trying to escape (tiberio)

01. être le fils d'un criminel, t'as jamais trouvé ça excitant, amusant. T'as même trouvé ça écœurant, dégoûtant. Tu t'es forcé pour plaire à ton père, à ta famille. Parce que t'as cru que t'avais pas le choix. T'as obéi. Tu t'es sali les mains. Tu t'es perdu, quelque part en chemin. Toi qui pleurais devant le corps inanimé d'une hirondelle, t'as appris avec des paires de claques à rester stoïque devant les corps froids. A réprimer ton empathie. Mais ces derniers temps t'y arrives plus. T'arrives plus à te regarder dans le miroir sans avoir envie de le briser, de cracher dessus, de chialer. T'as juste envie de te retrouver, de t'assumer. Parce que faire semblant, c'est devenu trop fatigant. 02. ça t'a rendu nerveux, de mener cette vie. De tout refouler à l'intérieur. T'es devenu agressif, comme ta soeur. Un petit rien et tu pètes un doigt. Une contrariété et tu casses un tibia. Parce que c'est comme ça, que t'évacues ta frustration, et que tu fais respecter ton nom par la même occasion. Tu te calmes, toujours assez tôt pour ne pas aller trop loin. Tu files une tape dans le dos, et on n'en parle plus. Tu frappes, tu hurles, tu menaces, mais tu veilles à limiter les assassinats inutiles. La mort, tu l'évites au maximum. Ça fait quelques mois maintenant que tu participes à un groupe de parole pour apprendre à gérer ta colère, et que tu consultes un psychologue dans le plus grand secret. Faudrait pas que les hommes apprennent que t'es un faible qui va se livrer sur le divan. 03. ta sœur est un sujet épineux. Ce qu'elle éveille en toi n'est que contradictions. Tu la hais, mais tu l'aimes. Tu la hais d'avoir été choyée, épargnée, laissée en liberté. Tu l'envies, tu la jalouses. T'aurais aimé être la fille, la cadette, la préférée. Celle qui peut transgresser les règles sans conséquences, celle dont on n'attend rien, celle à qui on pardonne tout. Tu la hais d'être comme ça, alors qu'elle a le choix. D'aimer se perdre, se détruire, tout gâcher. A sa place t'aurais fait tellement mieux. T'as déjà pensé à te flinguer rien que pour la faire chier, qu'elle sache enfin ce que c'est d'avoir des responsabilités. Mais ta soeur elle est comme toi, quelque part. Une victime de votre famille. Tu reproches à ton père son laxisme, l'absence de règles que tu tentes de lui imposer sans succès. Sans ça, elle n'aurait jamais cru pouvoir tout faire. Sans ça, elle n'en serait pas là, à marcher sur le fil de la vie. A deux doigts de s'casser la gueule, de clamser le nez dans la poudre. T'as envie de la sauver. T'essaies de la protéger d'elle-même et tu flippes, parce qu'au fond sans elle les choses ne seraient plus les mêmes. Angela c'est une raison d'espérer. Une raison d'exister. 04. ta relation n'est que du vent. Une énorme farce que vous continuez de jouer par intérêt. Elle, parce que s'afficher aux bras du fils du boss permet de se faire bien voir, d'être propulsée en haut de l'échelle sans effort particulier. Toi parce que tes parents te foutent enfin la paix. Tu crois que t'as réussi à convaincre ton père que ton attirance avouée pour les hommes n'est qu'un vieux cauchemar oublié, une provocation à laquelle t'as renoncé. T'aurais jamais du te confier, jamais du prononcer son nom associé au mot "amour". On t'avait pourtant dit que tout était possible avec la force des sentiments, naïf petit garçon. Retrouvé noyé dans l'Arno quelques jours plus tard à cause de toi. Parce que c'est comme ça qu'on règle les problèmes, dans la famille. 05. t'as décidé de collaborer avec la police pour mettre un terme à la dynastie des Allori. Définitivement. Devenir un traître, risquer ta vie. De toute façon, c'est ce que tu fais quotidiennement. T'aurais pu juste te barrer. Fuir. Mais t'as pas envie de regarder constamment derrière ton épaule. Tu sais que ton père te laisserait pas t'en aller, juste comme ça. Et puis quelque part, t'as envie de te venger. De lui faire mal. De le faire morfler. Lui montrer à quel point il s'est planté avec toi. 06. t'as entendu dans les couloirs, les rumeurs qui courent à ton sujet. Que si t'es différent, c'est parce que t'es pas de son sang. Celui de ton père, celui du patron. T'y as pas apporté plus de crédit que ça, jusqu'au jour où t'as voulu une raison de changer. De ne plus être cette merde qui gangrène la société, ce mec aux nerfs de papier capable de crever les yeux d'un témoin malchanceux. De ne pas devenir tout ce que tu détestes chez ton père, ce type capable de buter un gamin de vingt-ans pour ne pas que son fils soit pédé. Alors t'as fait ce putain de test et tu sais maintenant qu'Adamo n'est pas ton père. T'as chialé. De colère. De joie aussi. T'es soulagé finalement, de pouvoir justifier ta trahison. Peut-être qu'après tout, y'a un espoir pour toi. 06. t'as eu un don, pour le piano. A une époque, tu caressais l'idée de faire carrière. Quand t'étais jeune et con. Quand tu pensais que ton père te laisserait t'échapper des griffes de la mafia pour tracer ta route. Par amour pour toi. La bonne blague. Ton garde du corps s'est fait sèchement buter sur le retour du lycée et quatre types encagoulés t'ont pété la main à plusieurs endroits. T'as essayé de te convaincre pendant des années d'une triste coïncidence. Aujourd'hui, t'es persuadé que si t'es incapable de jouer du piano comme autrefois, c'est parce que ton père a donné l'ordre de bousiller tes rêves d'adolescent. Tu te demandes même si les hommes qu'il a fait égorger pour te venger n'ont été que des pauvres gars pris au hasard, ou s'il a poussé le vice jusqu'à s'en prendre à ceux que ses hommes de main avaient engagés. Tu joues toujours, tu divertis pendant les réceptions et tu fais chialer les épouses à chaque fois, mais c'est rien comparé à ce que t'aurais pu faire. Ce que t'aurais pu être. 07. t'as ce pressentiment, cette sale idée qui s'accroche à toi et dont t'arrives pas à te débarrasser, que tu crèveras jeune.  Une mort violente, brutale, inattendue. Battu à mort, éviscéré, brûlé vif. Un truc qui fait mal, un truc que tu sentiras passer. Tu pensais l'avoir acceptée, cette fatalité. Mais maintenant, t'entrevois une lumière qui danse au bout du tunnel. Une sournoise lueur qui fait renaître l'espoir. Mais ce putain de tunnel, il est obscur et long. Très long. Et surtout, beaucoup plus périlleux que tous ceux que t'as déjà traversés. Si y'a bien un endroit où tu dois crever, c'est là. Avant d'avoir réussi à rejoindre la clarté. 08. pour toi, les enfants sont intouchables. Ils te rappellent sans doute ce que t'aurais voulu rester, ce que t'aurais du défendre. L'innocence. Une infinité de possibilités. Les enfants sont encore une pierre précieuse à l'état brut, indéterminée. Ils peuvent changer. Il peuvent se racheter. Il peuvent chuter. Avec eux, t'as comme l'impression d'avoir une seconde chance d'exister. T'aurais sans doute fait un bon père, mais t'es heureux de savoir que tu n'engendreras jamais. 09. t'as toujours donné et participé aux œuvres de charité. Pour revêtir votre famille d'une image positive et blanchir une partie de vos revenus illégaux, poudre aux yeux du public et des tabloïds qui voudraient s'y attarder. Dans l'esprit de tous, les Allori sont généreux, disponibles et humains. 10. l'eau t'effraie. L'eau te tétanise. Ce que personne ne sait en dehors de quelques élus, c'est que tu n'as jamais appris à nager. Pour te crever, suffit de te balancer dans une cuve où t'as pas pied et te regarder lutter. L'ironie pour un gérant d'une entreprise de transport maritime.

▲  INTITULE DU LIEN : une idée précise de ce que vous voudrez jouer. Donner des pistes au joueur qui vous demande un lien peu être utile et agréable donc n'hésitez pas.

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