se rendre à l’évidence. Il aurait aimé nié. Il aurait aimé pouvoir dire qu’il n’éprouvait pas un dévouement stupide face à ce proche qu’il chérissait trop. Il aurait aimé pouvoir croire naïvement que son oncle n’avait pas raison. Mais il avait raison le Conte, il avait toujours raison malheureusement. Les yeux baissés, les poings serrés, Mattia continua d’écouter le sermon bienveillant que lui faisait la seule personne ayant cru en lui à toute occasion en dehors de sa propre mère. La seule personne en laquelle il croyait entièrement, même trop. « Comment est-ce que je vais pouvoir savoir si je dois le tuer ou non si tu ne dis rien ? » Ne put-il s’empêcher de souffler légèrement irrité à l’idée d’être ainsi manipulé entre les doigts de Luciano. Il acceptait que l’erreur était sienne, comprenait qu’il aurait dû réfléchir. Plongeant l’océan de ses yeux dans les prunelles sombres de son oncle, l’irritation sourde prête à se muer en colère mourut dans ses veines. Feu de paille qui ne manqua pas de s’éteindre sous le moindre souffle de vent. Les traits défaits par le soleil, la honte d’agir comme un enfant gâté face à cet homme qu’il cherchait à impressionner en permanence, le brun se contenta de courber l’échine face à celui qu’il considérait comme un supérieur. Une personne dont il n’arrivait pas à la cheville. Attendant humblement que Luca lui fasse signe d’entrer, une fois que ce dernier l’invita à accomplir son œuvre, le petit prince aux poings ensanglantés entama son office. Dans un silence de plomb, le Masaccia entra dans la grange avant de sortir son arme de son holster avec une ferveur religieuse. Déposant l’arme sur une botte de foin, il étendit son chapelet à côté de celle-ci avant de retirer sa veste en cuir. Habitué à la douleur, habitué à arracher les mots les plus précieusement gardé par les bouches les plus secrets, il savait comment l’attente pouvait être plus dure à supporter que la douleur. Comment l’appréhension mettait les nerfs à vif, comment la psyché humaine était la plus lourde source de torture dont on pouvait user. « Je m’appelle Mattia Masaccio et peu importe tes péchés, je vais t’aider à les absoudre. » Souffla le jeune homme en récupérant son chapelet entre ses doigts une fois qu’il eut fini de roulé les manches de sa chemise. Un léger sourire aux lèvres, il porta la croix de son chapelet aux lèvres de l’inconnu suspendu comme un malheureux bout de viande. Il savait que Luca l’observait, il savait que son oncle évaluait l’ampleur de la foi qu’il portait en lui et non au dieu que son neveu vénérait. Mattia savait que Luciano avait les mains de la faucheuse et le regard du triste. Le gamin avait beaucoup de certitudes. Des certitudes qui l’avaient menée jusqu’ici, des certitudes qui un jour le feront franchir cette limite tracée par l’homme dans son dos. Des certitudes qui le rendaient aveugles à la vérité du monde, la réalité de sa situation. Lorsque son poing droit vint faucher la victime au creux de son estomac, le brun ne frémit pas. Bien au contraire, le temps et l’expérience lui avait appris à se repaître de la douleur qu’il offrait. Comme un prédateur au cœur d’une chasse, le brun avait un sourire carnassier aux lèvres. Le sourire bestiale de celui qui se soucie peu de ramener sa proie en vie ou de lui tordre le cou. Le sourire de celui qui se nourrissait de la peur et du sang de ses inférieurs. « Tu sais ce que je crois ? Je crois qu’on a le choix. Le choix entre être la victime ou être le bourreau. Entre se trouver au sommet de la chaine alimentaire et resté en dessous à se faire écraser par ceux d’en haut. » Amant égaré de la nuit existant sous ses paupières, compagnon effronté de la douleur se répandant dans ses phalanges usées, Mattia espérait. Il espérait faire cracher le morceau à ce parfait inconnu. Il avait besoin de savoir, savoir ce que cet homme gardait coincé entre ses lèvres. Quels étaient ses secrets, pourquoi se trouvait-il là ? Le gamin avait besoin de savoir, besoin d’apprendre de ses erreurs, même s’il n’était pas prêt à avoir tort. Il ne voulait pas décevoir Luca, il ne voulait pas perdre la face devant ce dernier. Parce que seul dans les yeux de son oncle se trouvait l’image de ce qu’il aurait aimé être. Seul dans le regard troublé du Conte se trouvait  l’image de l’homme qu’il était prêt à devenir. Essuyant le sang s’écoulant de son poing endoloris, le Masaccio s’arrêta un instant pour observer son œuvre. Pas besoin de tous ces artifices dont faisait preuve son frère, aux yeux du petit dernier de la famille le travail des mains était bien plus noble. Se faire réceptacle de cette douleur qu’il offrait était sa manière à lui de ne faire qu’un avec son œuvre. Il s’agissait d’un moyen pour lui d’offrir une grandeur inégalable à son œuvre. De marquer de son empreinte chacune des personnes ayant eu le malheur de passer sous ses doigts. « Mon oncle veut quelque chose de toi. Que penses-tu que cela peut-être ? A voir l’endroit où nous sommes, j’imagine que ça ne veut rien dire de bon pour toi. » Comme s’il venait de recevoir un électrochoc, le morceau de viande en devenir pendu à son crochet se mit à se débattre frénétiquement malgré l’inanité d’une telle action. Il était beau cet homme brisé. Beau se mort en sursis. Il était beau avec ses joues violacées sous les tuméfactions. Beau sous le sang carmin qui s’écoulait allégrement de son arcade sourcilière et de ses narines. Mattia ne voyait que le sang. Que ce rouge s’infiltrant partout. Ce rouge synonyme de vie, ce rouge qu’il aimait à répandre, dont il se repaissait sans remord. [/color]
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